Complaintes Océanes

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Endeuillée est la mer, écoute son lamento ; il épouse les larmes de l'infante accablée. Cruelle fatalité finissant ses radieuses années ; pauvre âme aliénée ; afligée d'ondes pâles.

Joliesse suppliante, étreinte de vents glacés, elle vacille en son être délié. Négligente, l'or de sa chevelure ondoie sur l'argent des volutes. Ainsi, dévalent d'opalescents galets sous ses pas incertains. Son regard éperdu, iris lactescents dilués d'eau salée, diaprés d'indécision, cherche sa destinée.

Va-t-elle s'acheminer vers tous ces naufragés, se réunir aux siens, aimés et disparus ? S'immerger dans l'écume des tempêtes à venir ? Se laisser engloutir par les gouffres abyssaux ? Que de fervents désirs.

Face aux vagues nacrées qui se brisent sur les pierres, tel son cœur solitaire, elle prie avec ardeur. Poignantes psalmodies conjurant les démiurges de déchirer l'éther de leurs ires enflammées.

Hélas, c'est le silence !

Le firmament persiste, car il n'est que velours, piqueté d'infini et d'astres munificents. Séléné s'y empourpre ; elle diapre de rubescence la svelte jouvencelle. La voilà à présent inondée de cruor ; elle erre sur la grève, son esprit lacéré.

Aux pleurs de la sylphide se mêle le ressac. Il la berce, elle écoute et elle clôt son regard. Mais ne connait-elle pas cette comptine qui l'attire ? Elle redevient fillette, en son berceau voilé, entourée de douceur.

Elle fredonne à mi-voix le refrain enfantin. Il bruisse dans son esprit. Elle l'avait oublié, le voilà ressaisi.

Murmure…

Nous serons réunis, viens.

Bienveillance…

De toi, je me languis, lui aussi.

La peine se délite ; son cœur n'est plus que liesse. Enchantée, elle se vêt de reflux suavé. Transie, cernée de brume, parée de perles froides, la belle fredonne. La Lune, carminée, irise, orne l'offrande. C'est une immolation à la mère océane. Béate, la sacrifiée perd pied. Nimbée d'aura glacée, elle s'enlace de limbes. Ses ultimes secondes, par l'aria égrenée, elle les entend chanter.

Ô sommeil éternel, soyeux apaisement, endors-toi dans mes bras, douce Eliza.

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