Héritage

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Je n'avais jamais su que l'amour pouvait faire mal, qu'il impliquait des choix difficiles, jusqu'à ce jour...

Je suis Ashton, 18 ans, en classe de Terminale. Comme toujours, je suis entrain de me saouler comme un trou et ça en plein milieu de semaine avec de l'argent que je n'ai pas travaillé, celui de mon père.

02h47. Le barman me jette dehors parce que j'ai perdu mon portefeuille. Il sait que je viendrais payer, c'est juste que je l'emmerde un peu depuis un mois que je me pointe.

Je le sais parce qu'en me jetant dehors, il a dit

« C'est à 2h47 que tu me dis que t'as perdu ton portefeuille ?! Là tu commences vraiment à m'faire chier ! Fous le camp de mon bar et t'as intérêt à avoir mon argent avant de te pointer demain ! »

Je me relève non sans retomber tout seul avant d'entrer dans ma voiture. Parait qu'on doit pas conduire saoul mais c'est pas la première fois et jusqu'ici y'a pas mort d'homme. Je suis parmi les rares camerounais de 18 balles à avoir une voiture et laquelle ? Une coupé-cabriolet ! Je vais pas gâcher ça pour 2-3 verres... Bon d'accord ! P't-être bien que j'me suis enfilé 10 chottes de bière et deux bouteilles de whisky entières mais je vous assure que je suis en état de conduire !!! Vraiment! Croyez-moi !

Je prends la route. Depuis un mois que je fais le trajet depuis bonabéri jusque bonapriso, je maitrise la route même la tête à l'envers les yeux fermés malgré sa longueur.

A cette heure en semaine, la route est plus que libre. Je ne me rends pas compte que je file de plus en plus, proportionnellement à la douleur qui ne s'éteint pas avec l'ivresse.

A un moment donné, je m'adosse sur le volant pour reposer mon pauvre corps. Au moment où je lève la tête, je vois une ombre et le temps que je freine... POK...

Quoi ? Pok ? C'est ça le son q'ça fait un corps heurté par une voiture ou c'est mon cerveau embrumé qui déraille ? Merde mais qu'est-ce que je raconte ? JE VIENS DE BUTER UN MEC !!!

-Merde, merde, merde... dis-je en descendant de la voiture.

Un corps est allongé à quelques mètres de ma voiture. Je mets alors les mains sur la tête. Mais c'est pas possible ! Non mais quelle idée aussi de se balader sur un pont à 3h du mat' ! Merde ! Je commence à tourner en rond. Je dois l'aider. Je dois l'aider. Je dois l'ai... C'est des phares que je vois arriver ou bien ?

Je m'excuse très fort dans ma tête en remontant dans ma voiture en vitesse. J'ai aucune envie de me retrouver en tôle !.

Je démarre et décide alors d'esquiver le corps inerte par la droite. Je vous jure que l'alcool est fini en moi à ce moment-là ! Juré-cra... PRAK.

Mais qu'est-ce que c'est encore que ça ? Je freine et passe la tête par ma fenêtre avant de la ramener en vitesse à l'intérieur.

-Ah le con ! Le con !

J'ai roulé sur le crâne de l'homme d'autrui ! Bon d'accord ! Je suis clairement pas sobre mais mon état s'est drôlement amélioré, je vous le dis !

Me voilà donc qui redémarre à toute allure, les phares au loin devenant de moins en moins lointains.

03h33. Je suis déjà à la maison. Je le sais grâce à ma mère qui m'a dit

« Je peux savoir pourquoi tu n'es plus à la maison avant minuit ? En pleine semaine en plus ! Eh Seigneur ! Il est 3h33 ! Eh Dieu si je touche l'enfant-ci on va dire que je suis méchante ! C'est ton père qui va te gérer ! »

A la base, elle dormait sur le canapé au salon. Mais à force d'aller-retour entre la buanderie et le garage pour laver ma voiture à la javel, elle a bien fini par se réveiller. Encore heureux que mon père travaille à l'étranger et sois jamais là sinon je vous dis pas la galère. Il a beau pas être souvent là, on la sent passer sa présence c'est moi qui vous le dit !

Me voilà obligé de monter dans ma chambre sans même être sûr d'avoir retiré toute trace de sang. Et je vous dis même pas la galère pour faire disparaitre l'énorme bosse sur le pare-choc !

J'entre dans ma chambre et je balance mon sac sur le lit. Il est ouvert et mes affaires tombent. Comme si j'en avais besoin !

Je ramasse tout et vois alors un livre noir qui m'est inconnu. Dessus est scotché grossièrement un bout de papier sur lequel il est écrit

« PROPRIETE DE DOUGLAS KAINNENG »

C'est qui ce mec ? Je le connais pas ! C'est possible que le choc ai propulsé le cahier du mec que j'ai tué dans mon sac ? ...

...

... N'importe quoi ! Je délire ! Mais j'arrive pas à décoller mon regard de ce mot. Je l'arrache et le lis une éternité. Et si c'était ce mec qui commençait à me hanter ? D'abord son livre, et demain son âme me rendrait visite ? Non... Non je déraille!

C'est alors que je lis ce qui est écris sur le livre, à l'endroit où était le bout de papier.

« Life's Note »

Non mais je rêve ? C'est un signe de Dieu, c'est ça ? Bordel, le karma existe pour vrai ! Ou alors...

Je me dis que soit c'est une blague, soit y'a un monsieur là haut qui me donne une dernière chance...

Je fonce alors sur mon sac. Pas de stylo. Il est à terre. Je le ramasse et ouvre brusquement le livre au milieu, griffonnant dedans à même le lit.

"Douglas Kainneng"

Rien. Que dalle. Niet.

Rien ne se passe.

Je regarde mon écriture et me dis que y'a pas de raison pour avoir une écriture aussi pourrave.

C'est alors que le vent se met alors à souffler dans ma chambre fermée de partout. Le vent se concentre face à moi, dégageant tout autour. Mes papiers et mes habits qui trainent un peu partout voltigent en désordre.

Une lueur sombre se débat pour s'échapper du mini-tourbillon qui s'est tapé l'incruste dans ma chambre.

Et je me dis que ce serait une bonne idée de crier alors que le vent se fait plus solide et prend forme.

C'est un homme qui bientôt se dresse devant moi et pas n'importe lequel.

Le mec que j'ai tué est là, devant moi. Il n'est plus défiguré, plus ensanglanté, rien.

Il a d'abord l'air perdu. Ses yeux font le tour de ma chambre avant de se poser sur le livre.

Il sourit alors avant de me regarder et là, son sourire s'efface.

Il a l'air en colère. Très en colère. Il dégaine alors un canif et tout ce que je trouve à penser c'est

« C'est permis ça en enfer ? »

-Espèce de p'tit enfoiré, dit-il. Viens-là !

Il fonce alors sur moi tel un chien enragé.

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