Véronique avec un petit h : jusqu'aux étoiles (enfin presque)

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Robert s’adresse à ses troupes :

  • Bon, alors comme on avait dit, on oublie cette histoire de fil et on vise les étoiles, ok ?
  • Les étoiles, vous êtes sûr ? Ca fait loin quand même...
  • C’est une image, on quitte l’atmosphère au moins.
  • Sans vouloir faire mon chieur, l’atmosphère, c’est quand même « épais »… L’exosphère, dernière coupe de l’atmosphère, c’est entre 700 et 190000 km. On va aller au-delà ?
  • Oh putain, vous avez décidé de m'emmerder aujourd’hui aussi ?
  • Non, mais faut être précis chef… On est des scientifiques et on aime la précision.
  • Ok, alors disons entre 50 et 100 km de hauteur, ce sera déjà pas mal
  • Donc la mésosphère ou la thermosphère ?
  • Eh pas la peine de nous en mettre plein la vue avec tes termes à la con !
  • Oui, on s’en fout, on veut juste qu’elle décolle !
  • Et qu’elle monte à plus de 180 mètres cette fois-ci...

Robert commença à devenir tout rouge. La tension monte, il allait craquer. C’est pas facile toujours de diriger une équipe de scientifiques avec l’égo surdimensionné, parfois aussi une très grosse mauvaise foi et un humour pourri.

  • Bon, arrêtez vos gamineries ! On va la faire voler cette putain de fusée et elle ira au moins à 50 km de haut, point !
  • CHEF OUI CHEF ! (À chaque fois, ça fait drôle, mais il finirait bien par s’y habituer, le Robert).

Quelque part dans l’année 1958, avec moult péripéties, on s’apprête à lancer la première fusée Véronique N (N pour « normale » la fusée standard quoi…). Objectif affiché, dépasser la limite de la stratosphère (plus de 50 km)

  • T’es prêt, Paulo ?
  • Moi, chuis toujours prêt, généralement c’est vous autres qui ne l’êtes pas.
  • Nous on est prêts aussi.
  • Pas de ministre à attendre cette fois-ci, Robert ?
  • Non, non, Paulo, c’est quand tu veux.
  • Bon, si ça ne vous dérange pas, je vais me fumer une clope et on fera ça après…
  • Comme tu veux, Paulo, on a toute la journée, faut juste qu’on fasse ça avant le coucher du soleil, mais on a le temps, il n’est que 10h du matin…

On n’y pouvait rien, c’était lui, Paulo, le responsable du fameux bouton déclenchement. Et en plus, il était costaud, le Paulo, personne n’aurait voulu lui disputer cette prérogative.

Quinze bonnes minutes plus tard (il y avait un petit vent qui avait rendu l’allumage de la cigarette un peu laborieux. C’est ça la réalité du monde scientifique aussi) :

  • Bon, on y va, dit Paulo en se rendant dans la casemate où se trouvait ce fameux bouton.

D’un geste sûr et précis, il enclencha l’allumage de la fusée. Celle-ci fit plein de fumée, un bruit énorme, une grosse flamme à la base et commença à s’élever lentement dans le ciel algérien. Puis l’ascension s’accéléra, jusqu’à finalement ne plus voir que la flamme du combustible en train de se consumer.

Cette fusée, Véronique N, s’éleva jusqu’à 65 km : Elle était sortie de la stratosphère ! Pour la première fois, la France était devenue extra-stratosphérique, même. Allez, soyons fous, on pouvait même parler d’une France mésosphérique !

Quelques heures plus tard, Robert appela Paris :

  • Allô, Monsieur C-D ? (toujours ce fameux anonymat qui est respecté)
  • Oui, lui-même, qui est-ce ?
  • C’est Robert, de Véronique
  • Robert ou Véronique ? Je ne comprends rien…
  • Robert, du projet de fusée Véronique
  • Ah oui, alors quelles nouvelles ?
  • Nous sommes enfin mésosphériques !
  • Pardon ?
  • Euh oui, excusez-moi, Véronique a dépassé la stratosphère et a fait une incursion dans la mésosphère !
  • Et c’est bien ça ?
  • Oui, on ne l‘avait jamais fait encore. On est en bonne voie pour arriver à l’altitude nécessaire pour lancer un satellite.
  • Bien, très bien…Toutes mes félicitations pour vous et votre équipe, je vais en informer le Général de ce pas. Merci Robert !

Dans le bureau du Général quelques instants plus tard :

  • Mon Général, ça y est, nous avons quitté la stratosphère ?
  • Enfin, mon petit C… Reprenez-vous, qu’est-ce que vous racontez ? Vous êtes dans les étoiles ?
  • Pas moi, mon Général, Véronique y est presque ?
  • Mais bon sang, calmez-vous et expliquez-moi !
  • Vous vous souvenez de notre fusée Véronique ?
  • Oui, bien sûr !
  • Et bien ils viennent de faire un tir ce matin, et elle a quitté la stratosphère ! Nous sommes mésosphériques, mon Général, la France est mésosphérique !

Il avait bien retenu la leçon, le bougre et il essayait d’en mettre plein la vue de son idole avec des termes scientifiques.

  • Et c‘est bien ça ? (C'est marrant, C-D avait posé exactement la même question à Robert quelques minutes plus tôt).
  • Oui, ça veut dire qu’on n’est plus très loin de l’altitude nécessaire pour lancer un satellite.
  • Ah, je vois, c'est plus clair dit comme ça... Excellente nouvelle en effet, merci mon petit C… (visiblement pas épaté par le pseudo enthousiasme scientifique de C-D...)

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