Véronique avec un petit h : Véronique AGI

4 minutes de lecture

C’était quoi AGI ? C’était en fait l’Année Géophysique Internationale. Bon, c’est un peu plus qu’une année puisque c’était entre juillet 1957 et décembre 1958. Des fois, les scientifiques prennent de ces libertés avec les concepts... mais passons…

À l’occasion de cette année géophysique (de 18 mois, rappelons-le quand même…), les Etats-Unis et l’URSS avaient annoncé, dès 1955 qu’ils lanceraient un satellite artificiel.

Aux USA, c’est finalement un des projets les moins aboutis, mais totalement civil (le programme Vanguard), qui est choisi pour lancer ce satellite aux couleurs du drapeau étoilé. Eisenhower voulait montrer au monde que la conquête spatiale n’était pas l’affaire des militaires (pourtant, c’était un ancien général, mais bon… un des mystères de l’histoire avec un grand H sans doute...).

Mais, car il y a un mais, le programme Vanguard a été globalement un échec cuisant pour les USA. Imaginez donc : 9 échecs sur 12 tirs.

Ce qui fait que l’URSS a coiffé au poteau les USA avec le lancement du fameux Spoutnik avec le fameux « bip bip » de l’espace suite au lancement le 18 octobre 1957. Non contents de lancer des « bip-bips », les Russes ont réitéré l’exploit dès le 3 novembre de la même année en lançant un chien (une chienne en fait, nommée Laïka, premier être vivant dans l’espace).

Les américains étaient verts…. Et le Général aux anges :

  • Vous avez vu, C…, ils se sont fait niquer les ricains ! (Il ne les aimait vraiment pas… Yalta lui était vraiment resté en travers de la gorge)
  • Oui, mon Général, ils sont forts ces Russes…
  • D’abord un bête satellite et maintenant un chien... La vie est belle parfois, mon petit C…
  • Oui, mon Général
  • Et nous, on va faire quoi ?
  • On devrait faire quelque chose qui marquera les mémoires, mon Général.
  • Oh, dites-m’ en plus, C… Je suis impatient de le savoir !
  • Je n’ai rien compris à ce qu’ils allaient faire, mon Général, mais ils m’ont garanti que ça serait beau !
  • Alors, si c’est beau, ce sera bien. Il faut penser aussi au rayonnement culturel de la France. Nous sommes le pays du beau aussi, n’est-ce pas mon petit C… En plus, Malraux sera content et il arrêtera de me parler de Jean Moulin… « Entre ici, Jean Moulin... » j’en peux plus de ces conneries !

Et puis, ça a joyeusement merdé à Hammaguir. Tout d’abord, Paulo s’est cassé le bras, le droit, celui au bout duquel il avait le doigt qui appuyait si bien sur le bouton : 3 mois de retard. Il n’était pas question que qui que ce soit d’autre appuie sur ce fameux bouton. De toute façon, il couchait devant la casemate de lancement pour en être sûr. Et puis, Paulo, il était costaud, même avec un bras dans le plâtre alors personne n’a essayé d’aller plus vite que sa musique à lui.

Une fois Paulo rétabli, on s’est aperçu que le stock d’essence de térébenthine avait disparu. Ah oui, je ne vous ai pas dit : cette fois-ci le carburant, c’était un mélange acide nitrique–essence de térébenthine. Durant l’indisponibilité de Paulo, pour que le moral des troupes reste au beau fixe, l’adjoint de Robert avait décidé de tous les initier à la peinture, dans le désert. À la peinture à l’huile, bien sûr (Et comme chacun sait, la peinture à l’hawaïle, c’est bien plus diffici-hawaïle que la peinture à l’eau… désolé, je m’emporte encore, désolé Bobby).

Bref, il a fallu en faire revenir de France et ça a été très long. Résultat, pas moyen de lancer cette fameuse fusée Véronique AGI avant 1959. Alors que l’année géophysique internationale était terminée depuis le 31 décembre 1958. Le Général était dans une fureur noire ! Et pendant ce temps, là, l’équipe de Robert continuait tranquillement les préparatifs, certain du résultat de leur lancement. Il laissait hurler C… quand il l’avait au téléphone et allait fumer avec Paulo.

Et puis le jour « J » arriva, ainsi que l’heure « h », la minute « m » et puis la seconde « s », celle où le doigt de Paulo appuya sur le bouton déclenchement. La fusée décolla parfaitement ce 7 mars 1959 à 19 heures 34 et puis à 35 km d’altitude, panne de moteur. C’est la catastrophe. L’altitude n’est pas suffisante pour ce qui était prévu.

Tout le monde se remit au boulot, les stocks de carburant étaient au maximum et il y avait une autre fusée prête à être lancée. Durant les 48 heures qui ont suivi le lancement raté, personne n’a fermé l’œil. La base d’Hammaguir était une vraie fourmilière, une ruche avec une activité constante. Finalement, tout a été prêt le lundi 9. Malheureusement, un vent de sable se lève remettant en cause l’expérience. Personne n’aurait rien vu. Caramba, encore raté ! comme disait Ramon…

Le Général se demandait s’il ne devenait pas ridicule et si Véronique n’était pas maudite… Et Robert n’a pas décroché le téléphone durant ces 48 heures éprouvantes. Il valait mieux, le Général était en furie…

Le lendemain, pas de vent de sable, temps beau et chaud (bon, en même temps, c’est le Sahara, donc il y fait rarement froid et humide) et donc, à 19h38, Paulo fit son œuvre une nouvelle fois et là, tout se passa sans encombre. La fusée décolla, monta dans la haute atmosphère et un magnifique nuage d’or qui illumina tout le Sahara. Ce nuage de sodium, quasiment en forme de clé de sol (Malraux allait être heureux… et du coup, le Général aussi) avait été visible de toute l’Algérie et même du sud de la France.

Tous ceux qui ont participé à cette expérience en sont restés émus à vie. Même Paulo a versé sa petite larme… Si, si, même Robert l’a vu. Mais il s’est bien gardé de le faire remarquer…

Il a même eu droit à un appel direct du Général, Robert. Ce coup-là, il avait décroché et il avait bien fait. Il allait recevoir la légion d’honneur, l’ordre national du mérite et les palmes académiques (il ne manquait plus que le mérite agricole, mais là, malgré des recherches, le Général n’avait pas réussi à trouver une raison valable).

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Fred Larsen ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0