Gerboise avec un petit h : Stockholm

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  • Ecoutez monsieur le Président du conseil, Zoé sera civile ou ne sera pas !
  • Mais enfin, Monsieur Joliot-Curie, la France a besoin de prouver sa puissance et sa force au monde entier, nous aussi nous devons avoir la bombe !
  • La bombe mon cul, comme dirait ma femme ! Ma Zoé est là pour faire de la chaleur, de l’électricité à la rigueur mais pas de morts et ne servira pas à montrer que votre bite ou celle du Général est plus grande que celle de Trumann ou Staline !
  • Enfin, Monsieur Joliot-Curie, vous savez à qui vous parlez ?
  • Oui, à un président du conseil avec une petite bite, voilà tout ! Puisque c’est comme ça, je pars en vacances à Stockholm !
  • Faites attention, Joliot-Curie, votre renomée, et votre prix Nobel ne vous sauveront pas si vous fricotez de trop près avec les Cocos...
  • M’en fous Monsieur le Président du conseil, même si vous me virez, les royalties de mes trois brevets sur le nucléaire me permettront de vivre à l’abri du besoin pendant longtemps, avec ma femme et mes enfants !
  • N’oubliez pas qu’il y en a un qui est classé « secret défense »
  • Je le sais bien, c’est Daladier qui a préféré le planquer pour le donner à l’Allemagne (bon, il ne l’a pas fait sinon, Londres aurait été comme Hiroshima) et n’oubliez pas aussi que c’est moi qui ai permis à la France d’avoir des filières sécurisées d’approvisionnement en eau lourde et en uranium.
  • Je sais tout cela Joliot, mais ne poussez pas le bouchon trop loin (Maurice, tu pousses le bouchon un peu trop loin, comme il disait). Partez en Suède, reposez-vous, abusez d’aquavit si vous voulez et revenez dans de meilleures dispositions ! Bonnes vacances, Joliot !

Et Joliot-Curie partit avec femme enfants et bagages pour passer un bon mois de vacances en Scandinavie, histoire de se changer les idées. On était le 5 mars 1950.

Sur place, une quinzaine de jours plus tard, il a retrouvé des potes à lui (Duke Ellington, Chostakovitch, Aragon, Picasso, Robert Lamoureux, Gérard Philippe, Yves Montand, Maurice Chevalier, Simone Signoret, Edith Piaf et même – incroyable -un certain Jacques Chirac… Sacré brochette, non ?) tous plus ou moins affiliés au parti communiste français avec qui il avait créé le Mouvement mondial des partisans de la paix. De la capitale suédoise, avec d’autres ils ont lancé ce fameux « Appel de Stockholm ». Cet appel exigeait l’interdiction absolue de l’arme atomique. On a vu par la suite ce qu’il est advenu de cette demande d’interdiction avec l’escalade qui s’en est suivie.

Toutefois, en 1950, cet appel a eu un véritable retentissement puisqu’il a recueilli 15 millions de signatures, rien qu’en France (d’après les manifestants et seulement 10 millions d’après la police). Ce mouvement revendiquait également 500 millions de signataires dans le monde (chiffre vraisemblablement un peu gonflé du fait que les pays du bloc de l’Est comptaient systématiquement toute leur population comme signataires.

Il n’empêche que le retour de Joliot-Curie à Paris ne se passa pas bien :

  • Je vous vire Jolio-Curie !
  • M’en fous je démissionne !
  • Non, je vous vire avant !
  • Vous ne pouvez pas puisque j’ai démissionné
  • Non, je vous ai viré avant !
  • Bon ok (la politique a toujours le dernier mot.. enfin, avait... ), et vous allez mettre qui à ma place ?
  • Francis Perrin.
  • Oh non, quand même pas un comique pour diriger le CEA?
  • Mais non espèce d’andouille, le comique, il n’a que 3 ans, l’autre, le Francis Perrin qui est déjà au CEA
  • Au temps pour moi, Monsieur le Président du Conseil
  • Allez, foutez-moi le camp Joliot et ne venez plus me faire chier

À la mort de sa femme Irène, il reprend sa place à la chaire de physique nucléaire de la faculté des sciences de Paris ainsi que la présidence de l’Institut de Radium, tout en conservant sa place au Collège de France (un ptit cumulard en fait…). Il meurt le 14 août 1958. Des obsèques nationales, comme deux ans auparavant pour Irène, ont été décrétées par le général de Gaulle ; son corps repose auprès de celui de sa femme au cimetière de Sceaux.

La nuit leur tombe luit. C’est pas grave, c’est la radioactivité et pas leur fantôme… À moins qu'ils ne soient tous les deux en train de jouer à chimie 2000 radioactive dans leur tombe ?

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