Chapitre VI -La croisée des chemins

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Le voile sombre de la nuit avait étouffé au loin les lumières de la capitale. L'air de plus en plus froid s'engouffrait entre les mailles de la cape de laine de Yuki, dont la capuche était rabattue sur sa tête, emmitouflée dans un poncho, le nez bien caché sous son épaisse écharpe aubergine.

La jeune femme souffla sur ses doigts, rougis à cause du froid, expirant un léger nuage de vapeur. Les trois Dames luisaient direction Nord, devant eux. La seule lumière de ces trois lunes éclairait maintenant la lande des tourbières, flanquées sur le plateau graniteux situé du côté septentrional de la capitale. La flore rase résistante à toutes intempéries se constituait de graminées et de bruyères, parsemée par des bosquets de connifères. Les sabots de leurs montures s'enfonçaient dans ce sol spongieux, marécageux à certains endroits, dans un bruit de succion peu plaisant aux oreilles.

Ils slalomèrent sur ce plateau durant la nuit entière, le but était de quitter l'agglomération et sa cuvette fortement habitée le plus discrètement possible. D'où l'emprunt du plateau de tourbières, peu peuplé en raison de l'instabilité du sol pour les constructions et les récoltes. Seules quelques fermes isolées réussissaient à survire, en grande partie de l'élevage de volailles et de l'extraction de la précieuse terre si riche, dont se servent les hommes pour engraisser leurs terres trop pauvres et font brûler pour nourrir leurs monstres rugissant de métal dans les usines.

Le soleil pointa de timides rayons vers l'est, alors que Loreleï, Sidh et Lug n'avaient toujours pas disparu sous l'horizon. La lande maintenant plus marécageuse fut teintée d'une lumière peiche, or et rosée. Les cannes des roseaux ondulaient au fil de la brise humide matinale. Les rayons de l'astre de feu finirent par venir lécher le dos de nos trois compagnons, avançant prudemment dans les graminées en ras de sol, craignant les trous d'eau. Le chant des passeraux et des grenouilles vinrent accompagner leur long périple.

Ce fut vers midi qu'ils arrivèrent au bout de cet interminable plateau, qui laissait maintenant place à une vaste lande plus sèche, parcourue par une plus grande variété de plantes et de feuillus. Les ginkos perdaient leurs dernières feuilles, leurs fruits infestant l'air d'une odeur d'oeuf pourri à leurs pieds. Des écureuils couraient sur les séquoias aux proportions vertigineuses, de petits cervidés s'enfuyaient à leur arrivée.

Ils décidèrent ainsi de faire une halte pour manger, au pied d'un arbre pétrifié par la foudre.

Shirô mit pied à terre en premier, étirant son imposant corps endolori par plus de vingt heures de chevauchée. Yuki s'affairait à allumer un feu en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, Hotsuki préparait de l'eau pour le café.

- Où vas-tu ? S'étonna la jeune femme en voyant le colosse monter un arc de chasse léger.

- Chasser.

- Tu as raison, le porridge n'en sera que meilleur. Lançait 'Tsuki en remuant dans une gamelle au dessus du feu de l'eau à bouillir, et avait ramené un sac de toile contenant de l'avoine, du blé, de l'orge.

La saison s'y prêtant, Yuki proposa d'aller à la recherche de quelques châtaignes, baies sauvages et champignons, ne trouvant rien de mieux à faire pour tuer le temps.

Au fil de ses années au sein de la Rose des Vents, elle avait apprit à reconnaître les plantes et s'aider de la nature pour subsister. Même seul et sans arme, il n'est pas bien difficile dde se nourrir dans des landes aussi riches et sauvages. Elle et le colosse partirent sans bruit dans la même direction. S'enffonçant dans les bosquets d'aubépine et de pruniers sauvages, les deux aventuriers avançaient prudemment à travers la mousse et les branches denses de la végétation.

La jeune femme perdit bien vite la trace de son compagnon, qui avair rabattu entièrement sur lui l'épaisse peau de yack puante qui ne le quittait jamais. " C'est pour que les animaux ne repèrent pas mon odeur " lui avait il dit quand celle ci lui avait posé la question. Il ne s'était pas étendu dur le sujet, comme toujours. Mais Yuki soupçonnait aussi une valeur au moins sentimentale à cette vieille loque verrollée. Pas même les traqueurs, aussi crasseux fussent ils et arriérés, ne gardaient pas de telles peaux pour leurs chiens.

La pyromancienne s'enffonça un peu plus dans la forêt, oubliant bien vite qu'une créature pire qu'on worg chassait en ce moment dans le bosquet. Elle revint une heure plus tard, un sac de toile chargé de châtaignes, de mûres et de bollets.

Sans surprise, Shirô était déjà revenu, et venait tout juste de commencer à dépesser un magnifique lièvre. Elle l'avait déjà vu faire durant les quelques jours où ils avaient voyagé tous trois vers Saryn. Il était indéniablement un minstre à la chasse, comme au corps à corps, au pistage, et ceatera.

Jamais ils n'eurent mangé un gruau aussi bon. Etait-ce seulement l'épuisement et la faim qui le rendait si réconfortant, où était il vraiment délicieux ? Cela ne leur importait guerre. Hotsuki, les joues rougies par la fumée de son bol rempi à ras le bord, soufflait sur celle ci, une expression joyeuse sur le visage. Tout compte étant qu'un café bien chaud après cette apétissante ripaille ne fut pas des plus mal accueilli.

Yuki ressera son écharpe autour de son nez et de ses oreilles, réchauffant ses doigts gelés contre la tasse de feraille brûlante. Son compagnon, enthousiaste, avait servi une grande tasse du liquide fumant à Shirô, qui la sirotait tranquillement en regardant les chevaux paisser les maigres lichens sur les arbres.

- Ah ... Quel plaisir de manger aussi bien sur les chemins ! Soupira Hotsuki, confortablement installé contre ses sacoches. Il s'étira allègrement en faisant claquer sa colonne, avant de s'affaler contre ces mêmes gros sacs.

Il avait retiré ses rangers et laissait un gros doigt de pied dépasser de ses chaussettes de laine en partie trouées. Il avait étendu ses jambes près du foyer, et écartait les orteils devant le feu ronronnant. Une odeur de fromage arrivait aux narines sensibles de Shirô, qui alla s'assoir à quelques mètres de son compagnon, près de Yuki, qui puait, espérait il, moins des pieds.

- Mais dis moi Yuki ... Depuis quand sais tu reconnaître les champignons de la sorte ?

- Tout ce que je sais, je l'ai appris lors de ma formation à la pyromancie. Dans la Rose des Vents, ton mentor te sensibilise d'abord à la nature autour de toi avant de t'apprendre les formules. Et je dois bien t'avouer que cet apprentissage me sert beaucoup plus que le runique au quotidien.

- Je te fais confiance là dessus.

Ils continuèrent tous deux cette conversation sur la végétation dans cette région, et ce qu'ils en connaissaient, alors que le soleil continuait paisiblement son éternel chemin dans les cieux.

- Combien reste-il de jours de chevauchée avant d'arriver à Telmar ? Continua la jeune femme. Elle bu une gorgée de café en regardant sa jument brouter tranquillement la lande environnante. De la buée s'échappait de ses naseaux dilatés, alors qu'elle feignait d'ignorer Storm, qui grognait non loin d'elle, la queue relevée et le port de tête haut, agité.

- Trois bonnes semaines. La température remontera un peu dans quelques jours, une fois que nous aurons passé les plateaux avant la baie d'Aori.

- Je ne comprends pas pourquoi nous avons été assignés à cette tâche ... Avoua la pyromancienne, une moue pensive scotchée au visage.

La jeune femme ne l'aurait pas admit pour un sous, mais elle était un peu déçue de ne pas avoir été assignée à une action offensive contre l'Empire. Rien ne lui aurait fait plus plaisir. Cependant, elle savait qu'elle n'avait pas ce pouvoir de décision, ni d'assignation. Les deux autres non plus d'ailleurs. A bien y réfléchir, c'était sans doute pour le mieux, quand on constatait la " vivacité " d'esprit de Hotsuki, et l'abscence totale d'intérêt de Shirô pour tout ce qui ..... pour tout, en fait. Seuls semblaient avoir de valeur, à ses yeux, son sabre et son canasson.

- Il est vrai qu'en temps normal, ce sont les Fauconniers qui se chargent de ce genre de missions ... Mais si tu veux tout savoir, nous étions déjà sur la trace de cette cargaison qui allait vers Telmar quand nous nous sommes rencontrés. Poursuivit 'Tsuki.

Telmar était la plus grande cité portuaire de l'Empire. Toutes les marchandises passaient forcément par cette ville. Elle se trouvait à l'extrème sud est du territoire, avant dernière grande ville avant la frontière entre l'Akumarmorique et le pays d'Ys.

- Je suppose qu'en plus de vouloir te tester, reprit son compagnon, le Conseil a estimé bon de nous remettre la suite de la mission. Nous suivons ce satané cargo depuis son escale innatendue à Faël.

- Et pour quelles raisons ?

- En gros, continua Hotsuki en se curant les ongles avec un canif, le cargo a été chargé en partie avec des vivres et des armes pour l'Empire, en provenance directe des usines de Minos. Nos taupes au sein du gouvernement se sont arrangées pour fausser les données et nous en faire rentrer, pour refaire les stocks côté résistance. Nos fantassins ont cruellement besoin d'armes. Nous devions nous charger d'infiltrer le navire à Minos et de le détourner, de récupérer les armes et de revenir à la Cahute avec. Mais arrivés au port ... Pas de bateau. Nous l'avons traqué jusqu'à retrouver sa trace à Faël, les aléas du timing fesant, nous avons croisé ta route en retrant faire notre rapport au QG.

La jeune femme hocha la tête, alors que Shirô près d'elle se levait en grognant. Son imposant corps aux muscles presque démesurés étendit son ombre par dessus la tête de Yuki, lui masquant les faibles et réconfortants rayons de l'astre du jour. Elle frissonna. Son unique oeil sombre se posa un instant sur elle, alors que notre héroïne levai la tête vers le massif guerrier.

- Allez, assez discuté, partons à présent. Fit il de sa voix grave, sans pour autant bouger de sa place, les bras croisés sur sa poitrine.

- Avant ça, hôte toi de mon soleil. Pesta Yuki.

***

La semaine s'était écoulée au rythme des levers et couchers de soleil. Aucun accrochage n'était à déclarer. Les trois compagnons, comme la plupart des mercenaires et hors la loi, se déplaçaient de nuit, évitant les grands axes routiers aux larges routes passantes et pavées. Inévitablement, le trajet n'en serait que plus long.

Ce large réseau de routes serpentait dans l'empire, reliant les principales villes entre elle, les villages et les hameaux à la cité la plus proche. Un système qui avait fait ses preuves, il faut bien l'avouer.

Au bout de huit jours ils avaient fait une halte bien méritée à Elda , une jolie ville s'étallant lascivement sur les cotteaux sud de l'Empire. Le vin y était bon et réputé.

La nuit tombait assez vite sur les maisons à colombages quand ils pépétrèrent dans la ville. Une large place pavée, où tronait en son centre une estrade de bois, sans doute pour accueillir les évènements municipaux, donnait accès à plusieurs larges rues éclairées de réverbères électriques flambants neufs.

Yuki, qui avait très, très mal aux fesses depuis le début de la matinée, ne pu retenir une moue incrédule devant les nets progrès de la science depuis quelques années. Elle était déjà venue, quelques années auparavent, dans cette charmante ville quand elle était au sein de la Rose ddes Vents, et à cette époque, les rues n'étaient éclairées que par des lanternes à huile.

Elle et ses comagnons prirent la première rue à leur droite, continuèrent sur celle ci pendant encore une dizaine de minutes, avant de s'arrêter à quelques mètres de la cour d'une grande auberge. La pancarte qui se balaçait au gré des vents à un piquet de bois, peint en rouge vif, affichait ceci;

" Le Sanglier Dansant "

Hotsuki descendit de cheval, mena sa monture par la bride en ouvrant le portillon de bois, lui aussi peint en rouge. La petite cour était joliment décorée d'hélébores et de lierre, éclairés par la chaude lueur des ampoules incadescentes. La devanture de l'auberge, aux murs de torchis blanc, et aux poutres peintes de la même teinte quer le portillon, affichaient le menu, simple mais efficace, du dîner servi, et les tarifs à la nuit.

Ils avançèrent dans la cour pavée, où quelques clients buvaient une choppe de bierre ou encore mangeaient une apétissante platrée de viande rôtie, de choux farcis ou encore de pain de seigle bien chaud. Ils en eurent l'eau à la bouche, cela faisait quand même un sacré bout de temps que les trois compères n'avaient pas mangé de pain frais, ni de légumes. Précautionneusement, les trois vagabonds rabattirent leurs capuches sur leurs chefs, soucieux de rester discrets. Ils étaient tout de même dans une ville d'humains. Malgré l'habitude, il fallait rester sur ses gardes. Shirô veilla à faire disparaître, par on ne sait quelle passe-passe les contours de son casque cornu.

Intriguée, très curieuse d'entre-appercevoir le visage en entier de son compagnon, Yuki pencha la tête vers le guerrier. Une aura grasse et glaçante suintait du jeune homme.

- " Baisse les yeux ! "

L'ordre impérieux, mystique, s'était élevé comme un glas dans les oreilles de Yuki. Elle ne pu, même avec la plus grande volonté dont elle faisait preuve habituellement, contempler le visage de son ami. Elle baissa la tête vers ses bottes, saisie par une irrésistible envie de se terrer au fond d'un trou. Un frisson glacé descendit son échine, se fraya un chemin dans son ventre, et s'y logea jusqu'à ce que Hotsuki, qui n'avait pas vraiment notifié la situation, ne toque à la grande porte de chêne du bâtiment.

" Mais bordel qu'est ce qu'il se passe ?! " Jura Yuki pour elle même. " A quel moment peut-il faire cela ?! Et pourquoi par tous les Dieux ?! " Elle se jura de lui demander plus tard dans la soirée la raison pour laquelle il lui était impossible de contempler ses traits.

Une ménagère aux traits grossiers, bourrue et forçant l'embonpoint, leur ouvrit le battant. Dans la lumière d'un réconfortant feu ronflant derrière elle, les chants et mélodies paillardes qui se jouaient dans la réception, la tenancière les invita à entrer, en forçant la voix.

Ils laissèrent leurs montures à un jeune garçon aux traits tout aussi avenants que la femme, sûrement son fils. Il passa devant eux en s'excusant, son bérêt élimé vissé sur des boucles dorées, illuminant un visage joufflu et rose, signe de sa bonne santé.

Il y avait suffisemment de monde dans la taverne pour que les trois compères n'attirent pas l'attention. Dans un coin de la grande pièce, un barde accompagné de sa joyeuse troupe contait en musique de joyeux poèmes devant qelques enfants captivés. Dans l'énorme cheminée, ronflante comme les enfers, rôtissait un imposant sanglier. Une jolie blonde, pas plus âgée que la pyromancienne tournait l'énorme broche en fonte. Ses bras luisants de sueur à cause de la chaleur de l'âtre compressaient une poitrine généreuse, à deux doigts de déborder d'un bustier de coton blanc. De nombreux regards lubriques semblaient comme happés par le vortex luisant et rebondi des protubérances mammaires.

Piquée par une fugace pointe de jalousie, Yuki détourna les yeux et alla s'accouder au bar, vérifiant bien que ses oreilles pointues et son bras gauche soient dissimulés par sa large cape de laine.

- Deux chambres pour la nuit, je vous prie ! Fit elle, joyeuse d'enfin pouvoir dormir au sec, au chaud et sur autre chose que de la terre gelée.

- Veuillez me pardonner, Mam'zelle, mais Y nous reste qu'une piaule pour c'te nuitée. Mâchonna ce qui devait être le mari de la dame qui leur avait ouvert les portes du Sanglier Dansant.

- Bien .... Ce sera très bien, Continua Hotsuki en injoignant à Yuki d'un regard de ne pas faire d'histoires.

Ravallant un juron en même temps que sa salive, la jeune femme se força à sourire, et sorti de sa ceinture trois Atalles pour les donner au tenancier. Celui ci sourit de ses dents jaunies en empochant la monnaie, et les invita d'un geste théâtral les escaliers en bois noircis qui menaient à l'étage. Il donna les clés de leur chambre, en même temps que le numéro, avant de leur demander si ils comptaient manger ici pour ce soir.

***

Hotsuki tomba raide mort sur le tapis.

Au cours de la soirée qui s'était éternisée au rez de chaussée, le démon dragon avait bu tout son saoul avec sa toute nouvelle co-équipière de cuite, à savoir Yuki.

Celle ci, loin d'être dans le même état que son ami, n'était pas non plus toute fraîche. Ils avaient passé la soirée à manger, boire. Puis encore manger, puis étancher leur soif avec de l'hypocras, puis éponger avec un nouveau plat, et ainsi de suite ... Vous voyez le tableau.

Shirô aurait pu être passablement irrité de la situation, mais il restait de marbre face au comportement déplorable du jeune homme. En vérité, il était heureux de profiter des plaisirs simples de la vie. Cela était très rare. Il ne pouvait pas blâmer son compagnon de prendre un peu de bon temps. Il avait passé la soirée à contempler les flammes dans l'âtre, perdu dans ses pensées les plus lointaines. Tant et si bien que malgré l'enchantement qu'on avait lancé sur lui, pour que personne ne puisse le regarder en face, ou même s'appercevoir de sa réelle singularité, s'était retourné contre lui. La servante assignée à la broche n'avait cessé de lui lancer des regards de braise, alors que de là où elle se trouvait, elle ne pouvait distinguer de sa personne que l'imposante carrure. Décidément, il ne comprendrait jamais rien aux femmes.

En parlant de femmes ...

Yuki se laissa choir sur le lit deux places qui trônai au centre de leur chambre. La pièce avait l'air confortable pour le prix, mais ils auraient pu quand même amménager un lit de camp. Personne n'avait la foi de déranger les maîtres des lieux. La couche était suffisemment large pour qu'une fraterie entière puisse s'y reposer. D'épaisses couvertures de laine leur tiendrait bien chaud, et des coussins à l'allure moelleuse, recouverts d'un tissu frais et propre n'attendaient qu'eux. La pyromancienne soupira d'aise en retirant ses bottes à la vas-vite, et se débarrassa enfin de son épaisse cape, sans cacher son soulagement.

- Ah .... La nourriture ici est délicieuse ! Commença la jeune femme, contemplant par terre la carcasse de son ami.

Shirô approuva d'un signe de tête, et fit de même avec son épaisse fourrure puante, qu'il prit quand même soin de déposer dans le coin le plus éloigné du lit, conscient de sa puanteur. Ainsi débarassé de cet artéfact, il n'était vêtu que de bottes en fourrure épaisse et de son sempiternel pantalon large de combat élimé. Des bandages enserraient son ventre, ses bras et une partie des ses cuisses, que l'on pouvait aisément distinguer à travers le tissus largement troué.

Yuki égara quelques secondes son unique oeil vert sur l'impressionnante carrure de Shirô. Elle l'enviait un peu d'être bâti comme une armoire. Songeant quelques instants à sa tête greffée sur un corps ausi musclé que celui là, elle étouffa un rire.

- Qu'y a t-il ? Demanda le brun, occupé à délacer ses chausses.

- Rien ... Lança la pyromancienne, zieutant dans la pénombre le plafond aux larges poutres de bois. Je m'imaginai avec autant de muscles que toi.

- Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle .... Commença alors le colosse.

Comme par magie, les débris de ce mystérieux casque étaient réapparus sur son crâne, masquant son oeil gauche. Yuki avait presque oublié sa réflexion le concernant. Elle poursuivi, tout en se redressant pour retirer sa veste, et la laisser glisser par terre.

-Laisse tomber. Au fait ... Je ... Je me demandais ...

Le colosse lui lança un regard interrogateur. Il attendit sa réponse en la dévisageant de son oeil morne et sans reflets, tout en attachant sa crinière de boucles avec un gros lien de cuir.

- Tu dois vraiment le porter tout le temps ? Je veux dire ... Même nous, qui sommes tes collègues, on n'a pas le droit ? Elle désignait d'un geste las les ossements qui recouvraient le visage rond de son partenaire.

- Malheureusement .... Souffla l'intéressé. Il n'y a aucun moyen de rompre le charme, si c'est ce qui te préoccupe.

A son ton encore moins ouvert qu'à l'accoutumée, Yuki comprit que la conversation était close. Elle se perdit quelques peu dans ses pensées, la tête embuée par les verres de bierre qu'elle avait ingurgité quelques temps auparavent. Shirô défit la boucle du baudrier qui retenait son arme dans son dos, et posa le sabre empourpré qui ne le quittai jamais de l'autre côté su lit, sur le planché. Il prit place sur le matelas, qui s 'affaissa sous son poids.

- Tu veux peut être que je réveille l'autre mérou ? Bailla la jeune femme en désignant Hotsuki, qui avait roulé sur le dos et commençait à ronfler comme un grodule, un filet de bave dégoulinant sur la carpette.

- Ce ne sera pas nécessaire.

- Arrête, je vais dormir par terre. Ajouta Yuki, qui s'était résignée dès qu'elle avait su pour l'unique chambre à laisser le lit à ses compagnns. Elle avait beau leur faire confiance et voyager avec eux depuis assez de temps pour se sentir à l'aise, mais ils n'avaient tout de même pas élevés les cochons ensemble.

- Je préfère savoir ce pochtron par terre qu'à côté de moi. Grogna Shirô en s'allongeant. Il fit craquer les lattes du lit.

- C'est vrai ... Avoua la jeune femme. Je craint la galette avant la fin de la nuit.

- Exact ...

Yuki se tourna, résignée sans être trop gênée, l'alcool aidant sans doute. Elle termina de se préparer en retirant ses braies, ne laissant sur elle que sa chemise, et se glissa avec un soupir d'aise dans les draps frais. Elle n'eut pas le loisir de discuter avec le colosse, car le sommeil s'abatit comme une brique sur sa tête.

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