Chapitre IV -Premiers Pas

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L'atmosphère dans la grande salle grondait, semblable à un seul organe en plein effort.

Depuis des semaines, peut-être des mois, Yuki n'avait pas eu le plaisir de partager un repas chaud assise à une table, entourée par des personnes dont se dégageait une certaine bienveillance. Elle n'abaissait pas pour autant ses défenses, réflexe de son éducation au sein de ses précédents " compagnons ".

Yann tout compte fait, s'avérait être une personne joviale, enjouée et extravagante. Le parfait frère d'infortune et de débandade de Hotsuki. Ses paroles, bien que peu cartésiennes, rendaient l'humeur joyeuse et détendaient les plus compexés. Rien n'échappait à sa langue, que ce soit au sens littéral comme au figuré. Le bel homme en face d'eux - car oui, il était splendide - s'était bien fait comprendre, et ne rechignait pas à confier les détails les plus croustillants des nombreuses nuits qu'il avait passées auprès des plus belles créatures que l'empire puisse lui offir. Femmes, hommes, changeformes ou encore morts vivants, tout y était appremment passé. Il faut dire que l'hydromel était aussi particulièrement goûtu dans les environs, pour ne pas aider à rester pudique. Yuki, loin d'être mal à l'aise pour autant, se contentait d'écouter Yann parler, le détaillant en sirotant une corne d'hypocras.

D'apparence humaine en premier lieu, le jeune homme avait une fine peau de porcelaine, où deux grands yeux d'un rouge amaranthe en amande brillaient, encadrés par de longs cils de nuit. L'oeil droit était balafré d'une cicatrice de griffure, assez ancienne d'apparence. Elle ne parvenait pas, malgré sa laideur et son irrégularité, à gâcher les traits de celui ci. Des cheveux fins coiffés en catogan, dont les mèches d'un bleu-noir aussi profond que les nuits Telmariennes encadraient un visage aux traits doux d'une rare perfection.

Elle s'affala contre le dossier de la banquette derrière elle, sa corne à la main, cherchant du regard Ambre, sans grande conviction. Elle ne voyait nulle part la longue tignasse auburn et la haute et fière silhouette qui la aractérisait tant. Pas de quoi en faire une sauce, cependant. Elles devaient juste s'être manquées. Ses yeux se posèrent sur le bar de la grande salle, où s'afférait quelques serveurs. Océane, la fameuse barmaid qui leur avait servit un succulent kig ha farhz de moufflon, courrait en tous sens, son chaudron fumant au bout des bras, une grande louche fichée en travers des dents.

Il y avait dans la salle une dizaine de grandes tables taillées dans des demi tronc de séquoia, pouvant accueillir une cinquantaine de personnes pour chacune. Puis, éparpillées un peu partout dans la salle, des plus petites, rondes, et débitées dans la largeur de ces mêmes troncs de bois. Et adossés aux murs, décorés de tableaux poussiéreux et de lampes à huile aux abajours vert à frange dorée décrépie, on trouvait une vingtaine de canapés en velours vert kaki râpés. C'était à un de ces canapés flanqués de tables rondes que ce trouvait le petit groupe.

- Eh Yuki ! C'est ton genre ?!

Yann l'avait interpellée pour lui lancer une boutade dont elle ne comprit pas le contexte, n'ayant nullement suivi la conversation.

- Pardon ?

- Hotsuki ! C'est ton genre de gars ? Vous avez l'air de vous apprécier, c'est plutôt rare. Continuait Yann en faisant faire la grimace à son compagnon, pris en étau dans ses mains tentant de se débattre, en vain. Il devait être trop ivre pour cela.

- Ce mérou qui me sert pote ? Merci mais non merci. Fit elle, feignant l'irritation. Plutôt me taper un ours.

- Mais bien sûr ... poursuivit l'autre sans lâcher le démon, un sourire carnassier scotché sur le visage. Nan mais le pauvre, je suis sûr qu'il est jaloux de nous alors que lui aussi, c'est une bête !

- Mais non mais ... Fous moi la paix !

Hotsuki, gêné des réflexions de son ami, était devenu rouge pivoine jusqu'aux oreilles, et commença à vouloir le faire taire.

- Arrête Ryumon ! Tu sais aussi bien que moi que les dragonniers ne sont pas reconnus que pour leurs faits d'arme ou leur puissance. Tu vois les pompiers pour les ménagères, là haut ? Eh bah c'est pareil.

- Mais ch'suis pas une bête de foire, on n'est pas des bouts de viande, merde !

- Et moi je te garantis qu'Océane bave sur Shirô depuis que vous êtes rentrés. Fit Yann en appuiyant sur la pyromancienne, qui avait encore décroché, un regard scrutateur.

- Quoi ? J'ai une verrue sur le nez ?

- Shirô ....

Elle esquissa un sourire et leva les yeux au ciel, s'attardant quelques temps sur les deux énormes lustres en bois de cerf qui pendaient au plafond. La cire des bougies embaumaient l'atmosphère, tout comme la mélodie du petit groupe de folk qui grattait des airs à la cithare et à la vielle.

Celui ci, perdu dans le vague, son visage retenu dans une de ses mains, regardait vers les fenêtres percées dans le mur derrière eux, et ne prêtait aucune attention à la conversation. Il semblait attendre quelqu'un.

- Fais gaffe Yuki, renchérit Yann en pointant sa fourchette sur la jeune femme. La barmaid est une adorable créature, mais quand il s'agit de mâles ... Elle étriperait n'importe quoi.

- C'est pas faux .... Lâcha un grand gaillard tatoué, attablé à la gauche d'Hotsuki. La jeunne femme avait oublié son nom. Si t'avait vu le regard qu'elle t'a jeté quand tu es entrée en le tenant par le lard... J'ai cru qu'elle allait tous nous noyer.

Yuki chassa la conversation d'un geste nonchallant du bras, dubitative. Elle n'avait cure de ce qu'on puisse dire sur elle. Elle poursuivit son argumentation par de riches métaphores comparant le colosse à un taurreau, et qu'elle n'était pas là pour la corrida du solstice d'été.

D'un coup, Shirô se leva, étirant tous ses muscles dans un craquement sordide. Cela en surprit plus d'un.

- Où vas-tu ? Lança Hotsuki, embrumé.

- Ce ne sont pas tes affaires ... Je vais me reposer un peu.

Tous acquicèrent, et on le laissa partir. Son imposante silhouette mit un peu de temps à disparaître dans la foule.

***

Plus tard dans la soirée, les garçons accompagnèrent Yuki dans les dortoirs, du côté du grand bâtiment à quatre étages. Bien qu'il fasse nuit, il émanait toujours une faible lueur bleutée dans la capitale interdite, et on arrivait facilement à se repérer. Il n'y avait pas non plus des kilomètres à parcourrir, ce qui les arrangeaient tous, au vu de leuir état, comparable à celui d'une serpillière, ou un truc dans le genre. Shirô, lui, n'était toujours par réapparu, même à cette heure tardive de la nuit.

Sans trébucher dans les escaliers, et en aidant son cammarade à gravir les marches sans se vautrer, ils arrivèrent au dernier étage et déverrouillèrent une porte au bout d'un couloir. Une fois arrivée dans sa chambre, qui était petite, sobre mais confortable, Yann s'éclipsa en titubant, et Hotsuki souhaita bon courage à Yuki, car le lendemain, il serait fort probable qu'ils ne se croisent pas.

Le regard embué de la pyromancienne constata une grande fenêtre en oeil de boeuf à sa droite, sans rideaux, qui laissait passer la lumière. Alors qu'elle s'étendait en faisant craquer ses os sur grand lit en bois, garni de couvertures bien chaudes et d'un dessus de lit en peau, elle scrutait Hotsuki, encore adossé au chambranle de la porte. Il ne disait rien, et elle non plus. Un épais tapis recouvrait le sol de la chambre. Quelques cadres accrochés à peu près droits au mur, un fauteuil, une petite table en pin adossée en face du lit, deux chaises, une commode. Dessus, un pichet de fer rempli d'eau. Près d'elle, un guéridon de pin mangé aux mites supportait une lampe à huile, et un verre un peu poussiéreux était retourné sur le bois.

Il s'adossa sur le côté de la porte d'entrée, les mains dans les poches, sa queue draconique - qu'il pouvait maintenant exhiber sans se faire tuer- fouettant l'air derrière lui.

- Tu sais Yuki, je vais sans doute repartir sur les routes dans quelques jours avec Whiteheart, pour finir cette foutue mission de reconnaissance sur Telmar ... Ils en avaient parlé plus tôt à l'heure du repas. Il est fort probable que l'on ne se recroise pas, voire plus ... Plus du tout pendant des mois.

L'annonce fit comme un choc dans le coeur de la jeune femme. Il est vrai que cela ne faisait que très peu de temps qu'ils se connaissaient, mais elle s'était attachée au caractère de cochon du démon dragon et à la présence sécurisante de Shirô à ses côtés.

- Mais ...

- C'est comme ça ma grande. Gronda son compagnon dans son col. Il faut bien gagner sa croûte et faire avancer la Résistance. Je ... Nous sommes des dragonniers, Shirô et moi. Notre devoir nous attend.

- Je ... Non, c'est trop bête.

Hotsuki fronça les sourcils. Yuki l'invita à venir s'asseoir quelques instants sur son lit, histoire de discuter un peu. Etrangement, ils n'avaient que peu échangé durant leurs quatre jours de chevauchée. Qu'allait-elle faire à présent ? Rester ici, trouver un petit boulot et récurer des casseroles pour aider la résistance ? Pas question. Elle pouvait être utile autrement. Et ... Elle avait soif d'aventures.

- Dis moi au moins. Il n'y a pas de question bête. Fit il en prenant place à sa gauche, faisant s'affaisser le matelas.

- Je ...

Les mots dans la gorge de la jeune femme avaient du mal à franchir sa bouche. Elle déglutit, et prit tout son courage à deux mains. Elle avait soif d'aventures, mais avec ces deux guignols là.

- J'aimerai repartir sur la route avec vous.

Un silence pesant s'abatit dans la pièce. Hotsuki se redressa et planta ses yeux électrique dans le vert de ceux de Yuki. Un regard si brillant qu'on ne voyait que lui dans la pièce. L'intensité de ce bleu aux pupilles fendues contrastait tellement avec la peau couleur sable du jeune homme. Un frisson indéfinissable remonta des orteils de la jeune femme jusque dans son échine.

Ils se jaugèrent du regard quelques instants.

- Et Ambre ?

Elle aurait aimé la revoir et échanger les nouvelles de ces derniers mois avec cette dernière, évidemment. Cependant, elle avait dû partir en reconnaissance pour une mission. Celle ci l'avait avertie de cette possibilité. Quelque part, la jeune femme savait qu'elle allait la recroiser, et qu'Ambre ne lui en voudrait pas d'être repartie sur les routes avec ses deux mérous préférés. Et pour une raison que Yuki ignorait, une irrésistible intuition lui hurlait de repartir avec eux.

- Je ne l'ai pas vue dans la grande salle tout à l'heure. Je suppose qu'elle est en mission ou occupée autre part. J'ai toute la vie pour boire un verre avec elle.

Hotsuki se détendit, et se laissa un peu plus aller contre la tête du lit. Il baissa les yeux et contemplait le tapis, pensif. Plus haut dans les combles, les mulots et les souris faisaient craquer le plafond en courant dessus.

- Ecoute je ... Je ne sais pas ... Il est de toute façon trop tôt pour que tu viennes avec nous. Tu dois d'abord prêter serment si tu veux faire partie de la guilde. A ... Après, on verra.

Une lueur de feu s'alluma dans le regard de la pyromancienne. Une lueur déterminée qu'aucun obstacle ne pourrait arrêter. Elle se redressa sur les genoux pour mieux faire face à son ami, et planta l'émeraude de son regard dans celui de son interlocuteur.

- Dis moi comment prêter serment.

- Oh ! Ne brûle pas les étapes, tu dois d'abord rencontrer le Conseil pour cela. Fitce dernier en détournant la tête, gêné.

- Demain à huit heures.

Ils surautèrent. Shirô les regardait sur le pas de la porte, les bras croisés, bloquant de ses larges épaules le passage.

- Q ... Qu ....

- Qu'est ce que tu fais là ?!

- J'allais me reposer. Je vous ai entendu du couloir.

Second silence.

- Bon ... Je vais me coucher. Demain sera une longue journée. Continue t-il en se détournant. Demain, à huit heures, dans la grande salle. Bien compris ?

Il soutint le regard de Yuki durant quelques secondes. La sensation de malaise était réapparue dans cet oeil droit aussi noir que les ténèbres. La jeune femme baissa la tête, se levant en même temps que son compagnon sur le lit, pour le raccompagner au pas de la porte.

***

- Shirô ?

Le colosse s'arrêta et se retourna, fesant face à son compagnon. Il avait l'air un peu pathétique, avec sa démarche titubante. Heureusement que la distance entre sa piaule et celle du colosse ne soit pas grande. Il le raccompagnait dans ses quartiers avant de s'éclipser au dehors, dans les rues de la ville.

- Pourquoi ?

Il ne rajouta rien. Shirô Whiteheart reprit sa marche tranquille dans les couloirs de l'Organisation, plantant Hotsuki là où il l'avait laissé, devant la porte de sa chambre. Quelques minutes plus tard, alors que le guerrier sortait de la cour de la Cahute, en longeant d'une démarche beaucoup trop souple une ruelle, il entendit qu'on le suivait, et finit par se retourner, passablement irrité.

" Ryumon ... "

- Shirô ... Réponds moi pour une fois ...

Le jeune homme s'arrêta à nouveau en face de lui, tatonnant pour trouver un meilleur point d'équilibre, et s'assied contre un mur de pierres sèches, qui tenait bient mieux debout que lui. Son regard se perdit dans les reflets bleus du lac en mouvement, ondulant sur les roches de la caverne.

- Disons que ... Le Destin me met la puce à l'oreille... Fit Shirô, après un long moment de réflexion.

Encore un de " ses " coups. Shirô s'était absenté tout à l'heure, mais ce n'était bel et bien pas pour aller prendre du repos. Il avait dû le retrouver en chemin, ou alors avait senti sa présence dans le périmètre.

- Tu as vu Pheles ? Souffla Hotsuki.

Son compagnon se mura dans le silence. Savoir si il avait vu ou non son frère ne l'avancerait à rien.

En tout cas avec ou sans l'aide de celui ci, il aurait prit la même décison. Quelque chose en cette femme l'attirait irrésistiblement. Il ne savait quoi, mais une force inexpliquée, une voix résonnait dans sa tête, lui hurlant de ne pas la lâcher. Cela ne lui était jamais arrivé.

Shirô ne s'attache à peu ou à personne. Surtout à personne. Sans doute à cause des événements passés ces trois dernières années ... Solitaire de nature et depuis sa plus tendre enfance, jamais au grand jamais il ne s'était attaché à quiquonque aussi facilement, et encore moins il n'en aurait montré les signes en public.

- Qui sait... Je te souhaite une bonne nuit.

- Qu'elle te porte conseil. Le salua Hotsuki.

Ils se séparèrent là.

Shirô se promena quelques temps de plus, le regard perdu dans le vide, regardant sans la voir la ville endormie, paisible. Ecrin de paix dans un empire qui n'était plus le leur. Il tripotait machinalement son collier d'or et de rubis, fesant rouler sa chaîne entre ses longs doits, murmurant des réponses à une entité que lui seul pouvait entendre.

***

Yuki n'avait pas dormi de la nuit. Le stress de la soirée précédente ne l'ayant nullement aidée à fermer l'oeil.

Dès l'ouverture du service du petit déjeuner, à six heures tapantes, elle était accoudée devant le bar, une grande tasse de café fumant entre les mains, les yeux éclatés, sa chemise à l'envers. Elle n'arrivait pas à s'ôter de la tête toutes les interrogations qui s'entrechoquaient dans son esprit encore embrumé.

" Quelles questions allait-on lui poser ? A quelle sauce allait-on la cuisiner ? Comment procèderont t-ils ? Un sacrifice ? Un papier à signer ? Combien de personnes font partie du Conseil ? "

Océane lui servit une assiette contenant un croissant au beurre encore chaud. L'odeur alléchante ne lui donna pourtant pas envie de manger cette délicieuse pâtisserie. La boule dans son estomac prenait trop de place.

- Tout va bien ?

- Oui ? Se risque elle à répondre à la barmaid.

- C'est l'idée de prêter serment qui te rend si nerveuse ? Ne t'en fait pas. Si Yann à réussi à le faire, alors toi aussi ne t'en fait pas.

La pyromancienne sourit timidement à son interlocutrice.

" Et c'est sensé me remonter le moral ? Bien tenté, mais je ne crois pas que cela m'aidera ..."

- Ahem ... Ce n'est peut être pas le moment de te poser la question ... Mais ...

La jeune femme jeta un regard intrigué sur le bras biomécanique de Yuki, avant de continuer, peu sûre de ses paroles.

- Ce bras ...

- Oh ? Yuki leva son bras gauche, fesant tourner les articulations de celui ci, afin de mieux en voir son ensemble. Une vieille blessure de guerre. Je t'avoue que j'aurai préféré garder mon vrai bras, mais bon ... Il faut faire sans.

- Déjà réveillée ?! S'exclama une voix derrière elles.

Hotsuki fit irruption dans la grande salle, bien plus frais que a veille. Il était suivi de près par Shirô, à peine sorti de son sommeil. Ce matin là, il n'avait pas prit la peine de se vêtir entièrement. Seul son vieux pantalon de combat laminé lui couvrait les jambes. Ses bras étaient quand à eux entièrement bandés, et sa longue crinière hirsute dégoulinait dans son dos, lui fesant office de cape, à vrai dire. On remarquait tout particulièrement sa musculature de taurreau, ses épaules saillantes, son visage au menton fin, sa posture nonchalante. Il marchait dans la direction de ses compagnons, d'un pas lent, souple et avisé.

Quelques détails piquèrent la curiosité de Yuki. Une imposante croix d'or et de rubis pendait à son cou, une vilaine cicatrice, sans doute ayant été mal recousue, lacérait son poitrail au niveau du coeur, et, surpise ! Une longue queue animale, flanquée d'une touffe noire de jais en son extrémité, se tortillait derrière lui, attachée à son coccyx.

La jeune femme fit des yeux ronds en découvrant ce dernier et non moins indiscret détail, et faillit s'étrangler dans son café.

- Tu ne m'avais pas dit que tu étais toi aussi un démon !

Le colosse leva un visage aux traits fatigués vers elle. L'espace d'un instant, la jeune femme cru voir un sourire pendu à ses lèvres.

- Tu ne me l'as pas demandé non plus.

Ce n'était pas faux.

Tous s'installèrent de part et d'autre de la jeune femme, commandant un thé et un café fort pour se réveiller du bon pied.

Ainsi, Océane prit le temps de se servir une tasse avec eux. Elle eut le temps d'expliquer un peu le fonctionnement de la Cahute à la jeune femme, avec son système de dortoirs au prix dérisoire à la nuit, afin d'aider les membres de l'élite à se loger entre deux missions. Elle lui décrivit son mode de vie, en tant qu'employée au sein de la guilde, où et comment étaient ses appartements, tout en dévorant un Shirô sorti de terre des yeux.

Apparemment, on trouvait un forgeron, des écuries, un centre de soins, une bibliothèque, une salle de réserve ... Au sein de cette fameuse Cahute. En fin de compte, tout ce dont il y a besoin pour mener à bien toute la ville, avec même un système de demandes au sein même de l'Organisation, que la Cahute gérait.

Finalement, l'heure fatidique arriva plus vite que prévu.

- Allez ! Il vas être temps d'y aller. S'étonna la barmaid en désignant d'un signe de tête la grosse pendule accrochée au mur d'en face.

Océane débarassa leurs tasses. Yuki se leva, sa boule d'angoisse plus grosse que jamais au fond de son estomac. Elle fut suivie par Shirô et Hotsuki. Ils se dirigèrent vers la porte du couloir, située juste à côté de la celle des cuisines.

Ils s'engoufrèrent dans un couloir sombre, étroit et miteux, à peine éclairé par quelques lampes à huile crasseuses. Le peu de luminosité laissait se dessiner dans la pénombre la laideur d'une tapisserie piquée, brodée de pivoines aux tons vert, et les montagnes de toiles d'araignées qui s'étendaient du sol au plafond.

Devant elle, Shirô frappa à une porte que l'on distinguait à peine dans la pénombre. Une main derrière elle se posa doucement sur son épaule. Hotsuki.

- Bonne chance.

Il lui lança un regard lumineux dans cette pénombre palpable. Un regard de soutien sans faille, bourré d'une confiance aveugle envers sa réussite. Puis il lui lâcha l'épaule, tourna les talons pour sortir de ce couloir sordide.

" Shirô sera ton escorte et ta caution lors de ton serment. Pendant qu'il sera à tes côtés, je serai en train d'avancer les préparatifs pour notre départ de ce soir. Ne t'en fait pas, je te réserve quand même un cheval et de l'équipement au cas où. Et si jamais il advienne que tu viennes pas, au moins, tout sera prêt pour la prochaine fois."

C'est remontée à bloc qu'elle s'avança vers Shirô, qui l'attendait pour ouvrir le lourd panneau de bois. Elle ferma les yeux, expira un bon coup, résistant à l'envie de jeter un regard derrière elle.

Yuki franchit la porte.

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