Les merveilles du néant

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Une flamme. Bientôt, une lueur, celle-ci vacillait au gré d'une légère brise qui passait par là. Pourtant, il n’y avait pas de vent, en fait, il n’y avait rien du tout. Seul subsitait ce simple halo, qui tressautait comme le ferait le cœur d’un homme aux portes de la mort.

L’air était tendu, un fil invisible allait se rompre, il ne tenait qu'à cette simple flamme. Flamme, qui tentait vainement de repousser des forces trop puissantes pour elle.

C’était un spectacle pitoyable, coulaient le long de son corps des larmes de cire, traçant de sanglants sillons sur son maigre torse. Il s’écoulerait encore quelques heures, son agonie n’étant pas terminée, elle approchait cependant. La colère ayant cédé place à la panique, celle-ci se débattait et se tortillait aussi dérisoirement qu’une poule destinée au billot.

Enfin, la résignation fit son apparition, et ce qui devait arriver, arriva. La lueur laissa place à une obscurité totale, laissant en tout et pour tout, une grande flaque de cire qui se fendait d’une grimace tordue par la douleur. Il n’y eut pas de fumée, pas de cris, le silence alors pesant est devenu oppresant, enfin, il a pris toute la place pour devenir la nouvelle réalité de cet espace.

Mais même le silence, d’ordinaire si difficile à chasser, ne resterait pas bien longtemps. Il finirait par céder sa place au néant, comme toutes choses l’ont fait avant lui. Et ce qui devait arriver, arriva.

Mais l'oeil nouveau voyait d'autres choses, si l’on observait bien, ce n’était pas le non-être, ni l’abîme. Il s’agissait d’autre chose, c’était un mensonge. Celui qui abuse vos yeux, votre jugement pour ne rien laisser transparaître. Il est des choses cachées qui aiment le rester, et si du néant est née la vie, la vie retournera au néant ; ils sont indissociables.

Soudain, cet espace entier est revenu à la vie, de la lumière filtrait par l’interstice d’une porte qui s’est ouverte en grand, embrasant et embrassant la globalité des choses. Tout ce qui s’était évanoui, baignait maintenant dans la clarté, un enfant y aurait vu la félicité et le renouveau, la naissance depuis l’inconsistance.

Mais l’homme qui est entré n’a rien vu de tout cela, il a vu une chandelle éteinte, un bureau, une chaise pour l’accueillir. Le vide qui s’était trouvé là quelques instants plus tôt avait disparu pour laisser place à une modeste pièce. Cette personne était mon père, et il ne s’était pas déplacé pour le bureau ou la chaise, mais pour calmer les pleurs qui m’agitaient. Lové au fond de mon berceau dans les couvertures, j’étais glacé et terrifié. Si la raison finit par l’emporter sur le cœur, en délaissant les merveilles que le néant a à nous offrir, ce n’était pas encore mon cas. J’avais bien senti son étreinte se refermer sur moi, aussi est-ce avec un grand soulagement que j’ai vu arriver le demi-jour dans la pièce, reléguant le néant au second plan comme le ferait un cycle diurne.

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