Remise en question et décisions

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Je suis devant la télé. C'est calme ici. J'avais oublié que ça pouvait l'être. C'est même pesant et désagréable. Moi qui d'habitude apprécie je me sens maintenant comme déjà mort. C'est que je devais m'y habituer à cette petite ! Et je ne crois pas me mentir quand je me dis qu'elle me manque presque. Je pensais que j'allais souffler et l'oublier lorsqu'elle était partie chez Sandra. Mais à vrai dire j'ai pensé à elle comme jamais encore et son absence m'a poussé à me remettre en question. C'est que ces petites choses nous manquent très vite quand elles ne sont plus là ! Et ce n'est qu'à ce moment là qu'on le voit. Le téléphone sonne. J'en sursaute tellement il contraste avec le silence oppressant qui plane dans la pièce. Oui c'est ça, oppressant. L'absence de Myra m'oppresse. Me déchire la poitrine. Je me sens coupable. Je ne me sens pas bien. C'est le comble pour moi qui était le premier à vouloir la faire disparaître. Soudain je repense à mon fils. C'était sa femme qui avait le plus appuyé pour garder l'enfant. Normal puisqu'elle l'avait porté pendant neuf moi dans son ventre il y avait forcément déjà une attache. Sauf qu'elle l'avait senti, contrairement à moi. C'est probablement ça l'instinct maternel. Finalement j'aurais envie de les remercier de ne pas avoir écouter mes protestations. Mais je ne pourrais jamais le leur dire. Et subitement, alors que je m'éforcais à l'accoutumé à ne jamais penser à David et Samia, (je n'appréciais pas particulièrement cette dernière), un sentiment de solitude, de douleur et de peine vint me saisir et me brûler le coeur.

J'allume la télé pour me changer les idées. Seule compagnie restante. Avant ça me suffisait mais quand on a de nouveau goûté au contact humain, finalement....

Je zappe et tombe sur un reportage de maison d'accueil pour malades mantaux. Je m'arrête. On y voit des pauvres enfants attachés aux barreaux des lits, choutés aux médicaments bien avant que cela n'est le temps d'avoir fait une crise. Les enfants sont lavés tous ensemble dans une grande pièces, nus et assis sur des sceaux. On leur parle mal. Et là je me met à penser à Myra. Elle n'a pas un aussi gros problème mental que certains de ces enfants sûrement schizophrènes ou autres pathologies plus lourdes que celle de ma petite-fille. Quant bien même elle aurait ce genre de pathologies, jamais je ne la mettrai dans un endroit pareil ! Enfin, la famille de ces mômes ne doivent pas être au courant de ce qui se passe sinon.... Enfin peut-être que si, quand on est dépassé par les événements tout fini par nous submerger et on commence à être perdus, dans tous les sens du therme. Mais il ne faut pas en vouloir à ces familles : on ne comprend pas parce qu'on ne le vit pas. Mais on ferait tous pareil si c'était le cas. C'est ce que j'avais commencé à faire avec Myra : la mettre de côté. Ça commence par là pour finalement aller plus loin si on ne se reprend pas. Si on ne se rend plus compte que ces enfants sont avant tout humain. Mais pour ces familles c'est un poids en moins, une libération qui se comprend même si c'est mal.

Évidemment qu'il y a d'autres institutions plus dans les normes et où les enfants sont bien traités. Donc il n'y a rien de mauvais ou de mal à mettre un enfant en maison. Mieux vaut être dans ce genre d'endroit et pris en charge que de laisser son enfant voué à lui-même et dans sa merde toute la journée. Mais ce reportage cumulé avec la vidéo que j'avais vu sur internet m'ont fait peur pour Myra. Même s'il existe de meilleurs endroits que celui vu à la télé, je ne me pardonnerai jamais qu'elle y passe même une journée. Je suis à la retraite et son handicap est parfaitement vivable. Comme disait le médecin, rien ne justifie un placement, en y songeant.

Je l'appelle pour supprimer ma demande de placement pour Myra. Je sens au bout du fil qu'il est content de ma démarche. Myra aussi sera heureuse.... Enfin je l'espère. Ne me manque plus que les clefs...


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Je précise que j'ai réellement vu le reportage dont il est question ici. J'aurais aimé le retrouver et vous mettre le lien mais je ne l'ai pas vu sur internet. Je l'ai regardé il y'a longtemps donc je n'ai pu réécrire que de vagues choses qui m'ont marqués.


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