- Alors les connards ! Qu'est-ce que vous avez à me dire ? J'écoute.

Fier comme un coq, droit et debout sur son estrade, le Cinéma se préparait à ses critiques.

Autant dire, vous vous en doutez, qu'elles ne se firent pas attendre.

- Vous préférez que l'on commence par votre inutilité ? Ou alors votre caractère odieux ?

- Toi, le Dessin, écrase.

Le vieux allait répliquer, mais le Théâtre lui coupa la parole.

- Nous avons déjà débattu sur votre cas. Vous n'êtes qu'un art d'argent.

Mais le gros homme lui sourit de toutes ses dents.

- Théâtre, mon cher Théâtre... Peux-tu me rappeler le prix que coûte une place pour la pièce "Harry Potter" ?

- Cela peut monter jusqu'à deux-cents livres mais...

- Voilà. Au cinéma, voir un Harry Potter ne coutait que dix euros. Que vous le vouliez ou non, mon art est peut-être le plus lucratif, mais il est aussi le seul qui s'adresse au vrai peuple.

La Littérature n'aimait pas trop la tournure que prenait le débat.

- Les livres coûtent moins que ça, sont toujours disponibles, et pour plus de contenu. Le prix n'a rien à faire dans ce débat, et ce qui me choque encore, c'est à quel point mon art est violé sans que personne n'en soit choqué.

- Nous en avons déjà parlé la grognasse, et je t'ai expliqué pourquoi sans moi, ton art crèverait.

Les voix s'élevèrent, de plus en plus haut, jusqu'à ce que l'Architecture y mette fin. On ne jugea pas plus le Cinéma, décrétant qu'il était de toute évidence de trop mauvaise foi pour encaisser quelconque critique.