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Erlyn rencontra Naos pour la première fois au bord de la falaise.

Elle se souvenait du froid mordant et de la neige tombant lentement autour d’elle. Le calme était glaçant.

La surprise s’était d’abord lue sur son visage. Personne ne venait ici à part elle. Le froid venant du gouffre était bien cruel pour les autres villageois.

Le froid ne lui faisait pas peur, encore moins lorsqu’elle pouvait profiter du calme que lui offrait cet endroit. Le seul lieu où elle pouvait s’entendre penser. L’on pouvait y voir l’immense palais en pierre blanchâtre gelée depuis la nuit des temps. Les plus hautes tours semblaient défier les dieux disparus depuis des siècles.

— Qui es-tu ? demanda-t-elle en serrant son écharpe rouge autour de son cou.

Le garçon de son âge sursauta et Erlyn eut peur qu’il ne glisse et ne tombe dans la crevasse, mais il n’en fut rien. Il l’avait longuement regardée et lui avait souri.

Les yeux bleu acier du garçon la saisirent. Ils étaient d’une beauté effrayante. Ses cheveux noirs se soulevaient au rythme d’un vent lent. Le froid ne l’atteignait pas. Elle pouvait en témoigner par son absence de manteau ou d’autres vêtements chauds. Il ne tremblait même pas.

— Naos, répondit-il en la sondant.

— Je suis supposé savoir qui tu es ?

Il haussa les épaules.

— Tu me l’as demandé, je t’ai répondu.

— Non, réprimanda-t-elle. Je t’ai demandé qui tu es, pas ton prénom.

Il rit et se releva du bord de la falaise avec dédain.

— C’est la même chose, non ?

Elle secoue la tête.

— Non.

Il croisa les bras sur sa poitrine.

— Très bien, alors qui es-tu ?

— La fille de la couturière.

Il la détailla au centimètre près, si bien, qu’elle se sentit rougir.

— Et ton prénom ?

— Erlyn.

Un sourire vainqueur étira ses lèvres presque bleues.

— Je suis Naos, fils du roi.

Ce jour-là, Erlyn ne sut pas l’erreur qu’elle venait de commettre.

Ils passèrent leur adolescence ensemble. Personne ne sut rien de leur amitié. Et pourtant, Erlyn sut qu’elle était grande. Elle pouvait tout lui dire, même ses sentiments les plus intimes, alors que lui ne fut jamais aussi ouvert qu’elle. Il se contentait de parfois l’écouter, sans jamais la couper. Lorsqu’ils n’avaient rien à dire, il la regardait lire ou panser ses blessures causées par des piqures d’aiguilles.

Elle ne sut jamais si ces moments furent tissés par de l’amour ou de l’amitié. Que pouvait-elle connaitre de l’amour ? Rien. Les livres qu’elle lisait étaient souvent de simples mises en scène pour faire sourire les plus romantiques. Les histoires d’amour n’existaient que dans les livres. Ses parents en étaient une preuve qui la faisait déglutir chaque jour.

Puis un jour, Naos ne vint plus. Erlyn sut qu’elle était incapable de se rendre au palais pour recevoir la moindre information. Elle s’était contentée d’attendre et se rendre à la falaise tous les jours, même ceux de tempête de neige. Erlyn s’était résignée à ne plus s’y rendre, et suivre le chemin que sa mère lui avait dessiné.

Elle avait appris à coudre correctement et à réaliser des robes chaudes sans la moindre beauté. Elle s’était laissé vivre dans une vie confortable.

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