Chapitre 9 (suite) - 1208 -

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Quelques secondes plus tard, je découvre le corps parfait de la jolie blonde, seule une culotte blanche en coton cache son intimité. Je ramasse sur le sol sa robe et mon manteau, puis je m’avance vers elle et lui tends la main pour tenter de la faire changer d’avis.

— Lucinda, reviens ! Le lac est gelé, tu es complètement malade !

— Épouse-moi ! m’ordonne-t-elle en mettant un pied dans l’eau.

Je ne lui céderai pas. Quoiqu’il advienne, jamais je ne me marierai !

— Fais pas l’enfant, je m’en vais, Lucinda ! crié-je tandis qu’elle continue à s’enfoncer dans le lac.

— Je ne sais pas nager…

Je dépose la robe sur le sol, au bord de l’eau et tourne les talons, pour lui signifier qu’elle a perdu son petit jeu. Je fais plusieurs pas sans me retourner, attendant des cris de supplication de sa part, mais rien ne vient. Je rage de devoir vérifier ce qu’elle fait. Je n’aime pas plier, mais je dois avouer que l’imaginer noyée m’inquiète et me tourmente.

Je jette un œil par-dessus mon épaule et découvre que Lucinda s’est avancée un peu plus dans le lac, elle a désormais l’eau à la taille et continue de progresser lentement en regardant droit devant elle. Mon sang ne fait qu’un tour, je ne peux pas la laisser. Je ne sais pas jusqu’où elle est capable d’aller, mais je ne souhaite pas sa mort.

Je ne veux pas être accusé de non-assistance à personne en danger et être embêté par la justice.

— Lucinda, sors de là ! hurlé-je en faisant demi-tour.

Elle n’a que faire de ma demande et continue sa progression, sans prêter garde à mes hurlements.

Arrivé sur la berge, je crie encore :

— Tu es vraiment une enfant pour agir ainsi ! Je te promets que si je viens te chercher, je te colle une fessée dont tu vas te souvenir !

Tandis que je trépigne sur le bord, elle ne réagit pas et je ne trouve pas d’autre alternative que d’aller la récupérer. Je retire mes chaussures et mes chaussettes, puis mon pantalon et mon polo. Il fait très froid et j’ai la chair de poule. Je ne vois plus que la tête de Lucinda au moment où je rentre dans l’eau en courant et fonce vers elle. Lorsque j’arrive à sa hauteur, je pose ma main sur son épaule nue et l’attire vers moi.

— Je savais que tu céderais…

Elle se retourne et me sourit puis s’accroche à moi. Alors qu’elle passe ses bras autour de mon cou, je la saisis et la porte jusqu’au bord. Nous sommes totalement gelés, des frissons parcourent tout mon corps.

— T’es complètement folle ! dis-je en la laissant retomber sur le sol.

— Je sais nager !

Elle s’agrippe encore une fois à moi et tend ses lèvres vers les miennes.

— Réchauffe-moi !

Sa poitrine humide glisse sur mon torse et malgré le froid et toutes les barrières que je me suis fixées, le désir m’envahit. Je m’incline vers elle pour l’embrasser. Nos bouches entrent en contact et tout mon épiderme s’embrase quelques instants, jusqu’à ce qu’un coup de vent me fasse à nouveau frissonner. Je recule d’un pas et lui ordonne de se rhabiller. J’enfile mon polo et mon manteau avant de récupérer le reste de mes affaires.

Lucinda met sa robe et ses sabots, puis croise ses bras sur sa poitrine.

— Scar, je suis sérieuse ! Épouse-moi !

Je murmure de façon à peine audible, mais plus que tout déterminée :

— Jamais !

En entendant ce dernier refus, Lucinda adopte une mine déconfite et s’échappe en courant vers le terrain.

Je ne l’épouserai pas, je n’épouserai jamais personne, mais elle est jolie et mon désir pour elle grandit. Elle pourrait peut-être prendre la place de Belinda ? Mes nuits sont parfois longues et froides et le souvenir de ses lèvres brûlantes sur les miennes, de sa poitrine fraîche et humide sur mon torse me conforte dans l’envie d’aller plus loin.

Tandis que je remonte le petit chemin boueux, je songe à ma vengeance contre l’oncle Loran. Elle est toujours là, tapie dans le fond de mon cœur, attendant son heure. Lui avoir retiré le rôle de chef ne me suffit plus, je veux le briser, le pulvériser et c’est sa propre fille qui vient de me donner la solution. En touchant à ce qu’il a de plus cher, je vais achever le vieux. Lucinda a raison, peut-être devrais-je profiter du calme dans les affaires et de l’absence de Bastian pour m’occuper une bonne fois pour toutes de son père.

Plusieurs jours ont passé sans que je ne recroise Lucinda et puis un midi elle est réapparue pour me servir mon déjeuner.

Je relève qu’elle s’est particulièrement préparée, elle s’est parfumée avec exagération, porte une robe très moulante et bariolée, elle a mis du rouge à lèvres et souligné ses yeux. Je ne peux pas m’empêcher de le lui faire remarquer.

— Tu es très belle aujourd’hui !

Elle me sourit et prend mon compliment pour une invitation à s’asseoir en face de moi. Tandis qu’elle me regarde manger, elle caresse calmement les chiens avant de rompre le silence :

— Ma proposition tient toujours !

— De baignade dans le lac en plein hiver ?

Je la taquine, mais, en vérité, la seule chose qui me vient à l’esprit quand elle me parle de proposition est son corps quasiment nu sur le mien.

— T’es bête ! dit-elle en riant.

Et comme si elle lisait dans mes pensées, elle se lève et pousse l’assiette qui est devant moi. Elle s’assoit sur mes genoux. Avec délicatesse et sans me quitter des yeux, elle saisit ma main et la remonte lentement jusqu’à sa poitrine, puis dans un souffle à peine audible, elle me demande de l’embrasser. Sa bouche appelle la mienne et je me consume de sentir mes doigts sur elle. Tout mon corps la désire, pourtant ma raison s’y refuse. Pas ici, pas maintenant, pas comme ça.

— Si tu restes trop longtemps dans ma caravane, tu sais bien que cela sera suspect…

— Ca m’est égal !

Je cède à sa bouche et m’empare de ses lèvres douces et sucrées. Nous échangeons un long baiser. Mon corps est en ébullition contre elle, tandis que mon cœur demeure de marbre, froid et lisse.

Je quitte ses lèvres pour la repousser une nouvelle fois.

— Lucinda, arrête !

— Mais, je te veux, Scar !

— As-tu bien saisi les conséquences si nous allons plus loin ? Parce que jamais je ne t’épouserai…

Elle prend une mine déçue et fais la même moue que lorsqu’elle était enfant. Je l’oblige à se lever et lui mets dans les mains mon assiette avant de la pousser vers l’extérieur.

— Je reviens demain ! me dit-elle d’un air triste.

Je claque la porte derrière elle, puis la rouvre aussitôt.

— Lucinda ?

— Quoi ?

— Ferme pas ton camping, ce soir…

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