jusqu'à la mort

3 minutes de lecture

23 octobre 2079

Ustrington

 Loïc SAEZ

Pour la République Française,

 Monsieur, Madame,

 Je suis plus que conscient que je risque ma vie à vous écrire cette lettre. Je vous en prie, lisez-la. Sauvez le plus de personnes que vous pouvez.

 Encore deux jours et je vais enfin pouvoir quitter ce territoire. Encore deux jours et je serai enfin libre. Encore deux jours et je n'aurai plus à craindre la peine ultime.

 Comment sommes-nous passé, nous Ustringtonien, du pays le plus respectueux et sûr au pire d'entre tous ? Au seul avec la peine ultime ? À cette prison à laquelle il est impossible d'échapper ? Pourtant dans deux jours je vais le faire. Je vais quitter cette cage pour rejoindre l'humanité, la liberté, l'égalité et la fraternité. Au revoir la terreur ambiante bonjour la vie. Au revoir Ustrington et bonjour France. Bonjour votre Nation aimante, attendrie, libre et fraternelle.

 Je suis plus que conscient d'appartenir à la catégorie de la société la plus aisée. J'ai un studio que je n'ai pas à partager. Bien sûr il n'y a ni électricité ni eau courante mais c'est cela pour tout le monde à part pour Richbur, notre président. Croyez-moi cela me coûte très cher de dire président alors que les notions de liberté, de droit, de propriété, de fraternité et d'égalité ont disparues depuis son arrivée au pouvoir. Richbur, cet homme d'un mètre quatre-vingts, aux cheveux grisonnants a détruit mon pays, Ustrington. Depuis qu'il a tué Weclorn, notre ancien chef d'Etat, il y a deux mois, tout a changé. Tout salaire a cessé d'être remis, tout bien a été confisqué,etc... Les magasins n'existent plus, les gens ne peuvent rien faire. Il est impossible de retrouver d'autres personnes. La parole est interdite. L'écriture également. Si jamais ma lettre était trouvée je subirais la peine ultime, je serais exécuté. Je ne me tairais pas pour autant. Il faut que quelqu'un parle. Et je peux le faire grâce à ma situation.

 J'étais un militaire quelque peu basique avant. Maintenant je fais partie de la garde présidentielle. Croyez-moi, cela me déplaît tout à fait. Cependant je ne vais point changer cela. Premièrement, même si je le souhaitais je ne pourrais pas, je risquerais de me faire exécuter. Deuxièmement, j'ai une situation particulière. Troisièmement, je vais m'enfuir dans deux jours pour votre Etat. J'espère que vous m'accueillerez et que vous ne me renverrez pas dans ce lieu sans futur où nous sommes constamment menacés par la peine de mort.

 Êtes-vous, chers citoyens français, seulement au courant de la situation ici ? Savez-vous que plus personne ne sort par crainte d'être enlevé par le gouvernement Richbur ? Que les personnes sont maigres et sans couleurs à en faire peur ? Les regards vides, remplis de terreur et de désespoir ? Les seuls survivants sont des personnes de la trentaine ? Qu'il n'y a plus d'enfants ou de personnes âgées ? Que seules des vidéos de personnes se faisant torturer et Richbur passent sans arrêt sur chaque écran et qu'il est impossible de les arrêter ou de les éteindre ?

 Après-demain, chers citoyens français, je vous rejoins. Je souhaite mener ce dernier combat afin de retrouver une vie. Je n'ai aucune idée de quel est mon futur. Il est plus probable que je n'arrive point à atteindre votre pays synonyme de liberté, égalité et fraternité plutôt que j'y parvienne.

 Je n'ai honnêtement aucune idée de comment est la vie en France. Je vous vois plus comme une Nation heureuse, où il y a du travail, de quoi se nourrir et se loger. Quand je pense France je pense paix et sourire. Vous êtes la seule Nation en paix depuis trente ans. Comment faîtes-vous ? Chère France, quel est votre secret ? Je vous en prie sauvez-moi ainsi que mes pauvres concitoyens. Ce n'est plus une vie que nous menons. Il s'agit de survie et encore... Si je n'avais pas peur des répercussions j'aurais mis fin à ma vie depuis longtemps croyez-moi.

 Vous ne pouvez pas vous rendre compte de l'horreur environnante. Imaginez l'image d'un enfant se faisant arracher ses cheveux, brûler, couper et autre... Imaginez cela qui passe tout le temps sur l'écran devant votre lit, votre table, votre tapis, vos toilettes...

 Chère France, je me battrai jusqu'à la mort pour vous rejoindre. Pas tant pour moi que pour mes concitoyens souffrants.

 Chère France, à très bientôt.

 Jusqu'à la mort je me battrai pour te rejoindre et retrouver la vie.

Loïc SAEZ

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire SOLANA WILLOW ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0