Fin de la Partie 1. Pensées noires d'Anaïs et reprise du poil de la bête

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« Et enseignez-leur à mettre en pratique tout ce que je vous ai prescrit. Je serai avec vous tous les jours, jusqu’à la fin des temps ». Mathieu 28 :20

Je refermais la bible qui se trouvait sous la chambre d'hôtel déprimante dans laquelle je restai terrée.

Le soir arrivait et ni Charles ni Sara ne me verraient au dîner.

Tant pis. Mon portable coupé, je pouvais enfin me laisser aller à mon malheur.

Je ne cessai de ressasser. Les trous dans l'emploi du temps de Charles. Puis cette découverte sinistre, pleine de clichés, digne d'un série B, réservée à ce que je pensais être une catégorie étroitement dénommée "les autres".

Ca m'arrivait à moi. On se dirait désormais aux brunchs "tu ne sais pas la dernière, Anaïs, son nouveau mec est gay."

Je repensais à ce verset sur lequel j'étais tombée au hasard en ouvrant cette bible.

L'enseignement.

Que m’a-t-il enseigné ? Rien. De cette histoire je ne pourrai tirer aucun enseignement. C’est peut-être même cela le pire. Même pas un « il fallait bien le choisir » que m’aurait lancé ma grand-mère, mi-compatissante. Il ne m'avait rien appris. Ni comment sentir que quelqu'un mentait délibérément sur son orientation sexuelle, ni comment le flairer en l'absence de toute volonté de sa part de m'en faire part, rien. Rien sur les subtilités de l'instinct féminin pour détecter les hommes qui ne sont pas pour elles. Les hommes qui veulent juste "être mariés" ou "avoir des enfants" mais en aucun cas être dans une relation avec un femme.

Rien appris, donc. Rien enseigné.

Je me tournais en boule dans mon lit, allumant les informations, voyant défiler les politiques et éditorialistes sur les chaînes d'infos.

Et Fatima ? Que Fatima m’a-t-elle enseigné ?

Que la jalousie peut parfois me prendre aux tripes.

Que ses amants sont mille fois mieux que mon mari, défunt dans ma tête, me trompant avec un homme, probablement depuis longtemps et probablement délibérément.

Elle a toujours été meilleure élève que moi, à la fac, elle était plus assidue, avait de meilleures notes sauf quand je l’entraînais dans ma nonchalance, et où, dans ces moments-là, elle se sentait vivre mais ses notent chutaient.

Elle a eu un gros échec que je m’attribue en très grande partie. Moi, la fille des beaux quartiers, je pouvais me le permettre. Pas elle. Et j’ai contribué à son échec ; voilà qu’elle prenait une superbe revanche sur moi ;

Elle était avocate, professeure de philosophie et co-gérante d’un coworking, rien que ça, tandis que je n’étais que la dernière de ces propositions.

La boîte, en plus, allait mal.

Si elle coulait ; elle le supporterait ; la pacte d’actionnaires lui octroyait seulement 20% de ce monstre tremblotant et sentant la faillite que représentait notre boîte depuis quelques moi, voire quelques années.

Moi, c’était à 51% que le risque pesait sur moi. En somme, j’engageais toute ma responsabilité, toutes mes économies que j’avais dès le départ mises entièrement dans cette boîte, cette franchise que je reluquais depuis des années de salariat, cette fausse liberté qui me faisait de l’œil avant de m’engloutir dans le stress et les cernes au regard de l’année écoulée.

***

A la suite de ce flot de pensées, Anaïs prit son courage à deux mains, se leva et se jeta dans un taxi vers le centre ville.

Il s'était amusé ? Eh bien c'était à elle, maintenant, de s'amuser.

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