Chapitre 7

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Le trajet pour rentrer chez moi ne m’a jamais paru aussi long. Parfois, je regrette de ne pas prendre ma voiture pour aller travailler, surtout lorsque je vois tout le monde qui s’engouffre dans le bus. J’ai toujours détesté être serrée contre des inconnues et encore plus dans un endroit aussi confiné.

La chaleur étouffante n’arrange rien, bien au contraire. L’odeur forte de sueur provenant de mon voisin corpulent m’agresse mes narines. Depuis le début d’après-midi, je fantasme sur le fait d’aller prendre une douche bien froide. Au moins la journée à passer relativement vite, cela est sans doute au fait que Roger n’est pas venu travailler. D’ailleurs, c’est assez étrange, Ethel m’a assuré que ça ne lui arriver jamais.

Je me demande si c’est dû à ce qui s’est passé hier soir. Je suis peut-être allée trop loin en lui jetant ce verre de vin dans la figure, mais il m’a tellement énervé que je n’ai pas me retenir. Cependant, j’ai préféré ne rien dire sur ce qui s’est passé. Je l’ai déjà humilié au restaurant pas besoin de réitérer au travail.

En apercevant mon arrêt, une vague de soulagement s’empare de moi. N’en pouvant plus d’être si oppressé je sors rapidement. Je marche vers mon immeuble appréciant l’air chaud qui caresse mon visage. En entrant dans le hall de l’immeuble, je suis stupéfaite par la fraicheur qui me frappe.

— Camélia ! s’écrit la petite voix enfantine de Maisy en me sautant dessus.

— Bonjour ma puce, toujours aussi belle.

Je m’abaisse pour être à sa hauteur, admirant sa robe fleurie. Je me retrouve une nouvelle subjuguée par sa ressemblance avec Kieran. Je me demande comment j’ai pu pour ne pas le remarquer. Elle a exactement le même sourire angélique que lui. Seuls ses yeux d’un bleu extrêmement clair contrastent avec ceux de son père.

— Excusez là Camélia depuis ce matin c’est une vraie pile électrique, m’explique Faith en s’approchant de nous.

Voyant Maisy trépigner d’un pied à l’autre en fessant la moue, je me retiens de rire.

— Ce n’est rien, elle reste adorable.

— Cela dépend des fois, taquine Faith en me fessant un clin d’œil, d’ailleurs je voulais vous dire que les garçons ont adoré votre tarte.

— Ah parce qu’il l’on gouter ?

Remarquant surement mon étonnement, Faith me lance un regard d’incompréhension et en est presque gêné. Je ne sais pas pourquoi, mais cela me dérange, j’en suis presque mal à l’aise.

— Tonton en a même pris deux fois, précise fièrement Maisy en me montrant deux doigts.

— Oui puisqu’il en rester je l’ai mis de côté pour leur faire gouter, j’espère que vous ne m’en voulez pas ?

— Non pas du tout, la rassuré-je en lui offrant une esquisse de sourire.

Comment pourrai-je lui dire que son petit-fils et son ami sont trempés dans un trafic de drogue et peut-être même pire ? Elle est si gentille et attentionnée que j’ai peur qu’elle ne pas s’en remettre.

— Il est déjà cette heure on mon dieu que le temps passe vite, on doit y aller sinon je vais être en retard pour mon rendez-vous médical et il faut à tout prix qu’il renouvelle mon ordonnance.

— Mais je n’ai pas envie d’y aller, c’est nul les médecins… bredouille Maisy en fessant la tête.

— Je sais, mais je n’ai pas le choix ma poupée.

Je sais que ce n’est pas une bonne idée, surtout après ce que Kieran m’a dit, mais mon côté altruiste prend le dessus. Comment pourrai-je résister devant une bouille comme celle-là.

— Si vous voulez, je peux la garder.

— Oh oui ! s’exclame-t-elle en venant agripper la manche de Faith, s’il te plait dis oui.

— Je ne suis pas sûre, je ne voudrais pas vous déranger.

— Mais non ça, ne me dérange absolument pas, bien au contraire.

Je vois bien qu’elle hésite, mais apparemment personne ne peut résister au charme de Maisy puisqu’elle finit par lui faire un grand sourire.

— S’il te plait tatie, je serai très sage, promet-elle en fessant des yeux doux.

— Bon OK, mais tu me promets que tu seras polie.

— Oui !

Je ne l’ai jamais vue aussi exciter et enthousiasme. La voir ainsi me fait oublier tout le reste, sauf peut-être mon envie d’une douche froide, mais je vais faire avec.

— Bon d’accord j’essayerai de faire vite.

— Prenais votre temps, tout ira bien.

— Merci beaucoup, je vous revaudrai ça.

— Ce n’ait pas nécessaire, c’est avec plaisir que je le fais, lui affirmé-je en venant prendre la main de Maisy avant d’ajouté, vous devrez y aller ou sinon vous aller vraiment finir en retard.

— Amusée vous bien alors, déclare-t-elle en sortant de l’immeuble.

En montant les marches, j’ai un sentiment d’insécurité qui s’empare de moi. Je vais garder la fille d’un trafiquant de drogue qui m’a menacée il n’y a même pas une semaine. On peut presque croire que j’ai des envies suicidaires.

Il faut que j’arrête de penser à lui, à ses yeux hypnotisant, à son sourire parfait, à son parfum qui m’a obsédée tous le week-end et surtout à son corps musclé. Il me suffit de fermer les yeux pour que j’entendre sa voix grave prononcer mon nom. J’ai tout essayé, mais je n’arrive pas à le faire sortir de ma tête…

— Tu as des crayons de couleur.

La petite voix enfantine de Maisy me ramène à la réalité, gêner de fantasmer sur son père je m’oppresse d’ouvrir la porte de mon appartement.

— Oui, il faut juste que je les retrouve dans mon bazar.

— Wouah c’est trop beau ! s’écrie-t-elle en rentrant.

— Attend tu n’as pas tout vu.

J’avance jusqu’à mon lit pour allumer la guirlande lumineuse qui parcourt mon mur. Ses yeux clairs pétillent en admirant les petites lumières entourant certaines de mes photographies.

— C’est ta famille. Me questionne-t-elle en pointant une d’elles du doigt ?

— Oui là c’est mes parents et juste à côté de moi c’est ma petite sœur, Fanny.

Je me souviens parfaitement du jour qu’on a pris la photo. On était partie voir mes grands-parents maternels à Concepción au Chili. Juste après avoir pris la photo, il y a eu un énorme orage, on était trempé jusqu’à l’os, mais il faisait tellement chaud qu’on s’est amusé avec Fanny à sauter dans les flaques d’eau. On ne pouvait plus arrêter de rire. Dire que cela date deux ans déjà.

— Tu as trop de la chance d’avoir une sœur, moi j’aurais trop aimé en avoir une.

— Tu sais ce n’est pas toujours simple, il faut sans cesse montrer le bon exemple et crois-moi ce n’est pas une chose facile.

— En tout cas elle trop belle.

— Plus belle que moi, insinué-je faussement vexé.

— Mais non, mais c’est moi la plus belle.

— Petite chipie, riais-je en venant la chatouiller.

J’adore l’entende rire aux éclats tout en se tortillant. Comment ne peut-on pas avoir un immense sourire en la voyant ainsi ?

— Je vais aller voir si je trouve mes crayons et des feuilles blanches, reprenais-je en commencer à fouiller dans mes tiroirs.

Heureusement que j’ai gardé mes anciens crayons de couleur, adolescent je me prenais pour une grande artiste. Sauf que je n’ai jamais eu de talent et encore moins pour le dessin. Je viens tous poser sur la table base où Maisy est déjà installé.

— Comme ça, je vais te faire tout plein de joli dessin !

— Et celui que tu trouveras le plus beau, je l’accrocherai à mon réfrigérateur pour montrer à tout le monde ton talent.

— D’accord ! Répond-elle concentrer en attrapant une feuille.

Voulant participer avec elle, je prends également une feuille blanche et commence à vouloir dessiner un lapin. C’était la chose seule chose que j’arriver à peu près à faire. Je tente pendant plusieurs minutes de faire quelque chose qui ressemble de près ou de loin à un léporidé.

En fin de compte, on dira que mon lapin vient de se faire écraser. Au moins, cela confirme ce que je savais déjà, je ne suis pas douée en dessin. Je jette un coup d’œil à celui de Maisy qui reste concentré sur sa girafe et je dois avouer que pour une enfant de cinq ans elle dessine vraiment bien.

— Ta girafe est très belle.

— Elle sera encore plus jolie quand je l’aurai coloriée en jaune et violet.

— Jaune et violet ? Ce n’est pas commun pour un animal, me moquais-je en la regardant.

— Oui, mais c’est plus joli, argument-elle très sérieusement me faisant rire.

N’en pouvant plus de la chaleur étouffante, je me lève du canapé pour aller ouvrir la fenêtre de la chambre.

— Tu n’as pas chaud. Est-ce que ça te dira une limonade ?

— Oui s’il te plait, minaude-t-elle en essayant de s’appliquer dans son coloriage.

Je sors du réfrigérateur la bouteille en verre pour verser le contenu dans deux verres. Je coupe des rondelles de citron et sors du congélateur des glaçons pour les mettre dans le liquide. À peine ai-je posé les verres sur la table base que Maisy en bois une gorgée. Je commence à tout ranger lorsque j’entends quelqu’un frapper à la porte.

— Ah ! ça doit surement être Faith,

— Déjà ! Mais je n’ai même pas fini ma girafe.

— Je suis sûre que Faith va te laisser le terminer,

En ouvrant la porte, je me retrouve figée en apercevant que ce n’est pas Faith, mais Kieran. Ses yeux sombres me fixent avec une telle intensité que j’ai l’impression qu’il peut lire en moi. Me rendant compte que je suis trempée de sueur et que je dois surement sentir la transpiration.

Étrangement, lui n’a pas du tout l’air de ressentir les effets de la chaleur, même son tee-shirt ne porte aucune trace de transpiration. Je peux encore sentir son parfum frais. Son tee-shirt bleu nuit, mais en valeur sa peau marquée par l’encre noire.

— Papa ! s’écrie Maisy en accourant vers lui.

Aussitôt, Kieran la soulève aisément pour la prendre dans ses bras. Je me retrouve une nouvelle fois touchée par cette scène de complicité qu’il y a entre eux.

— Ma coccinelle, ç’a été ta journée ? lui demande-t-il en la reposant à terre.

— Oui avec Camélia on a fait plein de dessin regarde.

Maisy vient agripper la main de son père et l’emmène à l’intérieur. Me rendant compte qu’un trafiquant est sur le point de rentrer dans mon appartement, j’agrippe son bras, le retenant d’avancer. Je peux sentir ses muscles se contracter sous mes doigts. Ses yeux fixent un instant ma main avant de me lancer un regard indéchiffrable.

— Ton père doit surement être pressé, tu n’as qu’à emporter les dessins avec toi.

Je retire ma main du bras de Kieran tout en fessant un sourire à sa fille.

— Est-ce que je pourrai revenir chez Camélia ?

— Bien sur ma puce, tu es ici la bienvenue,

— On verra ma coccinelle, est-ce que tu peux descendre je dois parler à Camélia. Il y a Lyd et Kocksy qui t’attende.

— D’accord en revoir,

Je lui fais un faible sourire, incapable de faire. Mon cœur s’emballe en me rendant compte que je vais me retrouver une fois seule avec Kieran, sans personne pour me protéger. Il passe sa main dans mes cheveux, remplaçant quelques mèches de ses cheveux foncés en arrière.

— C’est la dernière fois que tu la gardes, suis-je clair ? me prévient-il d’une voix beaucoup trop calme.

Ne remarquant aucune réponse de ma part il commence à s’avancer vers moi, surement dans l’objectif de m’intimider comme la dernière fois. Sauf que cette fois je ne recule pas. Je tente de garder le contrôle pour ne pas lui montrer un seul signe de faiblesse. Il est hors de question qu’il puise avoir le moindre pouvoir sur moi.

Ma réaction fait naitre un détestable demi-sourire. Il est si près de moi que nos corps se frôlent, je suis obligée de lever la tête pour pouvoir le regarder dans les yeux.

— Tu devrais plutôt me remercier, lui lançais-je d’une voix peu sure.

— Ah oui et pourquoi, réplique-t-il en venant appuyer sur ma main sur le mur à côté de moi toujours aussi amusé.

— Au moins, je m’occupe d’elle, alors que toi tu préfères trainer dans la rue.

Le regard de Kieran change aussitôt en entendant mes mots, je suis peut-être allée trop loin. Devenant beaucoup plus menaçant il approche son visage du mien.

— Tu devrais réellement apprendre à te la fermer, tu ne sais rien du tout ! finit-il par dire en s’éloignant de moi ?

J’ai du mal à retrouver une respiration à peu près normale. Tandis que Kieran commence à sortir de l’appartement, il me lance un dernier regard.

— Tu devrais peut-être déménager, ajoute-t-il en fermant ma porte d’entrée.

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