Chapitre 5

16 minutes de lecture

Je vérifier une nouvelle fois que je n'aie rien oublié, les citrons, le sucre, la farine. Logiquement, il ne manque rien pour la préparation de la tarte ? Ça fait tellement longtemps que je n'avais pas fait ce gâteau qu'il a fallu que je recherche la recette sur internet. J'espère qu'il sera aussi délicieux que celui qui avait fait Maisy et Faith. Puisque j'ai encore un peu de temps avant de rentrer, j'en profite pour aller me balader dans les allées commerçantes. Surtout que cette fois j'ai pensé à mettre des chaussures confortables. J'ai toujours aimé me promener dans les ruelles pour observer les vitrines des magasins et peut-être trouver un coup de cœur.

C'est ce que j'adore à San Francisco, il y a absolument tout dans cette ville. Voyant l'heure défiler je décide de rentrer jusqu'à ce que mon regard soit attiré vers un magnifique haut noir transparent. Le Débardeur en col V est orné de fleur bleue. Une partie en moi me supplie de passer la porte de la boutique pour l'essayer, mais l'autre me rappelle que je dois économiser.

Je me laisse tenter et pénètre dans le commerce où une odeur de fraise fraîche vient m'effleurer les narines. Je file tout droit vers le même top de dehors qui est accroché au centre en velours. J'hésite quelques secondes à la mettre, mais lorsque se frôle le tissu soyeux je craque. J'attrape le haut et pars dans la cabine.

Je le trouve encore plus beau maintenant qu'il est sur moi. Les fines bretelles se croisent laissant un dos nu tandis que le voile transparent foncé donne à côté très romantique. Tant pis j'économiserai un autre jour. En regardant l'heure pour mon portable, je m'empresse de me changer pour aller payer et rentrer. Si je ne me dépêche pas, je ne vais pas avoir le temps de faire la tarte citron meringuée.

Arrivant à l'arrêt, je suis soulagée de voir le bus se stationner. Après trente minutes de transport en commun, je descends. C'est d'un pas pressé que je passe l'entrée de l'immeuble. En pénétrant dans l'appartement, je retire rapidement mon perfecto et m'attaque à la préparation de la recette. Si je veux que l'appareil ait le temps de prendre suffisamment, je vais devoir me dépêcher.

Je prélève le zeste du citron lorsque ma sonnerie retentit. Je pose tout ce que j'ai dans les mains et les essuie avec un torchon avant d'attraper mon portable dans la poche arrière de mon jeans. Voyant que c'est ma sœur je réponds heureuse de pouvoir entendre sa voix.

— T'en a mis du temps, râle-t-elle à peine ai-je décroché.

— Moi aussi je suis contente de t'avoir au téléphone, ironisé-je avant de reprendre plus sérieusement, j'étais en pleine cuisine.

— Toi tu cuisines ? se moque-t-elle avant de rajouter, tu es malade ou alors tu as rencontré quelqu'un ?

— C'est juste ma tarte au citron, arrête de te faire des films.

— Bien sûr, tu ne vas pas me faire croire que tu fais ton gâteau pour toi toute seule, dit-elle suspicieuse.

— Fanny, tu es exaspérant...

— C'est ta sœur, passe là moi s'il te plait, insiste ma mère en prenant le portable, ma chérie c'est toi ça fait tellement plaisir de pouvoir t'avoir au téléphone.

C'est vrai que depuis que je suis partie de la maison, je n'aie pas vraiment eu le temps de l'appeler.

— Bonjour maman.

— Tu veux venir dimanche midi manger, ça fait longtemps qu'on ne t'a pas vue.

— Bien sûr, Papa sera là ?

— Non désoler ma chérie, il a beaucoup de travail en ce moment. Il est parti hier matin sur une plateforme pétrolière. Tu devrais lui téléphoner, il sera content de t'entendre.

— Promis je vais l'appeler et je viens vers midi, ça te convient ?

— Parfait, je te repasse ta sœur, je t'aime.

— Moi aussi je t'aime maman.

— Pour dimanche, tu feras également ta tarte ou c'est seulement réservé pour une personne en particulier, me taquines Fanny en recupérant son portable.

— Je ne vais même pas prendre la peine de te répondre.

— Tu n'es pas marrante, ronchonne-t-elle.

— Je ne le suis jamais, il faut que je te laisse et ne fait pas ce que je ne ferai pas.

— Je ne te promets rien, rit Fanny avant de raccrocher.

Je lève les yeux au ciel tout en mettant le dernier album de Rihanna sur mon portable. Je tente de me concentrer de nouveau sur la recette, mais la conversation avec ma sœur m'a fait repenser à Jérémy. C'est grâce à lui que j'aime la tarte au citron. Je me rappelle encore chaque détail de cette soirée mémorable comme si c'était hier.

Je me revois émécher, sortant du restaurant où j'avais eu un rendez-vous catastrophique que m'avait organisé Lex, ma colocataire de l'époque. J'avais passé le repas à boire du vin pour m'aider à tenir le coup face à ce pseudo sportif qui état plus intéresser par ses muscles que par le monde qui l'entourer.

Il devait être à peine vingt-trois heures et voulant profiter de la douce brise de la fin d'été j'étais partie me balader prêt du courant d'eau qui traverser la ville. C'est alors qu'il est apparu, Jérémy Galaanh. Il sortait de soirée avec ses amis et pousser par eux il est venu me parler. Même si physiquement ils ne me plaisaient pas plus que cela, il avait ce quelque chose d'inexplicable qui m'attirer chez lui.

On a passé la nuit ensemble à traîner dans les rues. On a discuté de chose ridiculement insignifiante et pourtant j'aurais pu rester des heures à converser avec lui. On a terminé à cinq heures du matin dans un Diner à manger de la tarte citron meringuée.

Rien que de repenser à ce moment fait naître une esquisse de sourire sur mes lèvres. Jérémy était le garçon le plus gentlemen que je n'ai jamais rencontrer. Ce qui m'a toujours impressionnée chez lui c'était qu'il pensé que les contes de fées était réelle. Pour lui, il y avait forcément une âme sœur pour chaque personne de ce monde, destiné à être ensemble quoiqu'il arrive. À cause de moi je ne suis plus certaine qu'il y croie encore et ça, je ne suis pas sûre de pouvoir me le pardonner un jour.

C'est avec un mélange de nostalgie et tristesse que je garnis la pâte de meringue avec la poche à douille. Me concentrer dessus m'aide à ne plus penser à tous ses souvenirs révolus. Lorsque les billes de crème onctueuse recouvrent entièrement l'appareil au citron, je mets la tarte au micro-ondes avec la fonction grill pour qu'elle puisse colorer légèrement.

Cela me laisse assez de temps pour que j'aille changer de haut, puisque l'autre est désormais tacheté de farine. J'enfile une simple camisole rose poudrée qui fera très bien l'affaire. Même si ce n'est pas vraiment un vêtement pour sortir à cause de son décolleté très plongeant, je n'ai pas vraiment le choix, il ne me reste plus de hauts propres. Il faut que je pense à les amener dimanche pour faire une machine.

Au départ, j'allais à la laverie du coin, mais ce n'est plus un squatte de jeune. Les autres laveries se trouvent plus loin et je n'ai franchement pas envie de prendre les transports en commun avec un sac de linge sale. Voyant que je suis déjà en retard je me dépêche de passer un coup de brosse dans mes cheveux. Même s'ils ne sont pas vraiment bien coiffés, cela fera l'affaire. Je sors la tarte du micro-ondes plutôt satisfaite de moi. J'attrape mes clés et mon portable avant de franchir le seuil de la porte les bras chargés. Heureusement qu'elle habite juste à côté. À peine, je frappe qu'elle s'ouvre sur la petite bouille de Maisy.

— Wouah tu es toute jolie ma puce.

— Je sais, rit-elle en faisant virevolter sa robe blanche avant de préciser fièrement, c'est mon papa qui me l'a offerte.

Je m'abaisse pour être à sa hauteur essayant tant bien que mal de ne pas renverser le gâteau. Je n'ai jamais été très adroite. En voyant la tarte, les yeux de Maisy se mettent à pétiller d'envie.

— Est-ce que je peux le goûter ? bredouille-t-elle en trépignant sur place.

Comment pourrais-je lui refuser devant sa petite bouille trop mignonne ? J'approche le gâteau tandis qu'un sourire immense illumine son visage d'ange.

— D'accord, mais seulement un doigt sinon il n'en aura plus pour Faith

Sans plus attente Maisy plonge son index dans la meringue, on peut entente quelque craquement provenant de la fine couche dorée. C'est avec un regard pétillant qu'elle apporte la crème onctueuse à sa bouche. Je n'ai même pas besoin qu'elles le disent pour savoir que j'ai réussi ma tarte.

— C'est trop bon ! s'écrit-elle surexciter, pourvu qu'on arrive vite au dessert.

— Petite gourmande !

Je viens lui chatouiller son ventre la faisant rire en éclat. Se son est tellement mélodieux que je pourrai ma journée à l'entendre. Maisy malgré elle a réussi l'exploit de me faire oublier l'espace d'un instant mes soucis.

— Mais dit donc c'est que tu en as une jolie tache, comment tu t'es fait cela.

Ses yeux deviennent ronds en baissant sa tête vers la marque rose qui provient certainement d'un coup de feutre. Soudainement, gêner elle se tortille d'un pied sur l'autre en cherchant ses mots. Je ne peux m'empêcher d'être amusée voyant son visage faire la moue alors que ses pupilles clairs regardent le mur d'à côté.

— J'ai fait du coloriage, avoue-t-elle timidement.

— Alors tu es artiste.

Aussitôt, sa bouche se transforme en sourire radieux dévoilant toutes ses dents.

— Je t'ai même fait un dessin ! s'exclame-t-elle en m'attrapant l'avant-bras pour m'attirer dans l'appartement.

Je la suis jusqu'à la table à manger où plusieurs feuilles blanches s'éparpillent aux crayons. De nombreuses pages sont recouvertes de gribouillage plus ou moins reconnaissable d'animaux, d'arc-en-ciel et de fleurs. Néanmoins, quelqu'un se démarque du lot.

— Ils sont magnifiques.

— Celui-là c'est toi.

Je prends le dessin qu'elle me tend et sourire en comprenant que c'est moi, enfin je crois. Mes cheveux sont devenus bleus et mes bras ont deux fois la longueur du corps. Malgré tout ce qui me touche le plus, c'est son inscription dans le cœur rose qu'elle a faite. Pour la plus belle des voisines. Son visage impatient me scrute, attendant ma réaction.

— Merci beaucoup la puce c'est adorable, promis je vais l'accrocher sur mon réfrigérateur. Cela décora mon appartement.

— Si tu veux, je pourrai t'en faire plein d'autres ! s'enthousiasme-t-elle.

— Maisy laisse un peu Camélia respirer, elle n'a même pas pu poser ses affaires, intervient Faith en sortant de la cuisine, un tablier tacher sur ses épaules...

Ses longs cheveux grisonnants sont rassemblés en queue de cheval dévoilant son visage. Malgré son âge avancer elle reste une très belle femme. Cela se voie tout de suite que c'est une personne qui prend soin d'elle. Son parfum floral envahit la pièce et vient me caresser les narines lorsqu'elle s'approche de moi pour me dire bonjour.

— Ne vous inquiétez pas, Maisy ne m'embête, la rassuré-je en fessant un clin d'œil à la principale intéresser.

— De toute façon, il est l'heure de mettre la table, le repas sera bientôt prêt.

C'est sans motivation qu'elle commence à ranger ses affaires.

— Je peux aider, lui demandé-je en la suivant vers la cuisine pour déposer la tarte sur le plan carrelé. La décoration est exactement la même que dans la pièce à vivre.

— Je veux bien que tu mettes la table s'il te plait.

Je prends les assiettes qu'elle me tend et remarque aussitôt qu'il y en a deux de trop. Voyant mon regard interrogateur elle ajoute ;

— J'espère que cela ne te dérange pas, mais mon petit-fils et son ami viennent manger avec nous ce soir. Ce sont de gentils garçons et je suis certaine qu'ils vont pouvoir te faire rencontrer du monde.

— Bien sûr que non, lui répondis-je en faisant un sourire légèrement crispé.

En déposant les assiettes sur la table, je jette un regard sur mon décolleté et regrette aussitôt de ne pas avoir pris le temps d'aller laver un de mes autres hauts. J'hésite quelques secondes à aller chercher un gilet, mais me ravise en entendant frapper à la porte.

— Camélia, est-ce que tu peux aller voir s'il te plait, je dois surveille le rôti du four si je ne veux pas qu'il brule. Cela doit surement être les garçons.

— D'accord.

J'essaie un minimum d'arranger ma camisole pour ne pas que cela fasse trop aguicheur et part ouvrir. Ma respiration se coupe lorsque mes yeux plongent dans son regard perçant. C'est la deuxième fois que je me retrouve si près de lui et je suis toujours incapable de bouger et encore moins de faire sortir le moindre son de ma bouche. Être en face à lui, à quelques de chose de terrifier et d'excitant.

— Tu comptes prendre racine ou tu nous laisses entrer, s'impatiente l'autre homme costaud qui l'accompagne.

Je reviens brusquement à la réalité et me décale du passage en détournant les yeux je n'aie pas fait attention à lui, pourtant c'est quelqu'un d'assez imposant. De gentils garçons, comment Faith peut-elle se tromper à ce point sur eux ? Je ne suis même pas sûre qu'elle sache réellement ce qu'ils trament dehors.

Je suis les deux hommes assez mal à l'aise jusqu'aux salons. Je cherche vainement une excuse pour partir, mais rien ne me vient, je vais devoir passer ma soirée avec des criminels. Remarquant Maisy terminer d'installer la table j'ai un pincement au cœur. Elle est tellement adorable que de la voir en compagnie des personnes pareilles me révolte. À peine a-t-elle vu les deux hommes qu'elle se met à courir dans les bras de celui au regard perçant tout en criant ;

— Papa !

Il me faut un temps pour assimiler ce que je viens d'entendre. Papa ? C'est lui son père, mais comment est-ce possible, je croyais qu'il était pompiers. Je sais que je dois surement être en train de le dévisager, mais je n'arrive pas à me dire que lui puisse avoir un enfant. J'ai du mal à avaler ça.

— Salut ma coccinelle, tu t'es bien amusé chez tata Faith.

— Oui j'ai fait plein de dessin.

C'est assez étrange de le voir avec Maisy, son comportement avec elle est totalement différent de celui qu'il a dehors. La façon dont il la regarde à quelque chose de touchant et presque vulnérable.

— Vous arrivez au bon moment, le rôti vient juste de terminer sa cuisson, s'exclame Faith en embrassant chaudement les deux hommes.

— Tu me connais j'arrive toujours au bon moment, rétorque le costaud en riant, en plus j'ai la dalle.

Faith lui sème une tape derrière son crâne chauve tout en lui faisant les gros yeux.

— Quoi ! qu'est-ce que j'ai fait encore ?

— Je t'ai déjà dit de surveiller ton langage, s'exaspère-t-elle, au moins Kieran est bien élevé lui. Tu devrais prendre exemple sur lui.

Entendant le compliment un sourire nait sur la lèvre de Kieran, le voir ainsi donne à son visage un côté angélique, c'est exactement le même qu'à Maisy. Cela me fait étrange d'être si près de lui. Je profite du fait qu'il ne fait pas attention à moi pour l'observer et je dois dire qu'il est toujours aussi beau.

— N'importe quoi, ronchonne-t-il en s'asseyant sur une des chaises.

J'ai énormément de mal à reconnaitre les deux hommes qui me font peur depuis que je suis arrivée ici. Jamais on ne peut déceler ce qu'ils font réellement hors de ses murs. Ce sont de vrais manipulateurs...

— Dois-je te rappeler que Faith a toujours raison ? rétorque Kieran amusé en posant Maisy par terre.

— De toute façon vous êtes toujours contre moi.

— Moi je suis avec toi tonton Greg, vient le réconforter Maisy en allant s'asseoir sur ses genoux.

Elle est tellement innocente et mignonne que j'ai dues mal à avalée que c'est la fille de Kieran. Peut-être qu'elle a tout hérité de sa mère, je me demande si elle est au courant dans quoi trempe le père de Maisy...

— Merci princesse, c'est toi la plus gentille.

— Je sais, sourit-elle heureuse.

— Et si ont passé à table les enfants, nous propose Faith en déposant un plat de salade.

— Excellente idée je commence à avoir faim, remarque Kieran.

— Là tu ne dis rien Faith, s'insurge Greg faisant rire tout le monde sauf moi.

Je préfère rester en retrait pour le moment. Lorsque Kieran enlève sa veste en cuir pour la poser sur le dossier de la chaise, je suis subjugué par ses bras recouverts d'encre noire.

Vêtu d'un simple tee-shirt foncé je peux aisément déceler que c'est quelqu'un de très sportif. Comme s'il sent mon regard brûlant sur son corps, il tourne la tête vers moi. Ses iris transpercent les miens et j'ai l'impression qu'il peut lire en moi. Je me sens vulnérable face à lui.

— Faith, tu nous présentes, demande-t-il d'une voix rauque me faisant frissonner.

— Ou avais-je la tête Camélia voici Kieran et Greg. Elle habite la porte d'à côté. Ne soit pas timide rejoint nous.

Je romps le contact avec Kieran et avance jusqu'à une des chaises libres et viens m'asseoir encore moins à l'aise qu'avant.

— Et elle travaille dans une dite terne, prononce fièrement Maisy en s'installant a mes côtés.

— Dans une dite terne ? Répète Greg en fronçant les sourcils.

— Un cabinet d'audit externe, répondis-je plus froidement qu'il n'aurait fallu.

— Tu te plais à San Francisco ? me questionne Faith en me passant le plat de purée.

— Oui assez, mais cela serait mieux s'il y avait moins de criminalité dans les rues, j'appuie mes propos en jetant un regard glacial aux garçons.

Greg me fusille du regard alors que Kieran ne me quitte pas des yeux. Il faut être aveugle pour ne rien remarquer ; pourtant Faith n'a pas l'air de faire attention à la tension qui règne autour de la table...

— Tu n'as pas l'impression d'exagérer un peu, tu as des idées bien arrêtées, tranche Kieran en servant.

— Je suis d'accord avec Camélia, les rues sont de moins en moins sûres et bientôt plus personne ne voudra sortir, poursuit Faith en me donnant le plat.

— C'est quoi la criminalité ? s'enquît Maisy avant d'avaler un boucher de purée de pommes de terre.

— Ce n'est rien ma coccinelle ; et si l'on changeait de sujet, conclu Kieran mettant un terme à la discussion.

Faith qui n'a rien remarqué de ce qui venant de se passer continue de parler de tout et de rien. Je préfère m'intéressait à ce qu'il y a dans mon assiette et n'écoute que très vaguement leurs conversations. Bien que j'essaie de ne pas faire attention, Kieran ne me lâche pas du regard pendant tout le repas. J'ai tellement hâte que ce diner se termine.

— Ça serait vraiment gentil de votre part les garçons si vous pouviez faire rencontrer du monde à Camélia.

Entendant cela je m'étouffe avec la gorgée d'eau que je viens d'ingurgiter. Je sais que Faith se veut bien vaillante, mais jamais au grand jamais je ne fréquenterai ce genre d'individu. Je ne comprends même pas comment elle peut ignorer à quel point les hommes qui sont à sa table ne sont que de vulgaire dealer qui traîne dans les rues.

— Je ne pense pas que les personnes que nous côtoyons lui conviennent, se moque Greg.

— Je suis d'accord avec toi, répliqué-je sèchement en essayant le liquide que j'ai renversé.

— Moi je suis certain que cela pourra te plaire, te faire sortir de ton monde de princesse, affirme Kieran amusée.

Alors que j'allais répondre, son portable se met à sonner. D'un rapide coup d'œil il s'excuse et se lève de table pour revenir à peine quelques minutes après.

— Je suis vraiment désolée Faith, mais avec Greg on va devoir s'en aller.

— Quoi déjà ! Mais on n'a même pas gouté au dessert, se lamente Greg.

— Le travail nous appelle, remarque Kieran me faisant pouffer.

Ce rire me vaut son regard noir, maintenant je sais qu'il ne faut pas trop le chercher. Apparemment, ma réaction le réjouit, un sourire amusé nait sur ses lèvres m'énervant davantage. Il a ce don pour me faire sortir hors de moi.

— Vous vous en allez déjà, déplore Maisy en se levant pour aller courir dans les bras de Kieran qui la soulèvent aisément.

— Je suis vraiment désolée ma coccinelle, mais je n'aie pas le choix. Je te promets que demain on ira manger une glace.

Il préfère être dehors à faire, plutôt qu'être avec sa fille, ça c'est le père de l'année.

— Une à la menthe et aux pépites de chocolat ?

— Évidemment !

— Je t'aime, finit-elle par dire tout triste alors que Kieran la repose à terre.

— Moi aussi je t'aime coccinelle.

— Prend soin de tante Faith pour moi, tu veux bien princesse, lui demande Greg en venant s'agenouiller devant elle.

— D'accord.

— Faite attention à vous les garçons, surtout toi Greg je sais à quel point tu peux être maladroit s'inquiète Faith en s'approchent de son petit-fils.

— Promis

— De toute façon, j'ai toujours un œil sur lui, avec moi il ne risque absolument rien, lui rassure Kieran, le repas était délicieux.

— Merci beaucoup, c'est tellement dommage, vous n'allez pas pouvoir gouter à la tarte.

— Ça sera pour une prochaine fois. Camélia tu nous raccompagnes.

Entende Kieran prononcer mon nom, fais naitre une sensation étrange. Ne me laissant pas vraiment le choix, je le suis à contrecœur. À peine qu'on ait passé l'arcade de la porte d'entrée qu'il vient me coincer contre le mur.

— Si tu l'ouvres sur mon trafic, tu le regretteras, articule-t-il calmement en me plongeant son regard dans le mien.

— Je n'ai pas peur de toi...

Un sourire nait sur ses lèvres tandis qu'il s'approche dangereusement de moi. Mon cœur bat tellement fort que j'ai l'impression que tout l'immeuble peut l'entendre. Il est si près de moi que son parfum frais vient effleurer mes narines, me fessant tourner la tête.

— Tu devrais faire attention à ce que tu dis, des choses pourraient t'arriver.

Toujours avec ce sourire amusé il s'éloigne de moi en enfilant sa veste et rejoint Greg. Même s'il est parti, sa voix, son odeur, ses yeux me hantent encore. Je ne réalise pas ce qu'il vient de se passer.

Annotations

Vous aimez lire Enumera ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0