Amour : 

les 10 commandements !

(EXTRAIT) 

Suzanne Marty

 

Copyright 2017 Sandrine Lemercier

***

Avant-propos

Pour simplifier l’écriture de ce livre, j’ai généralement considéré que je m’adressais à une femme. Pour autant, il me semble que ces dix commandements peuvent concerner tout le monde. Les femmes n’ont en effet pas le monopole des histoires de cœur foireuses…

Introduction

Les pièges de Cupidon

Le domaine de notre vie qui génère le plus de frustrations et de déceptions est sans aucun doute le domaine amoureux. Que de temps perdu à soupirer après de beaux indifférents, à attendre l’improbable coup de fil d’un troll sexy ; que d’énergie gaspillée dans des histoires foireuses, que de larmes versées à cause d’illusions perdues…

Et combien j’aurais aimé – à 15 ou 20 ans – que quelqu’un me donne quelques règles simples, à apprendre par cœur, à graver dans ma cervelle afin d’éviter de tomber dans tous les pièges posés par notre ami Cupidon. Pièges – si l’on y réfléchit trois secondes – que nos parents et grands-parents ont connus avant nous, qui sont au cœur d’une quantité colossale de fictions et de témoignages… et dans lesquels nous continuons pourtant tous de tomber avec une constance désarmante. Pourquoi diable nous croyons-nous obligés de vérifier par nous-mêmes la véracité de principes établis depuis des millénaires ?!

 

Je remarque pourtant que nous n’éprouvons pas le besoin d’assassiner quelqu’un ou de cambrioler une banque pour comprendre que tuer et voler ne favorise ni notre épanouissement personnel ni notre réussite sociale. Alors pourquoi nous obstinons-nous à cumuler les erreurs élémentaires dans notre vie sentimentale ?

Pour que cette malédiction cesse, j’ai tenté d’établir une liste de « commandements » qu’il me paraît judicieux de respecter dans le domaine amoureux :

1) Ton cœur tu suivras ;

2) Les ménages à trois tu fuiras ;

3) Amour et amitié tu ne confondras pas ;

4) Les bourreaux des cœurs tu snoberas ;

5) Tes ex – si tu peux – de ta vie tu sortiras ;

6) Les mirages de l’amour tu reconnaîtras ;

7) Ton corps tu aimeras ;

8) La violence tu ne tolèreras pas ;

9) De la passion tu te garderas ;

10) À trouver l’amour jamais tu ne renonceras.

 

Si je me limite à dix commandements, ce n’est pas seulement pour plagier un des plus grands best-sellers de tous les temps, mais aussi pour rendre la mémorisation plus facile. Nous savons en effet que notre petit cœur, quand il s’emballe, a une fâcheuse tendance à court-circuiter le cerveau. Il est donc utile de garder sous le coude une petite liste de repères très simples, à sortir en cas d’urgence et auxquels se référer quand notre QI et notre capacité de jugement vis-à-vis de l’élu(e) approcheront du 0 absolu.

Cette liste est-elle révolutionnaire ? Sans doute que non. Mais force est de constater que si ces principes ne sont nouveaux pour personne, ils sont rarement assimilés. Sinon la plupart des échecs amoureux ne relèveraient pas d’une entorse à une ou plusieurs de ces règles de base. En tout cas tous les miens, je l’admets, et quasiment tous ceux des personnes que je connais ou que j’ai connues.

Avec un peu d’entraînement, j’espère que nous apprendrons à notre cœur à faire preuve de discernement. Nous pourrons ainsi consacrer notre temps et notre énergie à des projets constructifs et captivants plutôt qu’à des romances coûteuses et condamnées d’avance. Et avec un peu de patience, peut-être serons-nous un jour tous heureux en affaires ET en amour ! En attendant, voyons plus en détail pourquoi j’ai choisi ces dix commandements-là…

Commandement n° 1 :

Ton cœur tu suivras

Pour trouver l’amour avec un grand A, il faut commencer par écouter ce que notre cœur nous raconte. Cette première règle paraît évidente et, pourtant, elle n’est pas si facile à suivre.

Première raison : le cœur peut s’enflammer pour des tas de motifs qui n’ont rien à voir avec l’amour. C’est ainsi qu’étant ado et même bien plus tard, nous croyons tomber amoureux de tous les canons qui croisent notre regard tant dans la réalité que sur les écrans de cinéma ou les panneaux publicitaires. Inutile de les connaître, ni même de ressentir de désir pour eux, les voir peut suffire à remplir notre cœur de joie et d’émerveillement. Et qu’importe si l’acteur magnifique du film a désormais 90 ans, s’il est mort ou si ce personnage hyper sexy de dessin animé n’a jamais existé, nous en tombons « amoureux » comme s’il se tenait là devant nous.

Pourquoi notre petit cœur palpite-t-il ?

J’ai fini par m’apercevoir que je ressentais des émotions similaires face à une très jolie femme, en réussissant un examen, en obtenant un nouveau rôle, en mangeant mon plat préféré, en lisant une chronique enthousiaste sur mon roman, etc. Notre cœur peut donc s’emballer devant une personne sans en être amoureux pour autant. En l’occurrence, l’« amour » que beaucoup d’entre nous ressentent face à certains physiques avantageux vient tout simplement du fait que notre cœur aime les bonnes choses et les gens beaux.

 

Quand le cerveau s’en mêle…

 

Deuxième raison pour laquelle il est difficile d’écouter notre cœur : il n’est pas le seul à donner son avis. Même s’il ne s’émeut pas plus que ça, nous pouvons nous enticher sérieusement de quelqu’un qui nous fait tilter le cerveau ou affole notre macrobiote. Notre tête nous rendra ainsi « amoureuse » de l’intelligence d’un homme, de sa gentillesse, de son humour, de son éducation, de ses qualités de cuisinier, de maître de maison, de ses bonnes relations, de son portefeuille ou tout simplement de l’amour qu’il nous porte et nous donne l’impression d’exister.

 

Gare au macrobiote !

 

Quant à notre macrobiote, constitué entre autres des bactéries intestinales, il a le pouvoir colossal de nous attirer physiquement vers toute personne qui lui paraît biologiquement compatible. Et quand le macrobiote jette son dévolu sur quelqu’un, il faut avoir le cœur et le cerveau bien accrochés pour résister à son influence, qui se traduit par une attirance sexuelle quasi-irrépressible pour l’objet du désir. Pour vous donner un exemple : en bidouillant le macrobiote d’une souris un scientifique peut la rendre sexuellement attirée par les chats, ce qui n’est généralement pas très bon pour son avenir. Nous aurons l’occasion de reparler de notre ami le macrobiote quand nous aborderons le commandement n° 4 sur les bourreaux des cœurs, que j’appelle aussi les trolls sexy.

 

Le cœur a ses raisons, mais aussi ses limites

 

Troisième raison : même quand notre cœur s’enflamme réellement pour un homme, il faut se rappeler qu’il n’a – le pauvre – pas d’yeux, pas d’oreilles et pas beaucoup de neurones. Il n’a que faire de l’âge de son élu, de sa proximité géographique, sociale, intellectuelle, culturelle ou encore de sa situation familiale. On peut donc tomber sincèrement amoureuse d’un homme marié et père de famille, d’un Norvégien quand on habite l’île de la Réunion, d’un supporter des All Blacks quand on porte les couleurs du XV de France ou d’un membre du Parti communiste quand on vote pour les Républicains. Quant au macrobiote s’il décide de bouder l’élu du cœur, à moins d’être adepte de l’amour platonique, l’histoire est mal barrée. Conclusion : pour réussir une histoire d’amour il faut que le cœur, la tête et le corps soient d’accord sur le choix du partenaire.

 

Le trio gagnant

 

Aujourd’hui quand je croise un homme qui me plaît, je prends un moment pour faire le silence dans ma cervelle, je tente de faire abstraction de ce qui se passe sous mon nombril et je demande à mon petit cœur : « Et toi, t’en penses quoi ? »

S’il fronce le ventricule ou entrouvre une oreillette en marmonnant : « C’est à moi que tu parles ? » – ce qui est (très) fréquent – je passe mon chemin. Car je sais que cette histoire, même si elle paraît jolie au premier abord, ne part pas sur de bonnes bases. Un jour, mon cœur palpitera vraiment pour quelqu’un et j’aurai envie de l’écouter. Une histoire d’amour est avant tout une histoire de cœur, n’est-ce pas ?

 

Alors on fonce ?

 

Par contre si je sens mon cœur rayonner et faire des bonds dans ma poitrine, alors là j’examine le cas de plus près. Si le cerveau ne m’informe d’aucune incompatibilité majeure et que le macrobiote me fait de jolis papillons dans le ventre, je me pose une dernière question :

— Est-ce que l’élu de mes cœur-tête-corps ressent la même chose que moi ?

Si la réponse est apparemment non, c’est très dur mais je passe aussi mon chemin. Car une histoire d’amour à sens unique ne peut que finir en eau de boudin. Mais si la réponse est clairement oui, alors là je ne me pose plus de question : je fonce. Et vous pouvez faire pareil !!

 

Commandement n° 2 :

Les ménages à trois tu fuiras

À partir de 30 ans beaucoup d’hommes sont casés, avec ou sans enfants. Et comme ils vaquent quand même librement dans le vaste monde, toute femme encore célibataire peut croiser ces heureux époux et bêtement tomber amoureuse de l’un d’eux. Notre cœur ne se manifestant pas souvent, la tentation est grande de conclure qu’il s’agit peut-être là de l’homme-de-notre-vie. Il est pris ? Et alors ? Tout le monde peut se tromper : il suffit qu’il réalise son erreur et tout sera pour le mieux dans le meilleur des mondes.

 

Mon cœur me dit que c’est lui mais il est pris !

 

Quand le cas se présente, il y a trois possibilités :

1) ledit gentleman casé accueille nos témoignages d’affection avec circonspection, et nous fait comprendre avec moult précautions qu’il ne s’intéresse pas du tout à nous. C’est le meilleur cas de figure, car nous pourrons assez vite passer à quelqu’un d’autre ;

2) ledit gentleman casé est touché de notre intérêt. Il nous informe de l’existence de sa femme, mais nous prévient sans la fermeté nécessaire qu’il ne s’égarera pas dans une aventure extra-conjugale. Le cas est un peu moins favorable, car nous risquons d’espérer pendant quelque temps qu’il change d’avis ;

3) ledit gentleman casé est touché de notre intérêt, et décide d’oublier qu’il a une femme. Ne nous réjouissons pas trop vite, car nous n’allons pas tarder à regretter son ouverture d’esprit…

 

Un homme + deux femmes = THE plan Foireux

 

Je le dis tout net ce genre de relation à trois, si elle fait beaucoup rire dans les vaudevilles, ne fait généralement pas rire longtemps dans la réalité. Passées les premières semaines de découverte où voir en cachette un homme marié peut avoir son charme, nous souffrons vite de ce rôle subalterne qui oblige perpétuellement à :

– attendre ses appels, mails et textos car notre élu nous a gentiment demandé de ne jamais l’appeler ;

– boucher les trous de son emploi du temps professionnel et familial ;

– se taire quand sa femme appelle et endurer les mensonges qu’il lui fait avaler pour justifier ses absences ;

– fuir quand elle débarque inopinément ou, pire, faire ami-ami avec elle pour donner le change ;

– éviter les villes et les quartiers où l’élu est susceptible de croiser des personnes de son entourage ;

– passer toutes nos nuits ainsi que les fêtes et vacances sans lui, etc.

Et comme il est improbable et peu souhaitable que cet homme veuille rencontrer nos amis – sans parler de notre famille – cette relation se limitera à des tête-à-tête frustrants volés entre deux rendez-vous. Il nous sera donc impossible de construire quoi que ce soit de durable… à part une belle histoire foireuse. Franchement, est-ce que nous ne méritons pas mieux que ça ??

 

Exigez le premier rôle !

 

La pire conséquence du ménage à trois est, à mon avis, qu’il érode lentement mais sûrement notre estime personnelle. Le rôle de la maîtresse n’a jamais été très flatteur, même s’il se banalise. Chacun de nous aspire dans sa vie privée, à défaut d’ailleurs, à être la tête d’affiche. C’est une exigence totalement légitime. Y renoncer c’est se brader en tant que personne, accepter d’être considérée comme une poupée avec qui joue notre amant quand il est disponible et qu’il laisse dans un placard le reste du temps. Ce qu’il faut absolument refuser car on peut s’y habituer…

 

Don’t love the troll !

 

Autre raison pour éviter ce genre de relation, peut-être la première, c’est qu’un homme qui prend une maîtresse est souvent – pas toujours, ne généralisons pas – ce que j’appelle un troll. Quels que soient ses apparentes qualités, son niveau social ou intellectuel, les efforts qu’il prétend faire pour rendre la situation supportable, il ne vaut pas la peine que vous perdiez votre temps pour lui. Car s’il vous préfère malheureuse avec lui qu’heureuse avec un autre, il ne vous aimera probablement jamais assez pour quitter son épouse et ses éventuels enfants. Et c’est tant mieux, car avez-vous vraiment envie de vous retrouver un jour à la place de cette femme ?

Alors plutôt que de perdre de précieux mois ou même années dans une relation qui vous fera beaucoup plus de mal que de bien et bousillera votre ego, même si elle enrichira indéniablement votre culture amoureuse, pourquoi ne pas changer stratégiquement de trottoir ? Qui sait, peut-être que le véritable homme-de-votre-vie vous attend juste de l’autre côté de la rue… parmi les quelques milliards de célibataires de la planète.

 

Commandement n° 3 :

Amour et amitié tu ne confondras pas

Une erreur classique de l’apprentie-amoureuse est de confondre amour et amitié. Je parle des apprenties-amoureuses, car il me semble que c’est plutôt une erreur de jeunesse. Vers 20 ans, nous ne sommes pas si loin de nos années de collège où batifoler avec les garçons relevait plus de la camaraderie que de l’amour ou du sexe. Et quand on a été – comme moi – une ado pas sexy pour un sou, habituée pendant des années à côtoyer les garçons sans la moindre ambiguïté (ou presque), il est tentant de vouloir prolonger ces amitiés masculines à l’âge adulte. Et certaines sont tellement fortes et fusionnelles que le risque est grand de les confondre avec une histoire d’amour : « Quel est le problème ? », me direz-vous.

 

Pourquoi il ne faut pas se caser avec un ami

 

Le premier problème, c’est qu’une histoire d’amitié peut tourner à l’histoire de couple sur un malentendu. Notre meilleur ami tombe amoureux de nous, ou l’a toujours été, et profite de notre complicité pour nous attirer dans une histoire d’amour. Il n’a d’ailleurs peut-être pas eu besoin de nous pousser beaucoup pour réussir. Soit parce que nous étions flattée de lui plaire, soit parce que nous nous sentions seule à ce moment-là, soit parce que nous ne savions pas trop ce que nous ressentions ou encore parce que nous n’avons pas voulu perdre cet ami en l’éconduisant.

Le deuxième problème est que ce genre d’histoire boiteuse peut durer très longtemps, des années. Notre amoureux est convaincu que nous sommes la femme de sa vie quand nous restons parce que notre cœur roupille en attendant mieux. Ou parce que nous ne savons pas comment nous sortir de cette histoire sans blesser gravement notre conjoint et décevoir nos familles respectives. Ce qui arrivera immanquablement.

 

Comment savoir si vous vous êtes fourvoyée dans une histoire d’amour avec un ami ?

 

Si vous vous entendez comme larrons en foire avec votre conjoint, que vous faites tout ensemble, que vous adorez discuter de tout et de rien, ne vous disputez presque jamais, apparaissez comme le couple idéal aux yeux de vos familles et amis… mais que :

1) Votre corps n’aime pas vraiment celui de votre conjoint et ne l’a jamais aimé. Même si vous avez beaucoup d’affection pour lui et que vous aimeriez lui faire plaisir, vous vous soumettez au « devoir conjugal » à reculons ;

2) Chaque fois que vous lisez ou regardez une histoire d’amour, vous regrettez de ne pas ressentir les mêmes émotions que les héros ;

3) Vous n’avez pas envie de vous marier avec votre conjoint et encore moins d’avoir d’enfant avec lui ;

4) Vous avez repoussé le plus possible, jusqu’à des années, le moment de le présenter à vos parents ;

5) Vous vous sentez comme un imposteur quand vous êtes invitée dans sa famille et vous êtes embarrassée quand on vous pose gentiment des questions sur votre avenir commun, etc.

Alors il y a de fortes chances pour que vous soyez actuellement en couple avec votre meilleur ami.

 

Comment conserver vos amitiés masculines ?

 

Beaucoup de gens considèrent que passée l’adolescence l’amitié hommes/femmes n’est plus possible. Je ne suis pas aussi radicale. Il peut déjà arriver, même si c’est rare, que deux amis n’aient aucune attirance physique l’un pour l’autre. Ce qui explique par exemple les possibles amitiés entre femmes et gays.

Dans les autres cas, un peu de vigilance peut suffire à conserver ses amis du sexe dit fort. De mon côté, ayant fait l’erreur il y a longtemps de rester en couple pendant des années avec mon meilleur ami – et l’ayant perdu à cause de ça – je suis très attentive à ne pas laisser une histoire d’amitié déraper.

Si un ami ne m’attire pas mais ne le comprend pas, ce qui est fréquent, je repousse ses avances sans jamais rompre totalement le contact. Avec un peu de chance, au bout de quelques années (même si le pote n’est pas casé) nous connaîtrons une vraie relation amicale.

 

Moralité

 

Si vous attendez l’homme-de-votre-vie et que vous tombez un jour sur un type hypeeer sympa drôle et intelligent, avant de vous jeter dans ses bras ou de le laisser vous prendre dans les siens, prenez le temps de relire le commandement n° 1 afin de vous assurer que vous n’avez pas oublié de demander l’avis de votre cœur… et de votre macrobiote. Si l’un des deux boude votre élu, un bon conseil : temporisez. À moins d’un brusque réveil du retardataire, il est probable que vous venez de rencontrer un ami potentiel et non un amoureux. Et plutôt que de perdre tous les deux des mois ou des années dans une histoire certes agréable mais sans issue, attendez le prochain qui fera battre votre cœur.

FIN DE L'EXTRAIT

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