Bobby le poisson vert rentrait de sa pyramide comme tous les neptedis après-soir quand un aspirateur violet de l'hyperespace le héla de l'autre côté de l'autoroute avant de venir à sa rencontre, non sans avoir englouti les passants sur son chemin. Il lui proposa de devenir président de l'univers, mais Bobby déclina l'offre parce qu'il avait oublié son chocolat. Ils se séparèrent révérencieusement, puis Bobby décida de lui asséner un uppercut et de dévorer son cadavre mécanique. Malheureusement, il s'aperçut en s'exécutant qu'il n'était muni que de nageoires, et il glissa stupidement dans les airs, ce qui le fit bleuir. Il fut donc contraint de rentrer chez lui préparer du café au potimarron pour le souper. Ses invités en furent ravis parce que le fumet délicat du breuvage leur rappelait la délicieuse senteur des toilettes d'aéroport, pour reprendre la comparaison judicieuse de Michel le cyclope. Tout en mangeant, Jack la feuille morte lui demanda s'il avait des projets prévus dans l'immédiat. Bobby répondit : "Euh... À part nettoyer mon aquarium et envoyer une fusée sur Jupiter, je ne vois pas..." "Jupiter c'est ton voisin ?" réagit très logiquement Alphonse la belette dégoûtante. "Non c'est un amas de gaz qui flotte dans l'espace" expliqua Jean-Michel qui a été astrophysicien dans son enfance. Après quoi Jean-Michel, Alphonse et Jacqueline aidèrent Bobby à faire la vaisselle au lance-flamme et s'en allèrent, non sans que ces deux derniers s'embrassent sur le palier, profitant du changement de sexe de Jacques au cours du repas (les feuilles mortes sont exclusivement hétérosexuelles).

 Bobby fit une sieste de quelques siècles pour digérer, au milieu des flammes et des cendres. Puis quelques éclats provenant d'une bataille se déroulant près de là le réveilla en sursaut, et il se leva et tendit la main vers sa cafetière pour se préparer une tisane, mais il se souvint alors qu'il l'avait détruite l'autre après-soir. Il contempla les ruines de son ancienne meilleure amie, et eut un soupir philosophe. Acheter et détruire des cafetières, voilà bien sa vie, songea-t-il... Morne quotidien, si tant est qu'il existe un quotidien qui ne morne pas...

 Il sortit une branchie dehors, constata qu'il faisait très beau, et qu'il était donc temps de travailler sa plantation de tablettes de chocolat. Il y passa la majeure partie de l'avant-matinée, jusqu'à ce que la sueur perlant sur son menton lui fit signe de s'arrêter. Il s'assit sur un cactus et contempla les trous noirs qui pointaient tout le long du ciel. Il se dit qu'ils devaient certainement avoir bon goût, mais malheureusement il risquait de ne pouvoir les payer, parce qu'il n'avait aucune idée d'où trouver le vendeur d'objets célestes. Il n'y avait qu'à regarder, à toucher des yeux seulement.

 En rentrant, il trouva Michel en train de faire une orgie tout seul. "Hein ? Michel ?" s'exclama-t-il. "Ben quoi ? ça fait des siècles que je suis là !" observa Michel. À quoi Bobby n'eut rien à rétorquer, se souvenant qu'effectivement il n'était pas parti la dernière fois. Ils se lancèrent dans une bataille de lampes. Michel proposa d'utiliser des oreillers pour changer, mais Bobby trouva l'idée parfaitement saugrenue. Finalement, Michel asséna un coup décisif sur la tête de Bobby qui s'effondra sur le sol. Il s'en prépara alors un sushi. Mais alors qu'il s'apprêtait à le déguster, un magicien apparut de l'évier et lui jeta un sort...