84. Retour à la vie incivilisée

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Je ne me suis pas endormie avant les ronflements de Jésus. Les yeux au plafond, incapable de fermer les paupières, j’écoutais mes oreilles repasser l’agression du shérif, comme un film dont on entendrait le son et dont on imaginerait les images. Dans ma tête, j’essaie de trouver comment j’aurais pu faire, d’abord pour éviter l’arrestation, peut-être en restant dans l’eau jusqu’au retour de Jésus. Ensuite pour ne pas me retrouver menottée contre la grille. À chaque scénario, je ne fais que repousser l’inévitable face à un homme qui n’avait qu’un seul objectif. Dans l’histoire, je n’arrête pas de me dire que j’ai eu de la chance que Jésus nous retrouve. Mon imaginaire ne cesse d’évoquer la suite qui a failli se produire et qui me tord les tripes à m’en faire mal. Lorsque Jérémiah m’avait agressée, ça avait été si soudain que je n’ai pas ressassé l’idée du pire. Lorsque l’exorciste avait cherché à m’éventrer, même si je m'étais vue mourir, je n’avais pas ressenti la même horreur à l’idée qu’il réussisse. Les sensations horrifiques sont les mêmes que d’avoir imaginé la Mère Suprême utiliser d’autres instruments de torture. Me faire sodomiser avec violence devant ma mère semble être la pire chose à laquelle j’ai échappé. C’était à quelques secondes de se produire, juste cette réalité me fait trembler. La souffrance, la douleur, l’humiliation, c’est un mélange au-delà de l’horreur.

Jésus a juste eu à fermer les yeux pour chanter comme un vieux chalutier diesel. J’ai entendu ma mère le réveiller et seulement ensuite je me suis assoupie, car sa voix me réveille :

— Fanny, c’est l’heure.

Les bruits de la rue attirent mon regard vers les fenêtres. Un rai de soleil passe entre les volets.

— Il fait jour ?

— Oui, le train va bientôt partir, répond Jésus.

— Tu ne m’as pas réveillée ?

— T’avais besoin de sommeil. Moi je n’ai besoin que d’une moitié de repos.

Trop dans le brouillard pour sourire à ses jeux de mots, je m’extirpe de mon sac de couchage. Le shérif est toujours cul nu, accroché à la grille, tandis que son adjoint, allongé sur la banquette de bois de la cellule nous observe en silence. J’aimerais que des ronces lui poussent à travers la peau jusqu’à l’éclater de l’intérieur. J’ai la bouche pâteuse, la langue irritée sur un côté par des aphtes qui me rappellent le doigt souillé dans ma bouche. Je bois une gorgée d’eau, puis je roule mon sac, refais mon chignon, coiffe mon chapeau. Jésus lance aux deux prisonniers :

— On va vous envoyer quelqu’un.

Nous sortons dans la rue. J’attache mes affaires sur mon âne qui n’a pas quitté sa selle.

— Je suis désolée, lui dis-je.

— Tu dis ? demande Maman.

— Rien, je parle à Marmiton.

— Ça va ?

— J’ai faim et je veux du café.

— Nous rentrons bientôt chez nous, ça va nous faire du bien.

Je grimpe en selle en lui reconnaissant cette vérité. Je vais savourer le confort du monde moderne. Habitués aux longues journées de chevauchées, nos chevaux hâtent le pas et il nous faut les retenir pour ne pas qu’ils passent au trot entre les badauds.

Notre train est à quai, sa cheminée lâchant déjà ses bouffées de vapeur. Nous nous accrochons à l’idée que le shérif ne veuille pas être vu l’arrière-train à l’air, sans ça, il aurait déjà appelé à l’aide. Nous nous pressons néanmoins de faire grimper les chevaux dans le wagon à bestiaux. Nous montures attachées, nous jetons un œil sur le quai calme avant de gagner notre propre voiture.

Côté fenêtre, Maman et Jésus observent le quai avec inquiétude.

— Les trains partent à l’heure dans ce monde ? questionne Maman.

— Bien sûr, répond Jésus. Ils sont en train de fermer le wagon à bestiaux.

Le chef de gare désigne notre wagon à un contrôleur en costume bleu.

— Nous n’avons pas composté nos billets, fait remarquer Maman.

— Pourquoi faire ? demande Jésus.

Le contrôleur monte à bord, passe les passagers pour s’arrêter directement à nous :

— Bonjour Mesdames, Monsieur. Avez-vous vos billets ?

Nous les sortons, écornés, de nos poches. Il les poinçonne. Angoissée, Maman lui demande :

— Excusez ma question, à quelle heure le train part-il ?

— À l’heure indiquée sur vos billets, Madame.

Il lâche un sourire, puis continue son chemin. Jésus a un air amusé, mais Maman ronge ses phalanges, le menton posé dans sa paume en zyeutant par la fenêtre.

Il nous faut attendre cinq longues minutes avant que la rame s’ébranle au coup de sifflet. Maman lâche un soupire. La locomotive prend son temps pour accélérer et je ne me détends qu’une fois les voiliers invisibles, lorsque nous quittons les anciennes murailles de Port-Briec pour trouver le paysage désertique des falaises. Je conclus avec soulagement :

— C’est fini, retour à une vie normale.

— Plus aucun film d’aventure ne me fera d’effet, réplique Maman.

Jésus ferme les yeux en posant sa tête contre le carreau.

Une demi-heure plus tard, le train entre en gare de Saint-Vaast. Revoir ces lieux et la silhouette de l’adjointe du shérif me remplit le cœur de joie. Je saute de voiture. Elle sourit en me voyant, je lui dis :

— Il faut vous faire construire un bureau ici.

— Quelques heures par jour, qu’est-ce que c’est ? sourit-elle.

Le temps semble plus humide et plus lourd qu’à Port-Briec. Je pousse la porte coulissante de la voiture à montures, puis me glisse entre les équidés pour détacher Marmiton, Quetsche et Mirabelle. Ils semblent reconnaître l’odeur de leur région, les naseaux grands ouverts, les oreilles droites. Leurs sabots piaffent sur le quai de bois. J’entends l’adjointe répondre à Maman :

— Il est en ville.

J’enfourche Marmiton, sans lâcher les rênes des deux autres, puis m’impatiente :

— On va rendre les chevaux, je veux être au Païen pour déjeuner.

— Emmanuel viendra les chercher, réplique Jésus en s’approchant.

— Bon, alors on va boire un coup et raconter notre épopée à Jacques, Christophe, et à ta dulcinée.

— Je pense que ça fera du bien à tout le monde, acquiesce Maman.

Elle aide Jésus à grimper, puis monte à son tour en selle. Nous saluons l’adjointe qui va revenir à pied. Nos montures traversent les rails au trot et Maman fait remarquer :

— Antoinette est toujours toute seule, elle ne se fait jamais agresser.

— Antoinette tire presqu’aussi vite que le shérif, répond Jésus. Et quand elle n’a plus de balle, elle est plus vive à la bagarre que n’importe quel péquin. Ça c’est la première raison.

— La seconde raison, deviné-je, c’est que s’il lui arrive quelque chose, c’est le shérif qui s’en charge ?

Jésus opine du menton. Ma mère lui trouve un surnom :

— Le lion de Saint-Vaast. Dommage qu’à Port-Briec, ils aient une hyène comme shérif.

Nous ralentissons le pas en remontant l’artère principale. Des hommes soulèvent leur chapeau et je les imite malgré mes cheveux sales, ma chemise auréolée de sel. C’est si agréable de revoir des visages amicaux.

— Enfin des gens qui m’aiment ! Mon premier vœu : un bain et du savon.

— Tu le prendras en premier, me dit Maman. J’ai une course à faire.

— Vous voulez que je vous accompagne ? demande Jésus.

— C’est gentil, mais je ne suis pas d’humeur à me laisser emmerder.

Des femmes marchant en direction de la lavandière me jettent des regards de mépris. J’en ai tellement l’habitude que c’est un plaisir de me sentir chez moi. J’ai envie de laisser la mésaventure derrière moi, mais la brûlure des aphtes m’en empêche. Lorsque nous parvenons à la rue du Païen, Maman poursuit en direction du marché. Elle est bien mystérieuse.

Je tapote l’encolure de Marmiton avant de descendre et de l’attacher en plein soleil. Je pousse le portillon. Le mur qui nous sépare de l’ancienne habitation a été abattu. L’ébéniste et un de ses apprentis sont en train de discuter avec Jacques. Celui-ci lève la tête et s’exclame de joie en ouvrant ses bras :

— Ma Punaise !

Il me serre contre lui.

— Comment tu vas ?

— Fatiguée et j’ai besoin d’un bain.

— Je vais te préparer ça.

— Et moi ? Un petit câlin ? demande Jésus.

— Tu ne veux pas non plus des bisous ? — Il éclate de rire puis s’accroupit pour l’étreindre brièvement. — Je suis content de te voir l’Estropié. J’espère que tu ne vas pas repartir trop vite. Ta fiancée ne joue pas aussi bien du piano.

— Je n’aurais jamais l’audace de le prétendre, dit-elle en apparaissant depuis les cuisines.

Elle s’agenouille pour serrer Jésus contre elle, tandis que Jacques indique aux artisans qu’il les reverra plus tard. Les yeux de Sébastien traînent sur moi de longues secondes, puis une fois qu’ils ont tourné les talons, Jacques prend un seau d’eau au puits.

Après quelques allers-retours, entre le rez-de-chaussée et l’étage, le baquet drapé de blanc et rempli d’une eau limpide. Jacques me laisse à mon intimité. Je me déshabille avec bonheur et me glisse nue dans l’eau fraîche. Mes muscles tremblent, puis finissent par s’habituer. Je m’empare de la pierre de savon et frotte avec force toute la crasse qui me recouvre, ainsi que la sensation désagréable laissée par le shérif.

Je reste allongée un long moment, les genoux repliés sur le rebord, la tête en appui de l’autre côté. Tout en tripotant les charms de mon bracelet, repensant à la technique de Jésus pour positiver, je repasse tous les points positifs des derniers jours. Evidemment les points durs se télescopent avec, mais je tâche de me concentrer. Au fil du temps, la meilleure chose qui soit arrivée en trois jours, c’est cet instant de tranquillité.

— Fuck ! Que ça fait du bien d’être ici !

Je me lève, me sèche, coiffe soigneusement mes cheveux avant d’en faire une queue de cheval, choisis un tanga pourpre et doux puis vêts ma robe vert améthyste.

Au rez-de-chaussée, Jésus échauffe ses doigts au piano avec une sonate. Christophe vient de rentrer et a préparé les tables. Je lui fais la bise, puis rejoins les cuisines où Jacques et Martine s’affairent.

— Maman n’est pas rentrée ?

— Nous ne l’avons pas encore vue, répond Martine.

— Je me demande où elle est allée.

— Quetsche était attachée devant le bureau du shérif, indique Christophe.

Je ne sais pas quoi penser. Je retourne dans la salle en réfléchissant. Cela fait un moment qu’elle y est. Soit le shérif est devenu super bavard, soit elle est en train de faire cocu mon père, soit elle est détenue pour l’histoire de Port-Briec. Je regarde Marmiton et Mirabelle par la fenêtre sans oser sortir. Seule la première idée sur les trois me plaît et c’est la moins crédible.

Le Maire fait battre le portillon en rentrant. Ses yeux pétillent :

— Ah ! Fanny ! Vous voilà revenue et toute élégante !

— Bonjour, Monsieur le Maire.

— Alors, c’est pour ce soir ?

— De ?

— De notre petite soirée à la mairie.

— Je…

— Jacques ne vous en a pas encore parlé ?

— Non.

— Bien. Je ne voudrais pas lui couper l’herbe sous le pied. Mais votre idée pour transformer le Païen vont faire de Saint-Vaast une ville renommée dans tout le pays. On oserait presque espérer que les pèlerins qui se rendent à la Cité Pieuse dévient de leur chemin depuis Monfossé pour venir vous voir.

— Des pèlerins religieux ?

— Quitte à aller quérir l’absolution, autant être passé par le temple de l’érotisme impie avant.

— Je suis contente que mon projet vous plaise, je pense que ça ne sera du goût que d’une minorité de vos administrés.

— Vous savez, quand on est maire, il faut avoir un regard avant-gardiste pour le bien de sa ville. Tout ce qui peut attirer du monde est un bienfait pour les commerces.

— Les commerçants sont pourtant les moins avenants…

— Cela va changer. Vous allez attirer du monde de toutes les villes alentours, votre réputation ira jusqu’à Versailles.

— Surtout des inquisiteurs, plaisanté-je.

— Peut-être. La religion est trop austère et les gens cachent leurs vices. Mais je suis certain que même les inquisiteurs restent des hommes et qu’ils ne peuvent rester de marbre devant une fille avec tant de charme et de talent. En revanche, en ressortant d’ici, ce n’est pas certain qu’ils parviennent à laver leur conscience religieuse.

— Vous n’êtes pas croyant.

— Je suis un homme qui croit en Dieu, mais je suis aussi pragmatique et observateur. J’analyse les hommes, vous voyez, et je pense savoir ce qui est bon et mal, sans avoir à m’astreindre à un rigorisme austère et, avouons-le-nous, inutile. Vous savez, je vais à l’église tous les après-midis pour la messe quotidienne, pour être à la fois proche de mes concitoyens, mais également discuter avec l’homme le plus influent de ma ville.

— Le Père Machin ?

Le maire sourit en posant sa main sur mon bras :

— Connaissez-vous son sujet de conversation préféré ?

— Ne me dites pas que c’est moi.

— Comme je le disais, derrière l’homme d’église, il y a le simple homme. Tant de paroissiens viennent se confesser après vous avoir vu danser et certains mêmes se plaisent à lui narrer vos danses. Il ne me le dit pas, mais je sais qu’en secret, il brûle de vous admirer.

— Je veux bien le croire. Mais il m’a déjà vue toute nue, vous savez ?

— Il est venu au Païen ?

— Non. J’ai visité son confessionnal ou comment vous l’appelez… Le parlement ?

— Le parlementaire ?

— Il m’a demandé de me déshabiller pour me bénir… complètement.

Il porte ses doigts à sa bouche.

— Non ?

— Et si !

— Vous voyez quand je vous dis que la nature de l’homme est bien la même en chacun de nous.

— Et je ne serais pas étonnée qu’il ait exigé ça de plusieurs autres femmes.

Il opine de la tête d’un air grave tandis que je me régale de l’effet prodigué par mon annonce. Les autres clients commencent à affluer, ce qui coupe notre conversation et ne me permet pas de lui demander ce qu’est cette histoire de soirée à la mairie.

Les gens m’interpellent, souriant, agréables, courtois. J’adore l’ambiance de Saint-Vaast. Cela fait partie de ces instants qui vous réconcilient avec la gente masculine. Alors que je serre les premières assiettes, Maman et Antoinette nous rejoignent. Elle est toute souriante, le regard brillant, m’obligeant à la curiosité :

— T’étais où ?

— J’étais partie déposer plainte. Antoinette va assurer notre protection jusqu’à ce soir. Apollinaire et César sont partis à cheval pour Port-Briec.

— Ils ont le droit en dehors de leur ville ?

Antoinette sourit puis ma mère dit à voix basse pour ne pas être entendue :

— Tu crois qu’il a apprécié d’entendre qu’un shérif qu’il a lui-même formé ait violé une fille de Saint-Vaast.

— Non.

— Il aura ce qu’il mérite, ajoute Antoinette. Est-ce qu’il reste de la place pour manger.

— Nous allons en faire, dis-je.

Une heure plus tard, les tables se vident pour aller remplir les bancs de l’église. Malgré que chaque bouchée me brûle, je déjeune avec Jacques, Christophe, Jésus et Martine, tandis que Maman profite de l’eau de mon bain et qu’Antoinette guette par la fenêtre une éventuelle revanche de shérif de Port-Briec. Mon assiette étant aussi vide que celle de Jacques, je décide de tendre l’atmosphère :

— C’est quoi cette histoire de soirée à la mairie ?

Jacques sourit, ravi :

— Tu me devances, la Punaise. J’ai trouvé des investisseurs pour payer l’achat de la maison du voisin et tous les aménagements que nous prévoyons. Il s’agit de quelques uns des bourgeois les plus influents de la ville. L’idée c’est de leur présenter l’ensemble du projet, puis ensuite de leur faire essayer le jeu de la roue pour qu’ils comprennent le principe. Christophe a fabriqué une roue rudimentaire en respectant ton idée d’une chance sur cinq.

— Donc tu veux que je me déshabille devant des inconnus à la mairie ?

— Oui. Je serai là avec un pistolet et puis si on le fait ce soir, Antoinette nous accompagne…

— Dans une semaine peut-être que j’aurais à nouveau envie. Mais là… En plus, je suis hyper fatiguée. On n’a pas eu le temps de te raconter tout ce qui nous est arrivé.

— Jésus m’a un peu expliqué. Ecoute la Punaise, je n’ai pas envie de te forcer. Ce soir, un autre soir, ça n’a pas d’importance, mais il faudra le faire avant que tu partes. — Je lève des sourcils. — Cette idée de renaissance pour le Païen, elle est de toi. J’ai engagé ma parole et toutes mes économies dans ce projet, malgré que je sois angoissé comme un veau à l’abattoir à l’idée que tu ne reviennes pas vivante de ton voyage avec la sorcière du Rocher. Marianne aussi compte sur toi, c’est un rêve qui a commencé à se concrétiser pour elle.

J’avale ma salive, amère. Je manque de sommeil, et la douleur à la bouche est de plus en plus lancinante. À cette heure, je n’ai nulle envie de déhancher à demi-nue, encore moins pour d’autres personnes que les clients du Païen. Mais il faut lui reconnaître cette vérité : c’est moi qui ai mis les engrenages en mouvement. Je soupire :

— OK. Ils seront combien ?

— Ils seront cinq avec Monsieur le Maire, fouillés à l’entrée. Je serai armé. Si on le fait ce soir, on peut demander à Antoinette de nous accompagner.

— Ça me rassurerait.

— Christophe, attrape le Maire à la sortie de la messe et dis-lui que c’est bon pour ce soir.

Son fils se lève de table. Je questionne :

— C’est qui ces investisseurs ?

— Albert André, le joailler, très riche, mais qui s’est laissé convaincre car c’est le neveu par alliance du Maire. L’idée que les danseuses défilent avec ses bijoux ne semblent pas dévaluer sa marchandise.

— Tant mieux. Qui d’autre ?

— Hubert Marie, un tailleur très curieux des sous-vêtements dont il a entendu parler. Il tient le magasin le plus haut de gamme de Saint-Vaast, et je pense que c’est sa curiosité qui l’a fait accepter. Ensuite, il y a un homme qui, je savais, accepterait tout de suite car il est déjà venu te voir, c’est Landry Picot, le marchant d’arme. Il y aura évidemment le Maire qui garde de belles économies de son ancienne activité de banquier. Le cinquième, c’est Ernest Paul.

— Non. No way ! Pas devant lui.

— Ce n’est pas un rustre, et c’est un des hommes les plus influents de Saint-Vaast.

— Juste pour le principe. Il n’a qu’un seul objectif, c’est de nous voler nos idées.

— Je me suis méfié aussi. Il a déjà avancé dix mille francs en gage de bonne foi. Je pense plutôt qu’il sent le vent tourner et qu’il veut davantage un partenariat.

— Genre ? Des points fidélité ?

Jacques hausse les épaules. Cela m’agace qu’il n’ait pas cherché à plus creuser les ambitions du proxénète. Je hèle l’adjointe :

— Antoinette ?

— Oui ?

— Ça ne te dérange pas de me protéger durant un spectacle ?

Elle hausse les épaules à son tour. Il ne reste plus qu’à en parler à Maman. Je ne suis pas jouasse, encore moins en sachant qu’Ernest Paul sera là. C’est loin d’être un homme désagréable au premier abord, toujours poli, toujours élégant. Cependant notre première rencontre a creusé un fossé conflictuel entre lui et moi.

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