1. Le Nouvel Appartement

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Le soleil, filtré par le simple vitrage du quatrième étage, donne un ton chaleureux au vieil appartement. L’odeur du vieux parquet et des anciens meubles de Grand-Ma me fait déjà me sentir chez moi. Fini le foyer des jeunes travailleurs. Fini les inconnus qui viennent frapper en pleine nuit à la porte de mon voisin dealer de shit. Ma période d’essai est renouvelée en tant qu’assistante commerciale, et j’ai donc usé de mon charme naturel pour trouver un appartement idéal dans le vieux centre-ville, perdu parmi les rues piétonnes peu bruyantes, sinon, paraît-il, le samedi matin, jour de marché.

Nous sommes l’après-midi. Mon frère cadet, grosses lunettes sur le nez, visage ruisselant de sueur, monte le dernier carton. En même temps, mon père, chemise auréolée, réassemble les meubles qui ont pu être démontés. La plupart sont en bois massif sculpté, provenant de chez mon arrière-grand-mère. Il a fallu les monter sans ascenseur, et la respiration profonde de mon père indique combien il en souffre encore. Dans un idéal futur, un style moderne me conviendrait mieux, dans un appartement plus grand. Mais pour une petite période, le temps de faire quelques économies, les meubles anciens me permettent de fuir le foyer à moindre coût. De plus, l’ensemble s’accorde parfaitement aux vieux parquets et aux boiseries des fenêtres. Je suspends mes vêtements dans la grande penderie, pendant que ma mère range la cuisine. Svelte, les cheveux châtains courts ondulés, elle s’épate du petit frigo encastré, dissimulé par une porte en bois.

— C’est vraiment une aubaine ce studio ! Et puis les meubles de Grand-Ma vont bien avec ceux de la cuisine.

— Et ça en fait deux de moins à prendre la poussière dans le garage, grogne mon père.

Il se lève, son front dégarni trempé de sueur, puis observe le lit à rouleaux en merisier.

— Fanny, aide-moi à mettre le matelas.

Je délaisse mes cartons, au moment où ma mère ajoute à mon attention :

— Je vais t’aider à faire les draps.

— Je peux le faire toute seule.

— Quand nous partirons, tu seras réellement chez toi ! Hugo ! Plie les cartons vides, après.

Mon frère sort une boîte de préservatif et me charrie devant les parents :

— Je les range, où Fanny ?

— Fuck ! Tu fais chier !

Il rit, mais ma mère s’empare de la boîte et en sort la guirlande.

— Ça va ! Ils ne sont pas périmés.

— Ben non ! Je les ai achetés avec Jared.

Ma mère conclut en en découpant un :

— Et bien tu as de quoi recevoir du monde. — Hugo éclate de rire. — T’es encore jeune. Mieux vaut rencontrer dix gentlemen d’une nuit que s’engager toute une vie avec quelqu’un qu’on regrette. Tiens, tu en gardes un sur toi, et les autres, je vais les mettre dans le meuble de la salle de bains.

— Quand tu dis ça, on dirait qu’elle devrait faire un gang bang dans son appart, se moque Hugo.

— Tu as très bien compris ce que ta mère voulait dire, tranche mon père mal à l’aise avec le sujet.

Ma mère réplique :

— Et pourquoi pas ? Si ce sont des gentlemen tendres et respectueux ?

— C’est dégueulasse, réplique mon frère.

— Je pense que ça ne te dérangerait pas d’avoir plusieurs femmes en même temps qui viennent te…

Ma mère laisse imaginer la fin de la phrase, et Hugo réplique aussi sec :

— Mais ce n’est pas pareil !

Mon père stoppe la conversation :

— Fanny ! Le matelas !

Ma mère me fait un clin d’œil en rejoignant la salle de bains, mon petit frère reprend l’ouverture des cartons. S’il y a bien une qualité à reconnaître à mes parents, c’est une organisation minutée, une obstination à faire chaque chose jusqu’à la fin. Rapidement le lit est bordé, la cuisine rangée, les cartons redescendus au camion.

Assis sur les poufs autour de la table basse, nous nous abreuvons. Jus de fruit pour moi, bière pour les hommes et ma mère. Mais nous nous rassasions surtout d’autosatisfaction. Il est dix-neuf heures. L’appartement est rangé, nettoyé, comme neuf. Ma mère me tend un écrin.

— Voici un nouveau charm.

J’ouvre la petite boîte et découvre une clé en étain. J’ouvre mon bracelet Pandora puis ajoute le charm aux autres symboles. Un diplôme, des ballerines et un casque de cosmonaute. Je me lève pour les embrasser.

— Merci beaucoup !

— Bon ! On va peut-être y aller, suggère ma mère, il y a de la route. Si tu ne veux pas t’endormir au volant, et il faut rendre le camion avant vingt heures.

Mon père hoche la tête, las d’avoir à repartir si vite. Ils se lèvent tous les trois. Ma mère conclut et rappelle l’organisation qu’elle a arrêtée :

— Tu as un beau petit chez-toi. Surtout, s’il te manque la moindre chose, tu nous appelles pour qu’on l’amène le week-end prochain. On vient avec Papy, comme ça, il pourra visiter. Quand est-ce que tu invites tes copines ?

— Samedi prochain.

— Mais c’est le soir ?

— Oui.

— On viendra un peu avant midi pour déjeuner, et si tu as besoin je t’aiderai à faire un peu de ménage avant que tes copines n’arrivent.

— Ça devrait aller, l’appartement n’est pas très grand.

Mon frère se moque :

— Maman, elle a l’impression que tu ne vas pas savoir te débrouiller toute seule. Elle a vingt et un ans, Maman !

— Rigole, mais j’ai l’exemple avec votre frère, ce n’est pas le roi du ménage.

— Oui, mais Fanny, c’est une fille.

— Oh ! m’exclamé-je. C’est quoi cette remarque sexiste ?

— Si tu as déjà vu la chambre de ta sœur rangée, c’est parce que j’y suis entrée. Et ne ris pas, tu es loin d’être un exemple.

Mon père sourit sans oser s’immiscer. Ce n’est pas le plus fervent partisan des tâches ménagères. Je leur fais la bise, puis ferme la porte derrière eux.

Enfin seule ! Libre ! Enfin chez moi ! Je danse sur place. Je saisis mon téléphone portable, puis enregistre une petite vidéo.

— Alors, la porte d’entrée, puis la pièce principale avec une cuisine ouverte à gauche. Au fond le lit de ma Grand-Ma. Les fenêtres donnent sur les rues piétonnes. Voilà, vous pouvez voir, il n’y a pas grand monde. En bas, il y a un petit pub qui a l’air sympa. Et derrière la cuisine, très modeste, mais clean, la salle de bain. Elle n’est pas carrelée, donc ça sent un peu le bois, mais je la trouve chaleureuse. Voilà, bises à vous les filles !

La vidéo est envoyée au groupe de conversation de mes cinq meilleures copines du club de danse. Une réponse ne se fait pas attendre.

Anaïs : J’aime bien le style tout bois.

Fanny : Merci.

Sarah : Trop pressée de le visiter. J’ai la vidéo de notre répétition.

Anaïs : Vas-y balance !

Jessica : Oui, envoie la vidéo. Trop sweet ton appart, Fanny.

Fanny : Merci

Je m’installe en tailleur sur mon lit en calant mon oreiller dans mon dos. Mon téléphone charge la vidéo que Sarah nous envoie. Du groupe des cinq danseuses, je suis la plus jeune. La plus âgée a quarante ans. Nous nous mettons chacune à côté de notre barre de pole-dance, et je suis placée au milieu. La musique est de très mauvaise qualité à travers le téléphone. Je ne peux m’empêcher de me détailler pour me comparer aux autres. Le boxer taille basse et la brassière vert fluo ne me desservent pas. Nous tournoyons, synchrones les unes aux autres. Sans prétention aucune, mon corps est celui qui a le mieux apprivoisé la barre. Jamais mon visage ne marque l’effort. Ma prestation est d’une fluidité sensuelle, légère et irréprochable. Mes années de hip-hop et ma jeunesse me donnent une avance sur mes camarades. Notre chorégraphie est bien construite, et commence à avoir de l’allure. On pourrait croire à des danseuses professionnelles tant nos mouvements sont simultanés. Il ne manque plus qu’à nous décider sur le maquillage ainsi que sur les costumes pour donner notre première représentation en public.

J’ai toujours dit à mes parents que je faisais de la danse, sans préciser que cela s’accompagnait d’une barre, par peur qu’ils associent ça à de la vulgarité. Ce spectacle permettra non-seulement de leur faire découvrir ma passion qui a plus de deux ans, mais également de leur en faire savourer toute la sensualité.

Après des échanges élogieux sur notre ultime répétition, j’abandonne mes amies, ainsi que mon appartement pour gagner le bar qui lui fait face. Vêtue d’un sweat-shirt à capuche ouvert sur mon débardeur rose fluo et d’un short en jean taille haute, je m’installe en terrasse. Le patron s’amène :

— Bonsoir. Qu’est-ce que ça sera ?

— Bonsoir. Qu’est-ce que vous avez comme cocktail sans alcool ?

Il déploie la carte devant moi, puis s’éloigne sans un sourire. Peut-être n’a-t-il pas réalisé que je pouvais devenir une cliente régulière. Lorsqu’il revient, je lui réponds :

— Je viens d’emménager en face, alors pour fêter ça, je pense goûter votre Virgin Mojito.

— Bien, un Virgin Mojito.

Il n’affiche pas un sourire de plus. Mauvaise journée ou mauvais commerçant. Lorsqu’il me l’amène, il prend ma monnaie, puis disparaît. Je croise les jambes en portant la paille à la bouche. Ce n’est pas facile d’arriver dans une petite ville. Il me faut une heure de route pour continuer la danse avec les mêmes copines, et je n’ai pas encore tissé de lien avec des collègues pour sortir en semaine. La plupart sont mariés et parents. Le centre-ville reste très calme pour un samedi après-midi, mais ça a quelque-chose d’apaisant.

Evidemment, comme à chaque fois que je bois seule, un type se ramène depuis le bar. De loin, il est svelte, mignon, environ vingt-cinq ans, et son sourire trahit une certaine timidité qui inspire la confiance. Ses cheveux blonds sont tondus ras, loin des métrosexuels que j’ai pu fréquenter à Caen. Tandis qu’il s’avance, je distingue le beau bleu de ses yeux, alors je décide de le laisser approcher. Il s’adresse à moi avec un accent prononcé de campagnard qui rompt le premier charme.

— Bonsoir. Je peux me joindre à toi ?

— Pourquoi pas.

— Alexandre.

— Fanny.

Il s’assied avec sa pinte de bière. Je perçois le stress dans un pianotement de ses doigts. Je préfère noter du courage qu’une habitude chez un mec qui m’aborde. Franchement ? Ça me séduit. Il finit par trouver ses mots :

— C’est la première fois que je te vois au Double-Six.

— Le mojito n’est pas dégueu. Si les clients sont plus agréables que le patron, il y a des chances que ce ne soit pas la dernière.

— Ah ? Frédéric ? Il fait toujours cette impression. Mais après, il est super sympa.

— Il a trop de client ?

— Ouais ! Ça marche bien, son affaire.

— J’apprendrai à mieux le connaître.

— Et toi, tu fais quoi dans la vie ?

C’est un peu direct, mais je lui accorde une première maladresse.

— Je travaille dans les relations et les négociations commerciales. Et toi ?

— Je suis conducteur d’engin, dans le TP.

— Ça consiste en quoi ?

— Je creuse avec une pelleteuse.

Ma silhouette l’a attiré, c’est donc à ma verve de le harponner.

— J’imaginais les mecs plus grassouillets dans ce métier, pas mignon dans ton genre.

Il rougit et se trouve à sec de répartie. Après quelques secondes de blanc il dit :

— Tu es très mignonne aussi.

C’est bateau, facile, j’ai l’habitude. J’espère qu’il fera mieux. Voyant ses amis qui l’observent au travers de la vitre du bar, je me penche vers lui et confie :

— Je crois que tes potes sont en plein épisode de Plus Belle la Vie.

— Ouais, ils ne sont pas discrets.

— À ton avis, ils parient que tu vas réussir à choper mon numéro ou ils parient contre ?

— Ils ont dit que t’étais trop belle pour moi. Mais, je tente quand même. Tu me dis si je suis trop relou.

— Non, c’est cool. Je n’avais personne avec qui discuter. Souvent les mecs qui m’accostent sont beaucoup plus relous…

— Et donc, tu n’as personne ? Je veux dire…

— Je suis célibataire.

— Ça fait longtemps ?

— Ça change quelque chose ?

Il se dresse en position défensive, très mal à l’aise.

— Non… C’est juste pour la conversation.

— J’ai été trois ans avec lui, ça fait un an que nous sommes séparés. Je préfère ne pas rentrer dans les détails. Ce n’était pas une relation intéressante. Je te retourne la question ? Ta dernière copine ?

— Bah, ça remonte à plus d’un an. Mais on est resté ensemble quatre ans.

Un mec stable, je ne suis pas étonnée, car il n’a pas l’air du genre à savoir mentir. Ai-je ferré le mec parfait ?

— C’est elle qui t’a largué ?

— Non, c’est moi. Elle ne foutait rien de ses journées, je rentrais du taf, je faisais la vaisselle qui traînait du matin, la lessive que je mettais le matin, et le week-end, c’est moi qui me tapais le ménage. Et puis il y a eu plein de crasses, j’en ai eu marre. C’est mes potes qui m’ont poussé à casser.

— Pas de regret, donc.

— Mieux vaut être seul que mal accompagné.

J’aime son regard qui se baisse. Il trahit quelques regrets vis-à-vis de sa situation, et il irradie de sincérité. Ce n’est pas un mec rentre-dedans, plutôt un type très naturel, bien loin des nombreux manipulateurs prétentieux que j’ai pu croiser pendant mon BTS de commerce. Si notre conversation est plus directe qu’avec tous les autres, elle a le mérite d’une franchise saine. Quant à son histoire, elle ressemble à la mienne, moi qui me suis séparée de mon ex qui s’éloignait dans un monde opposé au mien. Jared m’avait fait l’impression d’un penseur, mais il n’est resté qu’un étudiant mollasson soi-disant idéaliste.

En quelques mots, Alexandre suscite toute ma curiosité et mon empathie. S’il était juste mignon, que j’écoutais le démon en moi, je testerais bien le lit à rouleaux dès ce soir, plutôt que de passer ma première soirée seule à l’appartement. Cependant, il est davantage que mignon, et j’ai l’espoir de découvrir quelque chose de plus intéressant que quelques minutes de jambes en l’air. Il ne faut jamais laisser croire à un garçon que c’est lui qui détient le pouvoir. Ne pas tout lui donner dès le premier soir à moins de ne vouloir devenir un sujet de vantardise. Alexandre est-il capable de couver l’espoir sincère de me revoir ? Pas seulement pour mon physique, mais aussi pour la conversation ? Il regarde son verre vide et interprète mon silence comme un malaise.

— Je vais y aller, on avait prévu de finir dans un autre bar autour d’un billard. Tu veux venir avec nous ?

Les têtes d’ivrognes de ses camarades curieux ne me donnent pas trop envie. Ils ont l’air gras et vulgaires rien qu’à travers une vitre. C’est à se demander qu’est-ce qu’un mec gentil et mignon fait avec eux.

— Non merci, pas cette fois. Tu viens souvent, ici ?

— Ouais avec les potes.

— J’habite en face, si un jour tu reviens tout seul, on peut se revoir pour discuter, si tu veux.

— Ouais ! Ça marche !

— Je te file mon numéro ?

Il est tellement surpris de la proposition qu’il en balbutie avant de comprendre qu’il doit sortir son téléphone. Nous échangeons nos numéros. Je suis certaine qu’il me contactera. Mignon comme il est, je ne peux résister à l’envie d’emporter une gourmandise.

— Attends avant de te lever.

— Quoi ?

— Ne prends pas ça pour une partie gagnée d’avance, c’est juste pour que tu n’aies pas à leur montrer mon numéro.

— Non, je ne vais pas leur partager.

— Je leur donne la preuve que tu l’as eu ?

— C’est-à-dire ?

Il est un peu naïf, c’est touchant. Je pose ma main sur sa joue et appose délicatement ma bouche sur la sienne. Un peu mues par un réflexe, ses lèvres s’entrouvrent, alors je goutte brièvement sa langue. Délicieuse gourmandise. Du coin de l’œil, j’aperçois ses amis pris d’une hystérie collective. Je quitte ma place et m’éloigne en chaloupant, laissant Alexandre pétrifié de béatitude.

Depuis l’appartement, la rue m’offre son spectacle. Ses amis sont sortis et ils s’exclament à pleine voix, faisant résonner toute la rue. Le courageux Alexandre rougit, ne sait pas quoi répondre. Il n’a aucun saut de liesse ou de victoire, il est juste sous le charme. Ce soir, je suis sûre de recevoir un petit texto, sitôt leur partie de billard terminée.

Lorsqu’ils s’éloignent, je ferme la porte à clé, tire les rideaux et me déshabille. Pouvoir me balader nue chez-moi est un réel plaisir personnel. Mon téléphone renvoie une playlist calme sur les enceintes bluetooth pendant que mes pas gagnent la salle de bain. L’ampoule faiblarde enveloppe la petite pièce d’un halo jaune et chaud. Le miroir plaqué contre la porte mire mon reflet dont je suis si fière : ma petite poitrine ferme, mon ventre plat, mes fesses musclées galbées avec finesse. La trop faible luminosité ne révèle rien du reflet doré de mes cheveux châtains, ni du bleu de mes iris claires. Elle ne masque cependant pas le casque de cosmonaute mort tatoué sur mon aine. Le crâne est visible à travers la visière brisée, et une fleur s’y est entrelacé avec le temps.

Une fois l’eau chaude, je me glisse sous la douche chaude, puis repense à cette rencontre inattendue. Je savoure le résultat de mon audace, ce délicieux baiser volé. Depuis six mois, nouveau job, premier appartement, belle rencontre, la chance me sourit.

Trente minutes de douche brûlante et de séchage de cheveux, j’éteins la musique et la lumière. Dans la pénombre, je ferme la porte à double-tour, puis une culotte enfilée, je me jette à demi-nue sur le lit. La rue est silencieuse, comme si toute la ville était partie se coucher. Je pose le téléphone à côté de moi, dans l’attente d’un SMS, comme une collégienne amoureuse.

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