La bête

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 Des pas précipités foulaient le sentier serpentant qui traversait le marais, brisant le silence ambiant. Un homme paniqué courait à travers la nuit noire et l'humidité pesante. Les arbres sur les côtés tendaient leurs branches vers lui et lui éraflaient le corps. La peur au ventre et le souffle court, il se démenait du mieux qu'il pouvait pour le distancer.

 Un grognement féroce s'éleva du silence dans son dos. Il gagna en intensité et fut accompagné d'un bruit de grattement sur le sol. L'homme jeta un bref coup d'œil dans son dos, horrifié il fit volte face et accéléra.

 La bête à ses trousses était immonde. Ses quatre longues pattes maigres soulevaient son corps fin à environ un mètre et demie du sol. Sa queue traînait derrière lui, frappant le sol à intervalle régulier dans un bruit assourdissant. Sa peau grisâtre recouvrait sa chair, cette enveloppe semblait aussi résistante qu'une carapace. Deux crêtes noires hérissées parcouraient son dos. Sa tête aplatie se poursuivait sur une mâchoire allongée. Deux rangées de trois yeux surplombaient ses deux narines immenses qui reniflaient bruyamment.

 Le quadrupède courait plus vite et gagnait rapidement du terrain. L'homme affolé était à bout de souffle. Des larmes coulaient le long de ses joues tandis qu'il réalisait ce qu'allait être son funeste destin. Pour s'alléger il lâcha son sac en bandoulière qui contenait ses richesses, il chuta au sol et un bruit de verre qui se brise retentit. Le pauvre marchand regretta sa décision, il n'aurait pas dû emprunter ce chemin. Il cherchait simplement à éviter le barrage installé par le comte Henri sur la voie principale.

 Soudainement, la monstruosité poussa un cri strident et bondit sur lui. Ses pattes avant l'agrippèrent aux épaules et ses quatres griffes crochus lui entrèrent dans la peau. L'homme plaqué au sol, hurla de douleur tandis que son corps déchiqueté s'enfonçait dans la boue. Il leva les mains en l'air dans l'espoir de se protéger le visage. La bête ouvrit grand la gueule laissant apparaître une longue rangée de dents acérées. Sa langue fourchue saliva sur le visage du blessé. Puis le silence retomba une seconde, le marchand reprit sa respiration et plongea son regard dans celui de l'animal. Ils se contemplèrent un instant calmement, puis la créature plongea en avant et lui dévora le visage.

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