Mon métier ? Réciter des chants qui n’existent pas. Pas encore

Récolter des sons qui n’existent pas, pas à l’oreille

Un philanthrope me paye, oui, pour ces deux missions :

Je parcours le monde, en réalité, pour écouter, enregistrer, récolter et compiler tout ce qui est

Je voyage à travers le monde à ces recherches, j’ai sillonné la planète à mainte reprise

Allant et revenant dans toutes les localités

Car la création est en perpétuel enfantement, à chaque instant quelque chose de nouveau

Mais une chose m’échappe depuis toutes ces années. Elle est là depuis l’aube des temps

Et sera après tout le reste, on la brise en permanence mais toujours elle revient

Je cherche à capter, oui, le silence. Car ce n’est pas l’absence de sons, le silence

C’est autre chose, l’inaudible, l’incaptable, l’incompréhensible. Il est ce que veut le philanthrope.

Le silence. Il veut savoir ce que c’est, ce qu’il est et pouvoir l’utiliser. Et je cherche comment.

Comment le trouver dans ce monde sonore ? comment le capter tandis qu’autour de…

Tandis qu’il y a moi, déjà, et le reste du monde et l’univers.

Je suis, donc je fais du bruit, mes appareils sont, ils font du bruit, le silence souhaite l’annihilation

On m’a dit d’aller visiter des abbayes et monastères, où les moines font vœux de silence

Une piste que j’ai explorée en vain, le silence n’est que prétexte. Les prières sont sonores

Le silence est voulu, il est forcé et pour une idée précise : prier. Il y a un bruit permanent

On m’a dit d’aller en plein milieu du désert, là où aucun être ne peut vivre, il n’y a que du sable

Et le vent ! le vent dans le sable et les particules passent en tempêtes sonores.

Non, le silence est dans l’absence de ces éléments, mais pourtant pas dans l’inexistence.

Mon dernier espoir est dans cette compilation de tous les sons qui sont et tous ceux à venir.

Parmi eux se cachent le silence, c’est un coup sûr.

Et le philanthrope pourra tenir un chant dont l’essence est le silence

Un chant que personne n’entend