« Bats-toi encore »

Ais-je entendu dans le silence

« Bats-toi encore, s’il te plaît »

Suppliait cette femme

Devant moi

Cette mère dont la vie s’envolait

En volutes de sang sur le côté

Le tranchant d’une lame eu fait son office.

Les yeux clos je l’entendais

Allongé maintenant sous son poids

Village de fermiers et paysans

Au prix d’un grand travail

Avait fait bonne récolte

L’été venu, les raids également

Une femme qui protégeait son foyer

J’étais de passage, on m’a accueilli

On m’a logé, j’ai raconté maintes histoires

Des combats passés, des croisades, des guerres

Lointaines

D’actes de bravoure, rien de vrai

Quand soudain la tempête arriva

Avec la réalité ; croisades coûteuses ;

Guerres lointaines ; combats meurtriers ;

Le pays est aux pilleurs, aux voleurs

Aucune pause

On m’a assommé durant le combat

Après des passes d’armes

Après avoir occis dix ennemis

On m’a assommé

Mon corps immobile, j’entends

J’entends les cris, les pleurs

J’entends les abandons, la panique

Le feu prend le chaume des toits

On agresse les femmes, viole les filles

J’entends tout :

« Bats-toi encore »

Coule dans mes veines

La voix de mes ancêtres

La voix du passé

Et par sa faculté, celle de l’avenir

« Bats-toi encore »

Hurlais-je mon cri de guerre

Et de ma lame et de mon bouclier

Je rompis le combat

Et tous mes ennemis

Bats-toi encore

Sonne le carillon face au monde

Face à la vie, à la mort

Face aux épreuves, pour protéger les autres

Je me battrais encore.