L'hôpital 

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Chapitre 3

Je me suis précipitée à l'hôpital, j'ai fait aussi que possible, j'arrive complètement essoufflée jusqu'au service des urgences !!!
Mon cœur tambourine dans ma poitrine, j'ai tellement peur qu'il arrivé quelque chose de grave !!
Je balaye la salle du regard à la recherche de Mathilde et je la vois... Seule, assise sur un des sièges, la tête entre les mains.

Miss Mystère :
"Mathilde !"

J'ai presque crié à travers la salle. Lorsque Mathilde m'aperçoit son expression me fend le cœur. Elle semble un bref instant soulagé de me voir. Elle se lève lentement.
Je cour presque pour la rejoindre et je la prends dans mes bras. J'ai si mal de la voir comme ça, je dois absolument la toucher, sentir qu'elle va bien.
Je monte sur les pointes et elle est obligé de se courber pour se mettre à ma hauteur et enfouir sa tête dans le creux de mon cou.
Je passe une main dans ses cheveux et de l'autre j'appuie doucement contre son dos. Mon cœur se calme instantanément. Je pourrais rester ainsi des heures.

Mathilde :
"Miss Mystère... Merci d'être venue..."
Miss Mystère :
"J'ai fait aussi vite que possible. Je suis désolé j'ai pas vu tes messages plus tôt !"

Elle regarde vers la double pour surplombée du signe "Urgences" les bras ballants
Ses yeux sont embués et voix est rauque. Est-ce qu'elle a pleuré ? Cette hypothèse me déchire le cœur.

Miss Mystère :
"Ça va aller ?"
Mathilde :
"Je tourne en rond depuis qu'ils m'ont prévenu... Je n'arrive pas à voir les docteurs !"

Je regarde autour de moi, le secrétariat semble bien occupé et quelques aides-soignants poussent leurs chariots avec nonchalance.

Miss Mystère :
"On va attendre, ne t'inquiète pas ça va aller."
Mathilde :
"Je sais pas ! Je crois que c'est grave... Pourquoi ils me diraient rien sinon ?"
Miss Mystère :
"Calme-toi Mathilde. Tu sais bien que l'organisation et l'hôpital ça fait deux... Il faut juste qu'on patiente un peu.

(En vérité, je suis morte d'inquiétude...)

Mathilde s'affale sur le siège.

Mathilde :
"Laisse-tomber ! Personne ne sais rien ici ! J'te jure, je crois que je vais frapper dans quelque chose là..."

Je ne sais pas quoi faire pour calmer mon amie. Je veux pas la laisser seule, elle a l'air clairement à bout, je ne l'ai jamais vu comme cela. Je m'assoie à ses côtés.
J'hésite puis je pose doucement ma main sur la sienne. Ce contact me fait du bien et à l'air de lui faire du bien aussi. Mathilde se laisse faire mais ne dit plus un mot.
Lorsque je regarde autour de moi, je vois qu'un couloir large et froid. On entend des gens qui s'affairent derrière les portes et le bruit des machines.
Je murmure doucement à Mathilde :

Miss Mystère :
"Je suis là Mathilde... ça va aller"

Presque une heure s'est écoulée et nous avons attendu en silence. Tout à coup, un homme en blouse, suivi de deux jeunes gens en blouse bleue, se poste devant nous.
Nous nous levons rapidement.

??? :
"Mademoiselle Ortega"
Mathilde :
"Oui c'est moi !"

Mathilde est impatiente de savoir comment va Daryl, et moi aussi !!!

??? :
"Je suis le docteur Chapman. Votre frère est encore un peu choqué mais il n'a rien de méchant"

Je vois les muscles de Mathilde se détendre d'un coup et je pousse un soupir de soulagement.

Docteur Chapman :
"Il va avoir besoin de repos. Le scanner a montré que le choc a causé un tassement vertébral. Nous avons procédé à une Cimentoplastie qui s'est bien passée."

Devant nos mines interrogatives, le docteur poursuit avec un ton robotique.

Docteur Chapman :
"L'acte consiste en une incision chirurgicale dans le dos et en l'injection d'une substance similaire au ciment osseux dans le corps vertébral fracturé"
Miss Mystère :
"Nous sommes soulagés que tout aille bien !"

Le docteur me regarde vaguement et remet le nez dans son rapport. L'hôpital me donne toujours l'impression d'être un simple numéro...
Je me suis toujours demandée pourquoi certains de ces docteurs faisaient preuve d'aussi peu d'humanité... sont-ils blasés ou se protègent-ils seulement ?

Mathilde :
"Merci Docteur."
Miss Mystère :
"Il pourra sortir quand ?"
Docteur Chapman :
"Nous allons le garder pour la nuit, sous surveillance. Peut-être demain matin, ou dans quelques jours..."

Le docteur après avoir regardé quel chose sur sa fiche, la balance presque contre les mains d'un internes puis il pose ses yeux vifs à nouveau sur Mathilde.

Docteur Chapman :
"Vu l'état de la voiture, votre frère a eu beaucoup de chance... Son ami aussi d'ailleurs."

(Mince ! Ils étaient deux ?)

Mathilde ne dit pas un mot, comme si quelque chose n'allait pas.

Docteur Chapman :
"Bien malheureusement, la vitesse tue beaucoup de jeunes gens. Votre frère pourrait ne pas avoir la même chance la prochaine fois..."

Le visage de Mathilde se décompose. La pauvre, je l'imagine déjà se représenter le pire.

(Non mais il est obligé de lui dire un truc pareil ce docteur ?! Comme si nous n'avions pas assez stressé en attendant les nouvelles !)

Miss Mystère :
"Peut-on le voir ?"
Docteur Chapman :
"Non. Il a besoin de repos et vous n'avez pas le droit d'entrer."

Le docteur fait volte-face après un bref signe d'au revoir et ses internes s'empressent de le suivre comme si leur vie en dépendait.
Je le regarde partir, dubitative. Il va falloir que je demande des précisions à Mathilde sur les conditions de l'accident...
Mathilde se tourne vers moi. Son visage est détendu mais je la sens profondément perturbée

Miss Mystère :
"Comment est arrivé l'accident Mathilde ?"
Mathilde :
"Du grand Daryl..."
Miss Mystère :
"Mais encore... ?"

Mathilde :
"Ils étaient dans la bagnole d'un de ses potes... Il était côté passager, l'autre conduisait...
Quand je suis arrivé à l'hôpital, j'ai croisé les pompiers. Ils m'ont dit que Daryl et le gars étaient inconscients et que leur voiture était complètement éclatée."
Miss Mystère :
"Mon dieu...Mais ils ont percuté quoi ?"
Mathilde :
"Ils savent pas... La voiture a fait une tête à queue et l'avant est écrasé... Moi je sais ce qui a dû se passer. Je pense que celui qui les a percutés a pris la fuite..."
Miss Mystère :
"Comment ça "celui qui les a percutés" ? Qu'est-ce que tu racontes ?"

Mathilde passe une main dans ses cheveux puis le longe son menton. Elle a toujours ce geste lorsque mes questions la contrarient...

Mathilde :
"T'as entendue le doc ?"

J'acquiesce d'un mouvement de tête.

Mathilde :
"Ecoute Miss Mystère... C'est compliqué... sérieux, tu veux pas qu'on bouge d'ici ? Je déteste les hôpitaux..."
Miss Mystère :
"Oui bien sûr !"

J'avoue que depuis la mort de maman, je ne me sens pas bien du tout dans les hôpitaux. J'ai toujours l'image des infirmières, le regard désolé devant la porte entre ouverte de la chambre de maman. J'ai compris tout de suite qu'elle avait perdu le combat, qu'elle était partie...
Je ravale la boule qui commence à se former dans ma gorge. Je garde ce triste souvenir en moi, je ne veux pas en rajouter, la soirée a été suffisamment rude pour Mathilde... C'est vraiment agréable de retrouver l'air frais du soir ! J'inspire profondément.

Mathilde :
"Pffff !Quelle soirée...!"
Miss Mystère :
"Oui..."
Mathilde :
"Merci beaucoup d'être venue Miss Mystère..."
Miss Mystère :
"C'est normal, on est amie non ?"

Mathilde me sourit, le genre de sourire qui me donne envie de prendre sa tête entre mes mains et de l'embrasser passionnément...
Mais tout à coup son beau visage se ferme.

Mathilde :
"Un jour il finira par ce tuer..."
Miss Mystère :
"Je sais pas, il semble avoir la vie dure !"

Je tente le ton comique pour détendre les traits de Mathilde, mais rien n'y fait.

Mathilde :
"Des fois je me demande si ce n'est pas ce qu'il cherche..."
Miss Mystère :
"Quoi ?! Mais arrête de dire des choses pareilles enfin !"

Mathilde souffle et appuie son dos contre le mur de l'immeuble. Elle me regarde de haut en penchant légèrement la tête vers moi.

Mathilde :
"Arrête de le défendre."
Miss Mystère :
"Je ne cherche pas à le défendre, mais tu dramatises toujours tout quand on parle de lui !"

Mathilde redresse la tête, ferme les yeux et inspire largement... Sa large poitrine montre lentement. Je n'arrive pas à m'empêcher de la détailler du regard. Dieu qu'elle est belle !

Mathilde :
"Daryl aime se mettre en danger."

J'écoute pieusement Mathilde me parler de son frère. Pour une fois qu'elle se confie. Sérieusement, je prends ce qu'elle me donne comme cadeau. Je me cale doucement à côté d'elle contre le mur.

Mathilde :
"Il y a des gens qui cherchent le danger. Qui se sentent vivre grâce à lui. L'adrénaline. C'est ce qui fait vibrer mon frère."

Mathilde me lance un clin d'œil entendu et je me sens immédiatement rougir.

Miss Mystère :
"J'ai... J'ai remarqué pour les voitures de luxe..."

Mathilde grimace en regardant devant elle.

Mathilde :
"Ouais. Je sais."

(Oups j'aurais mieux fait de me taire...)

Mathilde :
"Il n'a pas intérêt à t'embarquer dans ses courses illégales, sinon je te jure que sa vertèbre tassée, à côté de ce que je lui mettrai, c'est de la rigolade..."

Je me retourne tout à coup vers Mathilde.

Miss Mystère :
"Quoi ?! Des courses illégales ?! Je veux dire... Comment ça des courses illégales ?"
Mathilde :
"Ouais. Avec ses... "Potes", ils participent à des courses illégales en pleine ville, et il y a beaucoup d'argent en jeu en général..."

(Mince ! Alors là je suis hallucinée !)

Miss Mystère :
"Mais... Mais... Ils ont le droit ?"
Mathilde :
"Je viens de te dire que ce n'était pas légal, princesse..."
Miss Mystère :
"Oui je sais, parfois je parle plus vite que je ne réfléchis... En fait... Souvent !"
Mathilde :
"Tu comprends maintenant pourquoi je m'inquiète pour toi ?"
Miss Mystère :
"Oui je comprends... Ne t'inquiète pas, je serais très claire avec lui à ce sujet. Pas question que je fasse la course ! Et tu... tu crois que cet accident-là. C'était pendant une course ?"
Mathilde :
"Possible..."
Miss Mystère :
"En tout cas c'est sympa que tu n'aies rien balancé de tout ça au toubib..."
Mathilde :
"Ouais... Je sais pas. En disant rien, je le laisse dans son délire. Je ne voudrais pas qu'il le paye comme moi..."

(Hein ?! Qu'est-ce qu'elle veut dire par-là ?)

Miss Mystère :
"Tu as déjà eu un accident ?"
Mathilde :
"Ouais... Y'a quelques années..."

Je sens que Mathilde se retourne face à moi. Elle a posé sa main droite contre le mur derrière ma nuque, de sorte que je sois coincée entre la paroi et elle.

Mathilde :
"Je..."

Le visage de Mathilde est tout près du mien, mes mains sont collées contre la paroi, ma respiration se coupe lorsqu'elle fixe mes lèvres.
Tout à coup elle s'éloigne d'un pas, à mon grand, très grand... regret.

(Non !!! Pourquoi tu t'en vas !)

Elle fait un mouvement de tête comme pour s'enlever quelque chose de l'esprit. Puis ses yeux se posent à nouveau sur les miens.

Mathilde :
"Miss Mystère... T'es vraiment une fille super..."

Je la regarde sans qu'un seul mot n'arrive à sortir de ma bouche. J'ai vraiment cru qu'elle allait m'embrasser ! Pourquoi elle fait demi-tour ?! Qu'est-ce qu'il s'est passé dans sa petite tête bon sang !

(Je m'en fiche moi d'être une fille super, je veux tes lèvres sur les miennes, ce n'est pas si compliqué !!!)

De retour chez moi, il doit être quelque chose comme deux heures du matin. Le réveil va être rude demain, d'autant plus que la soirée a été dense.
Topaze bouge à peine une oreille lorsque je rentre. Comme chien de garde, il se pose là ! Il remue à peine un la queue lorsque je caresse le sommet de son crâne. Quelle feignasse celui-là !
Avant d'aller au lit, je vérifie une dernière fois que personne n'a essayé de me joindre.
Mathilde m'a envoyé un texto il y a cinq minutes : "Merci encore ma petite warrior ! :-)"
Elle est vraiment trop chou... bien sûr que je l'ai rejoint à l'hôpital ! En réalité je n'ai pas eu la moindre hésitation, c'était juste... évident.
Je décide d'envoyer un petit message de rétablissement à Daryl. Il lira probablement demain, à son réveil. J'imagine déjà son petit sourire satisfait lorsqu’il verra que j'ai pensé lui.
Je souris en tapant mon message : "Alors comme ça on joue les cascadeurs ? Remets-toi bien, tu nous as fait peur. Bises. Miss Mystère."
En me déshabillant, je repense à ce que m'a dit Mathilde, à toute cette histoire de courses illégales. J'aurais dû m'en douter, entre ses fréquentations et son bolide, Daryl n'a rien du garçon sage.
Jusqu'à présent j'étais convaincue que Mathilde était tout l'opposé de son frère, mais ce soir, quelque chose a changé...
Je sens bien qu'elle ne me dit pas tout sur son passé. Entre elle et son frère il y a des choses assez lourdes, des choses qui ont fait que la révélation qu'ils ont aujourd'hui.
Même si Mathilde est clairement opposée aux activités de son frère, il semble que ça n'ait pas toujours été le cas.
Est-ce que ma belle collègue aurait un passé plus sulfureux que ce que j'imaginais ? Géniale... Voilà que je me mettre à fantasmer sur hypothétique passer de bad Girl...
En tout cas, je suis très touchée qu'elle m'ait appelée pour la rejoindre. Elle aurait pu appeler un de ses potes ou même Colin... Mais non, c'est bien moi qu'elle a contactée.
Et ce soir, j'ai vu une nouvelle facette d'elle. Celle d'une femme qui tient énormément à son frère malgré leurs désaccords. J'ai vu l'expression de son visage...
Elle était dévasté lorsque nous attendions des nouvelles de Daryl dans la salle d'attente... Elle l'a même couvert face au docteur, aux pompiers...
Je m'installe confortablement dans mon lit et je fixe le plafond, pensive. Lola a sans doute raison, je risque de me brûler entres les deux, le frère et la sœur Ortega.
L'image plus concrète d'être entre les deux, traverse mon esprit et je me mets à glousser toute seule.
Je ferais mieux de me calmer si je veux arriver à dormir et éviter d'avoir une tête catastrophique demain au bureau !
Je vois déjà Cassidy sur mes talons : "Eh bien mademoiselle Miss Mystère, vous devriez prendre un jour de repos avec la tête que vous vous payez !"
Parfois je me demande comment cette garce siliconée est arrivée là où elle en est. Au bureau, les rumeurs racontent qu'elle n'a pas eu de vergogne à être très... persuasive avec la hiérarchie.
Il m'arrive de rêver que je l'envoie paître, elle et son sourire narquois. Malheureusement, si je veux garder mon job, je ferais bien de me contenter de l'ignorer.
Bref ! Je décide de dessiner mentalement le doux visage de Mathilde, lorsqu'elle était si près de moi ce soir, pour faire de beaux rêves...
Ce matin, comme prévu, ma tête trahie mon manque de sommeil. Je me suis traînée jusqu'au bureau avec mes lunettes de soleil, façon star. J'avais du mal à lutter contre la lumière du jour.
Lorsque j'arrive je suis surprise de ne pas voir Mathilde. Je suppose qu'elle a eu autant de mal à se lever que moi...
Plusieurs dizaines de minutes passent et toujours pas de Mathilde. Je commence à me dire qu'elle n'a pas entendu le réveil sonner !
Soudain, je sens une présence dans mon dos. Je sursaute presque, comme si je sortais d'un état comateux.

Gabriel :
"Bonjour."

(Mince ! Gabriel !)

Miss Mystère :
"Bonjour Gabriel !"
Gabriel :
"Mathilde n'est pas là ?"
Miss Mystère :
"Non... Je ne sais pas où elle est."
Gabriel :
"Ok. Je n'ai rien reçu de sa part. Toi non plus ?"
Miss Mystère :
"Non. Elle ne m'a rien envoyer."
Gabriel :
"Ok... Je vais de la joindre"
Miss Mystère :
"D’accord."

Gabriel semble vaguement préoccupé mais il est rapidement accosté par un employé sur un autre sujet.
Je commence à m'inquiéter... Ou alors Mathilde a pris un jour de congé suite à ses émotions d'hier soir. Mais elle m'aurait prévenu quand même...
J'envoie un message à Mathilde :"T'es où ? Gabriel est passé. Il te cherchait."
Après quelques minutes sans réponse, je décide de me rendre en salle de pose, voir si Colin si trouve. C'est son heure d'habitude.
Je ne vois personne... J'en profite pour prendre une boisson énergisante... Je sens que je ne vais pas tenir la matinée sinon.

Lola :
"Salut !"
Miss Mystère :
"Salut ! Dis, t'as vu Mathilde ce matin ?"
Lola :
"Euh... Non je crois pas. Pourquoi ?"
Miss Mystère :
"Elle n'est pas au bureau et je n'ai pas de nouvelles d'elle."
Lola :
"Ah bon... Sûrement que cette idiote n'a pas entendu son réveil !"
Miss Mystère :
"Elle a eu une soirée agitée hier. Daryl était à l'hôpital."
Lola :
"Oh ?!"
Miss Mystère :
"Rien de grave, t'inquiète, Daryl va bien. J'étais avec Mathilde. On s'est quitté vers 1h30 du mat, j'ai eu un texto d'elle vers 2h. Mais ce matin, rien."
Lola :
"C'est bizarre...Elle a tout aussi bien pu prendre un jour pour se remettre ou… s'occuper de Daryl."

Je n'en laisse rien paraître à mon amie pour ne pas l'inquiéter mais intérieurement je psychote. Et si Mathilde avait dû retourner d'urgence à l'hôpital ? Et si Daryl n'allait pas aussi bien que prévu ce matin ?
Pendant que Lola commande son café, je vois arriver Colin.

Miss Mystère :
"Salut Colin !"

Devant mon enthousiasme le concernant, il lève les yeux sur son mobile.

Colin :
"Salut Miss Mystère"
Miss Mystère :
"Dis-moi... Tu as vu Mathilde ce matin ?"
Colin :
"Non..."

Je lui diras bien que pour une fois nous devrions mettre nos différends de côté pour l'intérêt de notre amie en commun, mais... ce serait peine perdue. Je me contente de grimacer, soucieuse.

Colin :
"Pourquoi ? Y a un souci ?"

Lola passe devant nous et me fait un geste entendu entre le "bon courage" pour Colin et "tiens-moi au courant " pour Mathilde.

Miss Mystère :
"Oui... Enfin je ne sais pas. Hier soir, Daryl a eu un accident et nous étions avec Mathilde à l'hôpital."

Le visage de Colin passe de l'agacement à la surprise.

Colin :
"Elle t'a parlé de ça ?"
Miss Mystère :
"Euh... Oui puisqu'elle m'a appelée dans la soirée pour que je la rejoigne à l'hôpital."
Colin :
"Ah... OK"

Colin semble interloqué.

Colin :
"Elle m'a envoyé un sms dans la nuit pour m'dire que son frère avait rien"
Miss Mystère :
"Oui le docteur a dit qu'il allait bien malgré une vertèbre qu'ils ont dû ressouder. Il devait juste le garder en observation durant la nuit."
Colin :
"OK."

Colin a l'air sincèrement intéressé par ce que je lui raconte ce qui n'est pas arriver depuis que je le connais.

Miss Mystère :
"Mais ce matin, Mathilde n'est pas là et je n'ai aucune nouvelle d'elle. Alors je m'inquiète."

Colin semble réfléchir un instant, puis ses yeux bleus perçants me fixe à nouveau.

Colin :
"T'inquiète pas, elle a dû s'occuper de son frère. Un peu com' d'hab..."
Miss Mystère :
"Comment ça comme d'habitude ?"

Colin grimace un peu puis m'invite à marcher un peu à l'écart des gens qui viennent d'arriver.

Colin :
"Daryl s'fous toujours dans des situations moisies... et Mathilde doit toujours s'occuper d'arranger les choses..."

(OH...)

Colin :
"Enfin voilà quoi. C'est cool d'avoir encore son frère et sa sœur, mais entre Daryl et Mathilde c'est un joyeux bordel quand même..."

(Pourquoi encore ?)

Colin :
"Je dois y aller. Si t'as des news, tiens-moi au courant miss."

(Miss ? Wow un petit surnom gentil la part de Colin !)

Avant que je n'aie eu le temps de répondre, il est déjà parti.
C'est étrange, j'ai l'impression que cette histoire nous a rapprochés... En tous cas, pour une fois nous avons eu une discution normale et même agréable.
J'ai mangé sur le pouce, j'étais trop préoccupée par l'absence de Mathilde. Elle n'a pas répondu à mes messages et personnes n'a de nouvelles.
Je me remets au travail mais impossible d'arriver à me concentrer. Il est déjà 15h et toujours aucun signe de vie...
Soudain, j'entends un bruit de pas qui correspond à la démarche de quelqu'un que je connais bien, et que j'attendais impatiemment. Mathilde.

Mathilde :
"Salut princesse..."
Miss Mystère :
"Salut Mathilde. T'étais où ? Je me suis faite un sang d'encre !!!"

Mathilde soupire en déballant ses affaires sur son bureau. Elle a l'air épuisée.

Mathilde :
"J'ai ramené Daryl chez lui, ils ont été un peu lourds à l'hôpital pour nous laisser sortir et..."
Miss Mystère :
"Et quoi ?!"
Mathilde :
"Eh... Euh... On s'est pris la tête avec Daryl..."
Miss Mystère :
"A quel propos ? Au sujet des courses illégales ?"
Mathilde :
"Non... Enfin c'est rien, j'ai juste envie de passer à autre chose là..."

Encore une fois, je me sens mise de côté, Mathilde a remis de la distance entre moi et sa vie...

Miss Mystère :
"Tu n'avais pas ton portable ?"
Mathilde :
"Non j'étais un peu à l'ouest ce matin... Je l'ai oublié dans ma chambre. Pourquoi, t'as essayé de m'appeler ?"
Miss Mystère :
"Ben oui... Je me suis fait du souci moi..."

Mathilde me regarde avec tendresse.

(Eh oui... au cas où tu l'aurais pas encore remarqué, tu comptes plus que tout pour moi...)

Mathilde :
"T'es trop mignonne ma princesse..."

Elle s'approche de moi et me fait un bisou sur le front. Mon corps s'électrise tout entier !!

Miss Mystère :
"Je... Euh..."

Ce geste m'a complètement troublée et je ne veux pas que Mathilde s'en aperçoive. Je cherche vite à dévier son attention.

Miss Mystère :
"Par contre ce matin, Gabriel te cherchait..."
Mathilde :
"Ah m...e ! Je vais me manier d'aller le voir ! Avec lui je peux jouer de mes charmes naturels comme avec Cassidy !

(En sachant que Cassidy est a l'affût de tout ce qui bouge)

Miss Mystère :
"... Dans le doute, serre les fesses ma grande... :-)))"

Mathilde semble faussement choqué par ma remarque puis éclate de rire franc. Mon cœur s'enveloppe immédiatement de douceur. J'aime son rire. Je la regarde se déplacer avec son air innocent jusqu'au bureau de notre manager.

(...)

Hier soir je me suis couchée à l'heure des poules et j'ai dû faire un tour de cadran complet... Nous n'avons pas reparlé de Daryl avec Mathilde aujourd'hui.
En tous cas, j'ai la forme et je compte bien lui mettre la pattée sur le ring. J'en profite pour envoyer un dernier message à Daryl... Il n'a pas répondu aux autres.

Mathilde :
"Hey princesse ! Prête à souffrir ?"
Miss Mystère :
"J'ai jamais eu peur des personnes qui se la ramènent trop..."
Mathilde :
"Oh ? Je me la ramène, moi, madame ?"

Nous nous échauffons gentiment avec Mathilde. J'avoue que j'ai plus tendance à mater ses muscles de sa poitrine en pleine effort, bien cachée entre mes gants, qu'à me concentrer.

Miss Mystère :
"Tu as des nouvelles de Daryl ? Je lui ai laissé plusieurs messages et il ne répond pas."
Mathilde :
"Quoi ? Non... Enfin, si. Il va bien je crois."
Miss Mystère :
"Tu crois ?"
Mathilde :
"Ben oui, je suis sa sœur, pas sa mère. Et toi, je te rappelle que tu n'es ni l'un ni l'autre."

Wow !! Pourquoi faut-il qu'elle soit toujours sur la défensive quand on parle de Daryl. Je ne dit rien, j'encaisse. Mais mauvaise nouvelle pour elle, elle va le payer en coup de pieds ou de poings...
Soudain Mathilde lance une attaque ! J'évite avec difficulté son coup et je lui renvoie un coup de pied dans les tibias. En free fight tout est permis, non ?
Mathilde est déstabilisé un instant en tombant sur le genou puis se redresse rapidement. Cette fois, elle ne rigole pas et moi non plus. On sait toutes les deux que nous sommes en train de régler nos comptes à travers ce combat.

Mathilde :
"T'as besoin de lui envoyer des messages ?!"

Avant que je puisse répondre, Mathilde fond sur moi à nouveau. Elle me donne un coup dans le ventre qui coupe net ma respiration. Je me plie en deux un instant.
Je décide de tenter une vile manipulation féminine en exagérant la douleur pour amadouer mon adversaire...
Mathilde s'approche de moi, désolée, mais je riposte rapidement et lui envoie un uppercut !

Miss Mystère :
"Je lui envoie des messages si j'en ai envie !"

Je vois les yeux de Mathilde se rétrécir si je venais de la mettre profondément en colère.
Tout à coup, elle pivote si vite que je me retrouve dos contre elle et en une fraction de seconde, elle me fait tomber pour venir se placer au-dessus de moi et bloquer totalement mes mouvements.
Elle a bloqué mes deux mains et son corps pèse sur mes cuisses, de sorte que je ne peux faire aucun mouvement.
Je sens mon souffle chaud sur mon front, des gouttes de sueur perlent sur les racines de ses cheveux.
Nos poitrines montent et descendent si intensément que nos corps se touchent par moments. La tension est palpable et je sens les regards sur nous.
J'essaie de débloquer mes bras, je pousse des gémissements plaintifs, je tente de bouger le bassin... Mais le corps tendu de Mathilde pèse lourdement sur le mien, je suis totalement bloquée.

Mathilde :
"Il n'y a rien de bon chez Daryl..."

Mathilde a murmuré cette phrase sans agressivité. Sa voix est devenue douce et ses yeux ont changé d'intensité pendant qu'elle ne cesse de me fixer mes lèvres.
Mon rythme cardiaque s'est largement accéléré et ce n'est pas dû à l'effort mais à la promesse silencieuse que Mathilde est en train de me faire.
De la colère, je passe à l'impatience. Je veux juste qu'elle pose ses lèvres sur les miennes. Je me fous qu'on soit sur un ring, en public. Tout à coup notre étreinte est interrompue par un sifflement qui retentit à quelques mètres, au fond de la salle.

??? :
"Y a des hôtels pour ça les tourtereaux..."

Je deviens rouge-écarlate et je sens Mathilde défaire son emprise maladroitement.

Mathilde :
"La ferme Connor..."

Le type éclate d'un rire un gras à mon goût puis retourne à ses occupations, après m'avoir longuement reluquée, pendant que Mathilde m'aide à me relever.

Mathilde :
"Fait pas attention à lui, il est un peu... brut mais c'est pas un mauvais gars."

Je commence à être épuisée de toutes ces occasions manquées, de rester sur une frustration de plus... Une boule se forme dans ma gorge.

Miss Mystère :
"Je... Je vais y aller. Merci pour l'entraînement.
Mathilde :
"Miss Mystère att..."

Je ne laisse pas Mathilde finir et je quitte précipitamment le ring pour récupérer mes affaires et rentrer à la maison. L'orage gronde dehors, comme si la météo se mettait sur la même longueur d'onde que ma vie... Je ne comprends pas Mathilde a été si agressive et après si proche, pour finalement s'écarter de moi comme si de rien n'était...
Parfois je ne me demande si elle le fait exprès, si ça l'amuse ! Mais c'est tellement loin de lui ressembler... Alors pourquoi fait-elle ça ?
Les paroles de Daryl me reviennent en tête : "Tu perds ton temps. Clairement, elle tient à toi."
Elle tient à moi donc elle veut rien tenter... ?
Je souffle, tout ça n'a aucun sens ! Mes yeux sont embués à cause de la pluie et sûrement beaucoup par rapport à la façon dont on s'est quitté avec Mathilde. Je décide d'appeler Daryl. Il va finir par me répondre ! Le téléphone sonne mais je suis envoyée directement sur la messagerie. À croire qu'il m'évite !
Je me sens tout à coup finalement abandonnée tour à tour par chacun des deux... le frère et la sœur...
Pendant que je fulmine mon téléphone bipe ! Mon cœur fait un bond. J'espère soudain que c'est Mathilde qui appelle pour s'excuser de son comportement bizarre de ce soir !
Mais ce n'est ni l'un ni l'autre ! C'est Lola.

Miss Mystère :
"Oui Lola ?"
Lola :
"Hey ! Dis donc t'as une petite voix !"
Miss Mystère :
"Ouais... Je me suis pris la tête avec Mathilde... Sur le ring..."
Lola :
"Oh... Mince... Je t'appelais justement pour prendre de ses nouvelles, mais c'est peut-être pas le bon moment...?"

(C'est pas le meilleur...)

Miss Mystère :
"Les Ortega vont bien. Mathilde est toujours en colère contre Daryl pendant que Daryl, lui, se contente d'ignorer mes messages..."

Lola ne dit rien au bout du fil.

Miss Mystère :
"Donc tu vois là, deux en fait, ils me fatiguent un peu !!!"
Lola :
"O...K... Toi t'as besoin de déconnecter un peu... Ou il te faut du chocolat pour te remonter le moral !"

Je lâche un rire nerveux.

Miss Mystère :
"Je crois qu'il va me falloir le chocolat en perfusion ! Je vais demander au toubib des urgences..."
Lola :
"Il était charmant ou quoi ? Genre docteur Carter...?"
Miss Mystère :
"Euh... J'en sais rien, j'ai pas vraiment regardé !"
Lola :
"C'est vrai pardon. J'aurais dû m'en douter !"

Mon cœur se serre. Je m'en fichais bien de savoir si ce type était beau ou pas... Je sais très bien que mon esprit...

Lola :
"Bon je dois filer ma belle. Reste zen... Et rappelle-moi ce soir si t'as besoin ! Lola toujours à votre écoute !"
Miss Mystère :
"Merci Lola mais ça va aller... Profite de ton cours ! Bisous."

Je raccroche le regard dans le vide. Je crois que ce soir, je vais juste me caler dans le bain et oublier ces deux-là. Enfin, si j'y arrive...

Ce matin je suis d'humeur massacrante. Lola a déclaré que nous étions en situation de crise et que nous devions absolument planifier une sortie en discothèque en fin de semaine. Parce que je cite : "T'as besoin de t'éclater un peu ma cocotte !"
J'arrive à mon bureau en ignorant Mathilde. L'ambiance est glaciale. On dirait deux gamins qui se boude.

Miss Mystère :
"Tu t'économisais d'habitude ?"
Mathilde :
"Hein ?"
Miss Mystère :
"Au sport, tu t'économisais ?"

Mathilde semble déroutée et je la vois esquisser un mouvement de recul. Le genre de tête typiquement féminine. Son cerveau a mis les warnings et elle se dit en ce moment même : "OK. Il est où le piège ?"

Mathilde :
"Qu'est-ce que tu racontes ?"
Miss Mystère :
"Tu y es pas allé de main morte hier soir..."
Mathilde :
"Oh..."

Mathilde semble toute gênée.

Miss Mystère :
"Quoi ?"
Mathilde :
"Désolé si j'y suis allée trop fort..."
Miss Mystère :
"Au contraire ! Au moins j'ai eu l'impression de faire un vrai combat, pour une fois..."

Mon ton est clairement agressif. Je me connais, je suis proche de l'explosion. Celle qui fait des dommages collatéraux. Hiroshima à côté, c'est de la gnognote.`

Miss Mystère :
"Franchement, j'ai pas besoin qu'on me protège ! Je sais me battre."
Mathilde :
"J'ai jamais dit le contraire !"
Miss Mystère :
"Alors pour tu te retiens ?"

(Pourquoi j'ai l'impression que je ne lui parle pas que du combat ?)

Mathilde :
"Mais je sais pas, je... j'ai peur de te blesser peut-être..."
Miss Mystère :
"Ah donc tu te retiens !!!!"
Mathilde :
"Miss Mystère..."

Mathilde lève les bras au ciel, comme si je lui faisais une scène pour rien. Voilà qui a le don de décupler ma colère. Je suis prête à passer de la petite chose mignonne au Gremlins enragé.
Je m'approche d'elle, pour parler à mi-voix afin que personne ne nous entende.

Miss Mystère :
"Quand j'avais six ans, le fils de ma nounou, la voisine, s'amusait avec moi quand elle était occupée à d'autres choses que ce pour quoi mes parents la payaient. Alors les sales types, je connais. Depuis mon plus jeune âge !! Et j'ai appris à me défendre, OK ?"
Mathilde :
"... Miss Mystère... Je savais pas..."

Mathilde semble soudain si mal, si triste, que mon cœur se fend d'un coup.
Qu'est-ce qui me prend tout à coup ? Lui lâcher cette partie sombre de ma vie que je cache à tout le monde comme ça, pour le blesser sur un coup de colère...
Je me sens si minable tout à coup que je décide de partir rapidement de la pièce. Je m'échappe vers l'ascenseur, les yeux rivés sur le sol !

(Quelle idiote ! Ce n'est pas en me comportant comme une peste avec Mathilde que je vais arranger quoi que ce soit entre nous...)

Dans la précipitation je trébuche contre les portes qui commencent à se refermer. Sans quitter le sol des yeux je me mets à maugréer et entre dans la cabine comme une furie.

Miss Mystère :
"Aïe !! Et mince ! Marre de cet ascenseur pourri aussi !!"

Je tape avec violence sur le bouton du rez-de-chaussée. Il me faut de l'air. Et vite !

??? :
"Je vous demande pardon ?"

(Mince j'ai parlé tout haut !)

Lorsque je lève les yeux vers la voix masculine inconnue qui vient de m'interpeller, mon regard se pose sur deux iris gris lumineux.
Ma colère est stoppée nette. Je ne sais pas quoi dire. Et dans ce cas-là, d'expérience, je préfère ne pas ouvrir la bouche.

??? :
"Qu'est-ce que vous avez après mon ascenseur ?"

(Son ascenseur... ?)

Miss Mystère :
"Euh... Votre ascenseur... ? Quoi, il est à vous peut-être ?"

J'ai lancé ça avec dédain. Ce n'est pas son costume ultra-chic et son allure d'homme d'affaires qui va m'intimider. Enfin pas trop.

??? :
"Oui."

Il flotte une atmosphère vraiment bizarre. L'homme relève un peu le menton sans cesser de me fixer, les yeux pétillants de malice.
Les portes se sont refermées et l'ascenseur commence sa descente vers le rez-de-chaussée. Moi je suis déjà aux trente sixièmes dessous.

??? :
"Vous êtes ?"

Il a ton des hommes à qui il vaut mieux répondre rapidement et de façon claire.

Miss Mystère :
"Mademoiselle... Je... Je travaille pour monsieur Simons au quarante-deuxième étage."

L'homme me fixe un instant puis pose ses yeux sur mes mains crispées pendant quelques secondes. Il fronce les sourcils ce qui a le don de m'impressionner, puis les traits de son visage se détestent.

??? :
"Eh bien je vais songer à offrir un séminaire de détente aux employés du quarante-deuxième étage. Ils me semblent plutôt tendus !"

Dans son regard je peux lire une pointe d'amusement.

Miss Mystère :
"Et vous, vous êtes ?
??? :
"Monsieur Carter. Ce building et cet ascenseur "pourri", entre autres m'appartiennent."

Ma bouche reste entrouverte. Génial, je viens de me ridiculiser devant le mec le plus puissant de la firme...

Monsieur Carter :
"Excuse-moi, je descends à cet étage"

Lorsqu'il passe à côté de moi pour sortir il m'adresse un regard de prédateur, le genre qui vous donne l'impression d'être mise à nue, vulnérable. Puis il disparaît.

(OK... Alors là, j'ai frôlé la cata !)

Encore sonné par ma boulette puissance mille, je sors prendre l'air dans la rue. Je pose mon dos contre le mur, les mains contre la paroi et je souffle en regardant le ciel.
Voilà comment ça se passe chez-moi. J’encaisse, j'empile, j'explose. Et évidemment, les choses sortent toujours n'importe quand, n'importe où et n'importe comment...
Je ferme les yeux quelques instants et je calme ma respiration. Bon, après tout, Monsieur Carter doit être suffisamment occupé pour ne pas prêter plus d'attention que ça à une jeune recrue...

??? :
"Miss Mystère..."

Je sursaute et je me redresse aussitôt ! Quoi encore ?!

Mathilde :
"Je suis vraiment désolé..."
Miss Mystère :
"Non c'est moi... Je sais pas ce qui m'a pris..."
Mathilde :
"Écoute... Je sais qu'hier c'était un peu bizarre à l'entraînement... Est-ce que ça te dit qu'on aille boire un verre ce soir après le boulot ? Je crois que je dois me faire pardonner..."

Mathilde qui me propose un rendez-vous ? Finalement mon coup de sang a été plus bénéfique que je le pensais !

Miss Mystère :
"OK"
Mathilde :
"Super !"

Mathilde regarde un instant la rue, les mains dans les poches. Elle semble mal à l'aise.

Mathilde :
"On devrait remonter peut-être non ?"
Miss Mystère :
"Euh... J'ai peur de croiser le big boss..."
Mathilde :
"Hein ?..."
Miss Mystère :
"Je viens d'insulter l'ascenseur devant le big boss, Monsieur Carter..."

Mathilde éclate de rire

Mathilde :
"T'es vraiment géniale !"
Miss Mystère :
"Bof... C'est-à-dire que j'aimerais garder mon job encore un peu... J'ai mon loyer et les croquettes de Topaze à payer..."
Mathilde :
"T'inquiètes, à mon avis il a déjà oublié ton nom."
Miss Mystère :
"Espérons... Mathilde... Je... désolé pour ce que j'ai dit... Le voisin... Je n'en avais jamais parlé à qui que ce soit..."

Le voisin est un type imbuvable, imbu de soi même, il a tenté d'abuser de moi... Bien heureusement une voisine qui passer par-là, arrivait à son appartement... Ouf j'ai eu la frayeur de ma vie... Il n'a jamais tenté de recommencer ...
Mathilde se rapproche de moi, le regard grave. Elle semble profondément triste tout à coup. Je fixe le sol et je sens une boule se former dans ma gorge, je la réprime de toutes mes forces.

Miss Mystère :
"Je ne veux pas que... que tu me voies différemment maintenant."

Le visage de Mathilde se fait doux, tendre. Elle passe une main sur ma joue. Ce contact est tellement agréable que mon cœur rate un battement. Elle plante son regard dans le mien pendant qu'une goutte perle au coin de mon œil.

Mathilde :
"Je ne te verrai jamais autrement que comme celle que tu es. Et sache que tu peux m'en parler si tu en as besoin."

(Arrête d'être aussi mignonne sinon je jure que je me (jette) dans tes bras.)

Miss Mystère :
"Merci Mathilde... T'as du mérite de me supporter..."
Mathilde :
"Tu mérites bien que je sois là pour toi, tu endures quand même mes blagues pourries tous les jours..."

Je donne un coup de coude à Mathilde puis nous nous mettons en chemin. Comme prévu après le travail je suis rentrée me préparer pour rejoindre Mathilde en ville. Topaze a fait la tête car je l'ai rapidement promené pour passer du temps à me pomponner. Une soirée en tête à tête avec Mathilde, ça se prépare ! J'ai choisi de porter :

Miss Mystère :
"Une robe noire cintrée... C'est parfait !" (Avec un cœur ouvert au milieu de la poitrine.)

Lorsque j'arrive devant le bar, j'aperçois Mathilde, négligemment appuyée contre sa moto. Il y (a) du monde dehors mais indéniablement, il n'y a qu'elle à mes yeux. Mon cœur s'enveloppe de douceur. C'est une évidence, cette femme est simplement la plus sexy de la planète...
Le temps que traverse la rue, elle s'avance vers moi, un sourire charmeur aux lèvres.

Mathilde :
"Mademoiselle... vraiment en beauté ce soir..."
Miss Mystère :
"Vous n'êtes pas mal non plus, très chère..."

Mathilde et moi nous avançons vers l'entrée. Je sens plusieurs regards masculins me scanner puis s'attarder sur ma belle accompagnatrice.

Mathilde :
"Si vous voulez bien vous donner la peine..."

Elle ouvre la porte et me fait signe d'entrer en se courbant.

Miss Mystère :
"Merci..."

Nous nous installons à une petite table. Je me hisse sur le tabouret haut pendant qu'elle débarrasse ses affaires de motarde.

Miss Mystère :
"Merci pour l'invitation Mathilde..."

Je la vois chercher un endroit pour poser son casque. J'ai toujours l'impression que lorsqu'elle est là l'espace n'est jamais assez grand pour elle. Je la regarde amusée

Mathilde :
"Quoi ?"
Miss Mystère :
"Je sais pas... Des fois, j'ai l'impression que là où tu passes l'ordre trépasse..."

Elle hausse les épaules avec un air innocent. Je la trouve tellement craquante lorsqu'elle fait ça...
Quand elle a enfin trouvé sa place elle fait signe au serveur. Celui-ci accourt, un peu trop vite à mon goût, et affiche une moue séductrice.

(Ça va... Tu vas te calmer oui ?)

Mathilde passe la commande et ne semble pas lui prêter la moindre attention. Parfois je me demande si elle se rend compte de ce qu'elle provoque...

Miss Mystère :
"Tu te rends vraiment compte de rien hein ?"
Mathilde :
"De quoi ?"

J'éclate de rire devant sa mine étonnée.

Miss Mystère :
"Le serveur... S'il pouvait s'asseoir sur tes genoux, je crois qu'il le ferait."

Elle jette un coup d'œil rapide au serveur. Puis ses yeux pétillants reviennent sur moi.

Mathilde :
"Oh... C'est mignon !!! Mademoiselle est jalouse ?"
Miss Mystère :
"Pfff... N'importe quoi ! C'est juste que je sais pas, lui peut-être, il cherche plus..."
Mathilde :
"Toutes les personnes n'ont pas ton charme naturel princesse. Tu devrais être plus charitable."

Le serveur nous interrompt pour apporter les boissons et il manque s'étaler ses pecs sur la table pour poser nos verres. Je me retiens de lui proposer de s'asseoir avec nous... Je lui lance un regard en diagonale qu'il ne remarque même pas, trop occupée à détailler Mathilde avec gourmandise. Et cette dernière en profite pour m'adresser un sourire satisfait.
Lorsqu'il repart en faisant l'homme viril, Mathilde se penche vers moi.

Mathilde :
"On est pas sur un ring, alors n'abîme le monsieur, il t'a rien fait."
Miss Mystère :
"Euh... Excuse-moi une minute, je vais juste me repoudrer."

J'ai toujours adoré cette excuse. On sait très bien que toutes les filles disent ça mais qu'aucune ne le fait vraiment.
Je me lève avec grâce et je passe discrètement près du comptoir où mon nouveau pire ennemi prépare des cocktails. Avec le regard d'une tueuse, je lui montre des doigts que je l'ai à l'œil puis je fais un signe explicite de décapitation. Parfois de simples gestes valent mieux que de longs discours.
Devant son air stupéfait, je retourne m'asseoir à ma place, l'air de rien.
Mathilde m'observe quelques secondes avec des petits yeux perçants je sais très bien ce que ça annonce : des questions.

Mathilde :
"Où est-ce que tu as appris à te battre comme ça ?"
Miss Mystère :
"Mon père. Il m'a tout appris lorsque je lui ai avoué ce qu'il s'était passé avec le voisin...!"
Mathilde :
"... Il a pas voulu lui casser la gueule à ce salaud ?"

Miss Mystère :
"Si... bien sûr ! Heureusement, quand je me suis enfin décidée à en parler, leur famille avaitdéménagée depuis un an. Papa a voulu les retrouver, on a dû le retenir avec maman..."

Mathilde me regarde, attentive.

Miss Mystère :
"J'avais tellement honte ! Je ne voulais pas faire d'histoires... Je voulais juste oublier tout ça."
Mathilde :
"Je te comprends... Mais je comprends aussi ton père ! Franchement, quand tu m'as parlé de cette histoire ce matin, j'avais juste envie de retrouver ce type et de le défoncer."
Miss Mystère :
"Je ne sais pas ce qu'il est devenu... Je ne veux pas savoir. Mais en tout cas, grâce à papa, je sais comment me défendre."
Mathilde :
"Tu vois ton père encore ?"
Miss Mystère :
"C'est compliqué. Il est loin. Maman le tenait un peu, maintenant... Il passe la majeure partie de son temps à voyager un peu partout dans le monde. C'est un aventurier... ! Mais assez parlé de moi... Parle-moi un peu de toi."

Je la fixe avec des yeux malicieux pendant que j'attrape mon verre.

Mathilde :
"Et bien... Mes parents sont décédés quand j'avais huit ans, dans un accident. C'est ma grand-mère qui nous a recueillis et élevés comme elle a pu, Daryl et moi."
Miss Mystère :
"Oh... Je suis désolée..."
Mathilde :
"Non ça va... Je veux dire... Ils me manqueront toujours, mais grand-mère nous a donné beaucoup d'amour malgré toutes nos conneries. On a eu de la chance."

Je regarde Mathilde avec bienveillance. J'imagine cette pauvre dame avec deux affreux jojos comme Mathilde et Daryl à cadrer..."

Miss Mystère :
"Tu vois encore ta grand-mère ?"
Mathilde :
"Elle est dans une maison spécialisée maintenant. Elle perd un la boule... C'est pas évident. Elle confond souvent avec Daryl quand je vais la voir..."
Miss Mystère :
"En même temps vous êtes jumeaux... Que ça te plaise ou non d'ailleurs..."

Mathilde me sourit, comme pour dire : "Toi, tu cherches à me faire parler."

Mathilde :
"Tu sais Miss Mystère, je ne déteste pas Daryl. Pendant très longtemps nous avons eu un lien très fort. On nous appelait la tornade Ortega. Tous les deux, on se protégeait mutuellement."
Miss Mystère :
"Qu'est-ce qui a changé alors ?"
Mathilde :
"On a évolué différemment..."
Miss Mystère :
"Je suis sûre que ça va s'arranger."

Mathilde lève les yeux pleins de tendresse sur moi.

Mathilde :
"Tu veux toujours que les choses s'arrangent autour de toi hein ?"
Miss Mystère :
"Eh oui... La vie ne tient qu'à un fil... On peut être là et le lendemain avoir disparu. Idem pour nos proches. Alors je crois qu'on doit en profiter au max, et ça commence par profiter des gens qu'on aime sans s'attacher à nos petits différends. Carpe diem quoi !"
Mathilde :
"Bientôt tu vas parler comme les moines bouddhistes... Genre la vieille pleine de sagesse en haut de sa montagne qui explique le Kung-Fu avec phrases énigmatiques..."
Miss Mystère :
"Ah ah ah !!! Non j'ai pas envie de me raser la tête..."
Mathilde :
"Même la tête rasée, je suis sûr que tu serais encore super craquante..."

(OHH)

Mathilde semble gênée tout à coup, comme si elle réalisait ce qu'elle venait de dire

Mathilde :
"Euh... Enfin... Bref."

Je glousse en la regardant se dépatouiller.

Miss Mystère :
"Quoi, c'est l'image de moi le crâne rasé qui te rend toute chose ?"

Mathilde me sourit

Mathilde :
"Sans doute."

Si Lola était là, je sais ce qu'elle me dirait : "C'est pas des signaux de fumée qu'elle m'envoie là, c'est carrément un panneau lumineux avec écrit TU ME PLAIS."
J'ai passé une excellente soirée avec Mathilde. Nous avons continué à parler de nos enfances respectives pendant des heures. Le patron du bar a dû nous demander de partir.
C'est certain que j'espérais que Mathilde soit un peu plus entreprenante à la fin de la soirée, un peu comme dans les films, le bisou de la fin... Mais visiblement je vais devoir patienter encore.
La "tornade Ortega"... Effectivement j'ai l'impression qu'elle est en train de mettre le désordre dans ma vie...
Lorsque j'arrive à l'appartement Topaze me regarde tristement.

Miss Mystère :
"Oh ! Mon pauvre... Tu dois vraiment avoir besoin de sortir ! Je te délaisse en ce moment..."

Topaze se colle à moi pour me donner son ventre. J'ai toujours l'impression qu'il croit que je vais l'abandonner lorsque je rentre tard à la maison.

Miss Mystère :
"Viens, on va promener !"

Ses oreilles se redressent d'un coup et son expression est désormais à la fête. La capacité qu'il a à changer d'humeur me laisse souvent rêveuse.
Dehors je repense aux propos de Mathilde. Elle et Daryl...
D'ailleurs, Daryl n'a toujours pas répondu à mes messages et ça commence à m'agacer fortement ! La moindre des choses serait au moins qu'il me donne signe de vie. J'attrape mon téléphone, pendant que Topaze fait sa vie, pour chercher le contact de Daryl.
Après réflexion, je tapote : "Salut Daryl, c'est Miss Mystère. J'aimerais vraiment avoir de tes nouvelles, ça me ferait plaisir de savoir que tu vas bien..."
Je range mon téléphone dans ma poche et je décide de jouer un peu avec Topaze. Entre tous ces mâles, je ne m'occupe plus trop de lui.
Nous faisons la course comme des imbéciles, sur le trottoir. Évidemment c'est toujours lui qui gagne... Il se met à aboyer et je le calme tout de suite.

Miss Mystère :
"Chuuuuut !"

Il me fait tout de suite sa tête de chien battu.

Miss Mystère :
"Oh arrête de me faire cette tête ! Tu ne sais pas jouer sans faire de bruit."

Je caresse avec virilité le haut de son de son crâne et il va tout de suite beaucoup mieux.

Miss Mystère :
"Allez-on remonte !"

Alors que je verse les croquettes de Topaze dans sa gamelle, j'entends le bip de mon téléphone. Pas possible ? Daryl m'aurait-il enfin répondu ?
J'attrape mon téléphone un peu désabusé, et lorsque je lis le message de Daryl, je reste... dubitative.

Daryl :
"je vais bien. Juste un peu rouillé."

C'est tout ce qu'il a à me dire ? Même pas d'excuses ? Il est gonflé celui-là !!!!
Franchement il m'agace ! J'ai vraiment l'impression de l'ennuyer alors que je m'inquiète pour lui ! Je tape un sms en pestant tout seule : "T'es aussi rouillé des doigts pour ignorer tous mes autres messages"
Je lâche négligemment mon téléphone sur le sofa. J'hallucine quand même... Topaze se rapproche de moi, il a senti mon trouble. Ce chien lit en moi comme un livre ouvert.

Miss Mystère :
"Tu sais quoi Topaze, ras le bol des MECS !"

Il me regarde de ses yeux tout ronds, attentifs, comme pour essayer de comprendre ce que je lui raconte.
Mon téléphone bipe à nouveau. Je l'attrape rapidement. Lorsque je lis le message de Daryl, je me crispe aussitôt. C'est quoi ce délire ?!

Daryl :
"tu devrais demander à ma sœur pourquoi je n'ai pas le droit de te voir princesse... D."

Je pose mon téléphone sur mes genoux et je regarde droit devant moi. Sans déconner ? Mathilde lui a interdit de me voir ?! De quel droit ?
Alors là j'hallucine ! J'envoie immédiatement un message à Mathilde : "Demain, faut qu'on parle."
Je le crois pas ! Tout ça commence à prendre une tournure ridicule ! Je me remémore ce qu'il m'avait dit le lendemain de l'accident... Le frère et la sœur s'étaient disputés. Est-ce que j'étais au centre de cette dispute ?
J'aimerais bien savoir pourquoi, dès que je passe un moment avec ces deux-là ils se débrouillent pour venir tout gâcher !
Elle avait du mérite la grand-mère ! Ces deux-là sont insupportables, et quelque chose me dit que ça ne date pas d'hier !
Ce matin, ça devient une habitude, je suis sur les nerfs. Le message de Daryl tourne en boucle dans ma tête...

Mathilde :
"Salut princesse !"

Mathilde me surprend, posté derrière moi en pinçant légèrement ma taille, ce que me fait sursauter. De toute évidence elle ne se doute de rien...

Miss Mystère :
"Arrête de faire ça, ça m'énerve !"
Mathilde :
"Oula ! Mademoiselle a mal dormi cette nuit... ? Pourtant on a passé une bonne soirée hier soir non ? Moi je suis tombée comme une masse et j'ai dormi comme un bébé."
Miss Mystère :
"Oui très bonne. Jusqu'à ce que je reçoive un message de ton frère..."

Le visage de Mathilde se ferme.

Mathilde :
"Qu'est-ce qu'il a encore fait ?"
Miss Mystère :
"Oh lui ? Rien visiblement..."

Mathilde pose lourdement ses affaires. Elle a l'air maintenant excédée.

Mathilde :
"OK... Alors qu'est-ce j'ai encore fait ?"
Miss Mystère :
"Est-ce qu'il dit vrai ? Est-ce que tu as quelque chose à voir avec le fait qu'il ait ignoré mes messages ?"

Mathilde souffle, un sourire forcé au coin des lèvres.

Mathilde :
"Je le crois pas... J'aurais dû m'en douter, il ne tient jamais ses promesses !"

Elle semble furieuse. Plusieurs personnes se retournent vers nous.

Miss Mystère :
"Donc c'est vrai ?"
Mathilde :
"Ouais c'est vrai. Et j'ai aucun scrupule à l'avoir fait."

J'ai l'impression qu'elle me plante un couteau en plein dans le cœur... Pourquoi est-ce qu'elle fait ça ? Pourquoi est-ce qu'elle est si froide lorsqu'il s'agit de Daryl ?

Miss Mystère :
"Pourquoi Mathilde... ?"

Elle s'approche de moi et attrape doucement mon bras. Son visage est à quelques centimètres du mien.

Mathilde :
"Miss Mystère, tu ne connais pas Daryl. Il n'est pas fréquentable, c'est tout."

Je suis tellement abasourdie, je n'arrive presque plus à respirer. Mon souffle semble bloqué.

Miss Mystère :
"Lâchez-moi !

Je lui lance un regard noir. Comment peut-elle oser décider de qui je dois voir. Avec tout ce que nous avons partagé l'autre soir...
Et elle a osé faire ça dans mon dos ! Me mentir tout ce temps quand je lui demandais des nouvelles de son frère... Tu m'étonnes, qu'elle évitait la question !

Miss Mystère :
"Tu me déçois tellement !"

Le visage de Mathilde se déforme. Cette fois, c'est moi qui la blesse. Nous nous regardons en chiens de faïence pendant quelques secondes. Elle me donne un bisou sur la joue. Lorsque je réalise que plusieurs personnes nous regardent, je décide de lâcher.
Je fais demi-tour et je me dirige vers la cafétéria. Si je reste ici, ça va mal finir.
Heureusement pour Mathilde et pour moi, lorsque je suis revenue à mon poste de travail, Gabriel m'a convoquée dans son bureau pour un meeting au sujet d'un nouveau client.

??? :
"Ce sera fait monsieur Simon."

La porte se referme. Gabriel vient s'installer devant moi sur son siège en cuir noir.

Gabriel :
"Bien. À nous."

Je fais un hochement de tête à Gabriel qui attrape le dossier en haut de la pile de documents qui se trouvent sur son bureau.

Gabriel :
"Ce matin j'ai signé un nouveau client. Il était chez l'un de nos plus gros concurrents et je l'ai convaincu de venir chez nous."
Miss Mystère :
"Tu leur as volé leur client ?"

Je réalise tout à coup ce que vient de dire devant mon manager. Pourquoi parfois je me contente pas juste d'écouter ?

Gabriel :
"Je ne leur vole pas. Je montre les nombreux avantages à me choisir moi plutôt qu'un autre..."

Gabriel me fixe un instant en frottant doucement ses doigts. Pour une raison que j'ignore j'ai l'impression que ses dernières paroles sont à double sens.

Gabriel :
"hum... Je te confie ce dossier. C'est un gros client que tu peux fidéliser en le gérant de A à Z à partir de maintenant."
Miss Mystère :
"Oh merci Gabriel ! Je ne te décevrai pas !"
Gabriel :
"Je n'ai pas de doutes là-dessus Miss Mystère. Jusqu'à présent tu as été une belle surprise..."

Les paroles de Gabriel me font du bien. Surtout après les derniers événements. J’aurais besoin de reprendre confiance en moi "

Gabriel :
"Miss Mystère... Ne doute jamais de toi."

Parfois c'est comme si Gabriel lisait dans mes pensées. Comme s'il anticipait ce que je ressentais. J'avoue que je ne suis pas habituée à ça, ces derniers temps !

Gabriel :
"L'essentiel des informations est dans ce dossier. N'hésite pas à me contacter si tu as des questions. On travaillera ensemble au début, le temps de te l'approprier."
Miss Mystère :
"Ok ! Pas de problème !"

Je commence à me lever lorsque Gabriel m'interrompt.

Gabriel :
"Tu serais libre un soir pour aller boire un verre...?"

(OHHH !!)

Je me redresse avec le peu d'assurance qu'il me reste devant cette proposition.

Miss Mystère :
"Euh... Merci pour l'invitation mais Gabriel... Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée... Je veux dire... Je suis ta subordonnée et ..."
Gabriel :
"Ce serait une excellente idée au contraire... Si tu changes d'avis, fais-moi signe."

10

Je lui souris timidement et lui fais un hochement de tête entendu avant de quitter son bureau devant son regard amusé.
Je me sens revigorée ! Après toutes ces histoires avoir le frère et la sœur Ortega, je suis je suis flattée de constater que d'autres hommes ainsi que d'autres femmes me trouvent séduisantes...
La journée avec Mathilde a été spéciale ; c'est le moins qu'on puisse dire. Je me suis plongée dans le dossier confié par Gabriel et, je dois bien l'avouer, j'ai carrément boudé ma collègue.
Et à midi j'ai déjeuné avec Lola à qui je me suis confiée comme d'habitude. Nous avons conclu toutes les deux que j'avais besoin de m'amuser un peu, et que notre sortie en discothèque s'imposait.
Donc me voilà, un vendredi soir, devant le parking du Starlite, attendant patiemment mon amie.

Lola :
"Coucou !"
Miss Mystère :
"Hey ! Wow !"

Lola est toujours magnifique, mais elle l'est en encore plus lorsqu'elle se change en femme fatale.

Miss Mystère :
"T'es superbe !"
Lola :
"Merci ! Toi aussi ma poulette ! On entre ?"

Nous nous frayons un chemin dans la discothèque. Nous nous asseyons sur une banquette encore libre.

Lola :
"Ce soir, une seule règle : tu t'amuses !"
Miss Mystère :
"Mouais... Je vais tenter de m'amuser..."
Lola :
"Alors ça commence par aller danser !!!"

Lola adore danser. Même si je n'ai trop la tête à ça, je crois que ça me fera du bien de me défouler un peu...
Nous nous retrouvons sur la pistée danse et nous nous déhanchons sur une musique accompagnée de paroles complètement incohérentes...
En réalité, je me fous pas mal de ce que ça raconte. Je balance mes hanches d'un côté, de l'autre et je fouette l'air avec ma crinière que j'ai lâchée pour l'occasion.
Je vois le sourire de Lola s'élargir lorsque deux grands types s'approchent de nous en dévorant des yeux.
Nous faisons de grands gestes pour les forcer à ne pas trop nous coller. À croire qu'on ne peut pas danser tranquille. C'est une soirée entre copines. Mecs interdits !
Tout à coup, je sens une grande main prendre la mienne. Ok, grand type numéro un n'a pas compris le message.
Avant que je ne puisse répliquer quoi que ce soit, je sens sa main lâcher la mienne et une autre, plus familière, se pose sur mes épaules.
Lorsque je me retourne je me retrouve nez à nez avec Mathilde. Qu'est-ce qu'elle fait là ?
Je me retourne vivement vers Lola avec un regard interrogateur. Elle lui a dit de venir ?
En haussant les épaules, elle me renvoie un regard innocent. Je me sens piégée.
Je n'avais vraiment pas envie de la voir. J’avais juste envie de penser à autre chose qu'à elle et Daryl.
Sans un regard de plus pour Mathilde, je sors précipitamment de la discothèque. Je suis furieuse ! Est-ce que c'est Lola qui a arrangé ça ?! Je fouille dans mon sac à la recherche de mon téléphone pour appeler un taxi. Comme je ne le trouve par je commence à râler.
J'entends un sifflement douteux dans mon dos.

(Hein ?!!!)

??? :
"Tu t'es perdue ma mignonne ? Tu veux de l'aide ?"

Le type a une lueur mauvaise dans les yeux et il empeste l'alcool.

Miss Mystère :
"Non merci, ça va."
Sale type :
"Allez... Laisse-moi t'aider..."

Il se rapproche dangereusement de moi. Un sourire malsain se dessine sur son visage ravagé, et ses yeux me détaillent d'une manière dégoûtante.
Je regarde nerveusement autour de moi. Le parking est désert... Le type s'est avancé de quelques pas et il me lance, avec une voix rauque et avilissante.

Sale type :
"Les filles comme toi, j'sais c'qu'elles veulent..."

Je sais très bien que ce genre de pervers n'attend qu'une seule chose, que je panique. Je reste le plus calme possible pour lui montrer que je ne suis pas une proie facile.

Miss Mystère :
"Non je ne suis pas intéressée... j'attends mon mec."

(Ce n'est pas la vérité...)

Les pupilles du type se rétractent comme s'il cherchait à juger de la véracité de mes propos. Il fond sur moi et me plaque contre la voiture derrière moi. De surprise, j'ai perdu un peu l'équilibre. Il passe sa main crasseuse le long de ma hanche. Je frissonne de dégoût.

Sale type :
"Il n’a pas l'air là ton mec, ça nous laisse le temps de s'amuser un peu."

D'un coup d'œil je remarque qu'il tient une bouteille qu'il a brisée pour en faire un tesson de verre. C'est pas bon, pas bon du tout. Si ce type le décide, il peut salement me blesser. Mon cœur s'accélère tout mes sans son à vif.
J'entends la porte de la discothèque qui s'ouvre et le bruit sourd de la musique qui s'en échappe. Je reconnais les voix de Mathilde et Lola. Ils ont l'air de se disputer.
Malheureusement, ils ne peuvent pas me voir. Le type m'a bloquée derrière une voiture. Nous sommes complètement cachés à leurs yeux.

Sale type :
"Chuuuuuuut ! Voilà qui va être excitant..."

Le type approche le tesson tranchant contre ma bouche et me chuchote à l'oreille.

Sale type :
"Tu bouges, je te fais un beau sourire. Alors sois sage..."

Je me retourne propulsée des années en arrière lorsque mon voisin m'obligeait à ne pas faire de bruit, quand nous étions seuls dans sa chambre... Mais cette fois pas question que je me laisse faire.

- Soit je hurle comme une malade pour que quelqu'un me vienne en aide et qu'il abandonne ?
- Soit je tente de le dérouiller moi-même ?

Mais dans tous les cas, c'est risqué. Que faire... ?

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