Pourquoi le Petit Chaperon Rouge est-il toujours vivant ?

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Il était une fois un bûcheron qui passait par hasard devant la maison d’une vieille dame. Il y entra par hasard et sauva le Petit Chaperon Rouge et sa Mère-Grand en ouvrant le ventre du loup et en le remplissant de pierres, tout cela sans qu’il ne se réveille.

À l’heure où la raison guide nos pensées et où nos esprits cartésiens ont tendance à remettre beaucoup de choses en question, cela peut nous sembler improbable. Il semble donc important d’expliquer avec clarté et précision pourquoi le Petit Chaperon Rouge est toujours vivant et comment cela s’est déroulé. Tout le monde a le droit de savoir.

Il semblerait que le bûcheron (ou chasseur, selon les versions de l’histoire) passa par hasard près de la maison de Mère-Grand et sauva donc, par hasard, les deux malheureuses proies du loup. Certains disent que le hasard fait bien les choses, d’autres maintiennent qu’il n’existe pas. En vérité, le hasard n’a rien à voir dans cette histoire. Le bûcheron (ou chasseur) n’était rien de plus qu’un individu qui rôdait autour de la maison dans le but de dérober quelque objet de valeur. Un voleur, en somme. En entrant dans la maison et en voyant l’énorme loup étendu sur le lit, ronflant à faire trembler les fondations, il se dit que la fourrure de la bête pouvait lui être fort utile et ferait un très bon manteau pour l’hiver. Rappelons en effet que « winter is coming » comme le répètent beaucoup de prédicateurs et qu’un manteau bien chaud est une des clés pour survivre à un refroidissement soudain.

Le brave voleur-bûcheron a donc brandi sa hache et ouvert le ventre de l’animal dans un but de dépeçage. Quelle ne fut pas sa surprise de constater qu’il venait ainsi de sauver une petite fille et sa grand-mère ! Comme la vérité n’est pas toujours bonne à dire, il prétexta donc être venu les sauver.

Mais la survie du Petit Chaperon Rouge et de sa Mère-Grand n’aurait pas été possible sans le système d’alimentation très particulier de l'animal. En effet, n’en déplaise aux zoologistes et autres spécialistes, le loup, et plus particulièrement la sous-espèce du Grand Méchant Loup, possède un système digestif très singulier et même unique au sein du règne animal. Son énorme mâchoire pourvue de grandes dents très pointues n’a d’autre utilité que de terroriser les enfants et les petits cochons. Ainsi, le Grand Méchant Loup ne s’en sert pas pour mâcher ses victimes mais pour les intimider et les menacer. Il se contente d’avaler tout rond ses proies qui parviennent donc entières dans son estomac. Ce type d’alimentation peut se révéler très désavantageux pour lui. En effet, si ses repas restent entiers, ils restent aussi souvent en vie. Et un repas rechignant à être digéré peut se débattre et gesticuler, ce qui est la cause de terribles maux de ventre. Mais la nature est bien faite ! Le système biologique du Grand Méchant Loup est conçu de telle façon qu’après chaque repas, il sombre dans un profond sommeil afin de pouvoir digérer en paix, sans ressentir aucun ballonnement. Le loup est alors comme cette chère princesse Aurore : tout peut arriver, il ne se réveillera pas (hormis peut-être un baiser d’amour sincère, mais personne n’a eu le courage ni la volonté d’expérimenter cela). C’est donc la raison pour laquelle le bûcheron a pu réaliser son opération sans aucune anesthésie et sans risque de réveiller la bête (ou de se faire mordre, mais rappelons que les crocs du loup n’ont qu’une fonction esthétique).

La cruauté humaine est certainement allée un peu loin lorsque le bûcheron a remplacé les deux victimes par de grosses pierres et recousu l’ensemble. Elle est même allée vraiment trop loin lorsqu’il a jeté dans la rivière le loup ainsi lesté, le laissant couler à pic et se noyer (les défenseurs des droits des animaux se refusent même à raconter ce détail). Quoi qu’il en soit, c’est ainsi que le Petit Chaperon Rouge a pu survivre à cette terrible histoire. Cette innocente petite fille a finalement eu de la chance (ou pas, selon les points de vue) d’être mangée par le Grand Méchant Loup, car tout cela n’aurait pu se produire si l’histoire avait eu le malheur de mettre en scène un loup gris ordinaire.

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