Rien de Rien

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Pour tes beaux yeux de miel, je suis tombée bien bas. Je souffre en silence, comme chaque fois que je tombe amoureuse de la mauvaise personne ; celle qui ne me regardera jamais comme une belle fille désirable. Pourquoi me suis-je permis un tel égarement, une perdition aussi insensée, aussi peu logique ? Qu'as-tu de si différent des autres ? Pour quelle raison, je ne peux détourner mon regard du tien ?

Je voulais te séduire, t'enivrer d'un amour fort et inextricable, je cherchais inlassablement à accrocher ton regard, te souffler un message, te faire tomber amoureux, sauf que tu avais toujours les yeux ailleurs. Je ne t'intéressais pas. Tu ne feras jamais le premier pas, tu ne voudras même pas flirter avec moi. Tu ris de moi en silence, n'est-ce pas ? Tu sais que j'en pince pour toi, qu'un hasard charmant a déteint sur mon coeur et l'a fait prisonnier du tien, tu le sais et à cette constatation, je brûle de honte, je me hais.

Tu n'es pas merveilleux, tu as un de ces caractères qui m'insuppprtent, ces manières de penser qui me répugnent, tu n'es pas si beau que ça avec ta taille de dégingandé brun. Et pourtant, me voilà, stupide, vulnérable, idiote, à t'aimer, à t'apprécier, à te désirer comme je n'ai jamais désiré personne auparavant. Ma faute, celle que j'ai commise en t'observant trop intensément, me fait regretter de vivre car tu es égocentrique, connard dans l'âme et les filles pour toi sont des corps.

Je ne peux me flageller de pensées douloureuses plus longtemps, j'en suis lasse : ruminer mes erreurs et regretter est depuis belle lurette mon quotidien amoureux. Je souffre d'amour car tu ne m'aimes pas alors que je me suis promise de ne pas m'attacher à toi, de te concevoir comme le simple corps que le mien désirait. Des espérances vaines, futiles, embarrassantes de t'embrasser puisque de tes lèvres, je me suis enivrée jusqu'à l'étourdissement, jusqu'à un état d'âme ineffable entre rêve et réalité.

J'ai envie de toi, je le clame, j'avoue mon péché, que les forces divines me mutilent pour mes abominations, pour le désir que j'ai ressenti, chaque jour, chaque nuit. J'ai envie de toi, de ton corps plaqué au mien, de tes mains ceignant mon cou fragile, de tes lèvres possédant mes songes, mais plus jamais en illusion. Triste. Désolant. Honteux. Impudique. Désir que je ne dois pas éprouver dans la mesure où, avec toi, je me perdrais dans les abysses d'une vie invivable, tu me tuerais à petits feux, tu damneras ma réputation, tu saliras mon image immaculée.

Je suis frustrée de vouloir ardemment quelque chose que je ne peux chercher, qu'il est dangereux d'avoir. Je suis frustrée de toi, de mon désir inassouvi, de tous les rêves que je bâtisais au creux de la nuit, mais qui se retrouvaient épaves au petit matin. Je suis lasse de toi, de moi, de mes sentiments, de ma facilité déconcertante à faiblir, à me rendre vulnérable. Aimer rend désolant et faible. Je te désire car je n'ai pas envie de dire je t'aime : aimer c'est pour la personnalité, tu ne me plais pas, de toi que ton corps me rend coite.

Que dire ! Rien de rien. Il ne se passera rien, ma routine restera maîtresse de mon univers rythmé, tes baisers ne laisseront la moindre place de brûlure vive. Tu seras inexistant, seulement dans mes songes inespérés. Rien de rien. Tu es le connard auquel je n'aurais pas dû m'attacher, connard en version réelle qui est si différente de celles des livres d'amour qui ont bercé mes illusions fantasques, mes capricieuses imaginations.

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