1

2 minutes de lecture

Serge roule sur une voie rapide. La climatisation en panne, il crève de chaleur. Il n’a pas dormi de la nuit et peine à garder les yeux ouverts. Il ferait mieux de s’arrêter pour piquer un somme, mais il n’est plus qu’à un quart d’heure de son domicile. Et avec cette canicule, dormir au bord de la route… La musique l’agace, il met une station d’information, pousse le volume à fond. La voix du commentateur qui s’égosille lui vrille les tympans. 

L’avant-dernier feu rouge. Il se laisse aller à fermer les yeux. Il a dû s’assoupir quelques secondes. Des bruits de klaxon l’ont réveillé en sursaut. Il appuie sur la pédale de l’accélérateur, traverse l’intersection à l’orange. 

Le paysage familier défile, soporifique. Plus qu’un carrefour. Un embouteillage cette fois. L’envie de dormir s’intensifie, devient une douleur sourde, un engourdissement des membres. Il lutte contre le sommeil, se pince, crie à tue-tête, remet une station musicale et chante, hurle avec la mélodie insipide. 

Il dépasse enfin ce foutu croisement, encore un petit effort. Demain, samedi, il ne travaille pas. Même s’il reste éveillé toute la nuit, il pourra s’assoupir dans la journée.

Merde ! Il a raté la sortie ! De l’autre côté de la route, l’entrée de son village le nargue. Sur une impulsion, il donne un coup de volant, traverse les deux voies sans problème. À part pour un type qu’il oblige à freiner comme un malade et qui se fait emboutir à l’arrière. Serge percute la barrière de sécurité, qui le bloque un instant. Un poids lourd arrive à toute vitesse, klaxonne. Serge appuie sur l’accélérateur, la voiture bondit. Le camion braque, l’évite de justesse, traverse lui aussi la barrière, télescope les voitures à l’arrêt.

Un véhicule freine pour laisser passer Serge qui finit son demi-tour et entre dans le village. Il parvient à la rue du Puit, calme, ombragée par de vieux chênes. Il se gare devant la maison, éteint le moteur, sort de la voiture sans un regard pour le capot cabossé. Il ouvre la porte, se dirige vers la cuisine, allume la climatisation, se verse un verre d’eau, y met quelques glaçons, tire une chaise, s’assoit, pousse un soupir et avale à grands traits.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Laurence Mergi ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0