Chapitre 2

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-Les Boombo ?! m’étonné-je en me redressant d’un seul coup.

-J’en ai bien peur… me réponds Alwen.

-Ces monstres se déplacent de plus en plus vite ! m’exclamé-je avec fureur.

 Je me lève précipitamment avant de bondir sur mes pieds, dégaine mon pistolet et prends mon sac sur le dos lorsque je vois le petit animal à mes pieds.

-Viens ici mon petit. Foxy ? Allez, viens par là.

 Je le glisse dans mon sac avant de le refermer complètement afin qu’il ne se fasse pas remarquer.

-Auriez-vous un poignard ? demandé-je à l’homme.

-Tenez, dit-il en me tendant un couteau à la lame aiguisée.

-Parfait. Il pourrait bien m’être utile, le remercié-je, un sourire carnassier peint sur mes lèvres.

-Bon courage jeune fille, et fais attention à toi ! me lance la vieille femme.

-Ne vous en faites pas. Comment puis-je vous nommer ?

-Mme. Arsaut, répond-t-elle avec un clin d’œil.

 Pour toute réponse, un sourire s’affiche sur mon visage tandis que je sors de la pièce en courant. Des escaliers en colimaçon apparaissent devant moi et je dévale les marches quatre par quatre.

 Une odeur de potage règne dans la pièce dans laquelle je viens d’atterrir. Il faut que je me ravitaille en nourriture. Je me dirige vers ce qui me semble être la cuisine. J’ouvre tous les placards qui s’y trouvent et en sors ce dont j’ai besoin.

 Un fois ma besogne finie, je sors en trombe de l’auberge. Plusieurs Boombos arpentent les rues et tirent sur les passants présents. Je vise le cœur électronique de l’un d’eux avant d’appuyer sur la détente. En plein dans le mile. Je répète l’action sur les autres robots que je vois aux alentours, chacun s’effondre lourdement au sol sans même avoir pris conscience de ma présence.

 Les allées sont sablonneuses et une chaleur étouffante envahit les ruelles. Je regarde à droite et à gauche, puis décide finalement d’entrer au cœur de la ville. Je cours à vive allure et tourne la tête de tous côtés afin de prévoir une éventuelle attaque.

 Dans un coin de rue, j’entends des sons étouffés de bataille puis des éclats de voix.

-Où peut-elle bien être ? aboie une voix d’homme menaçante.

-Je t’ai déjà dit que je n’en savais rien ! J’ai cherché presque partout, il ne me manque que l’aile sud-ouest de la ville, répond une femme.

-Tu as intérêt à la trouver, sinon…

-Oui, je sais, le coupe-t-elle, mais ce n’est pas en t’énervant que tu vas m’aider, alors calme toi et viens avec moi à l’auberge du village, elle y est forcément !

 Je me cache derrière un petit muret -premier obstacle que je vois. Une femme sort du cul-de-sac. Elle est grande, svelte, ses cheveux blonds clairs tombant jusqu’en bas de son dos. Elle marche rapidement vers l’auberge, suivie de près par un homme, plus petit qu’elle, cheveux gris plutôt courts, les traits cassants, un air sévère figé sur le visage.

 Mais quelque chose me frappe immédiatement : l’emblème inscrit sur leurs tuniques. Un unique cercle dans lequel une vague engloutit toute une cité. Les Ténèbres. J’écarquille les yeux et, lorsqu’ils sont assez loin, sors de ma cachette pour les suivre discrètement. Je les vois entrer dans l’auberge. J’y vais également, entre et monte les escaliers en faisant le moins de bruit possible, et entends de nouveaux des voix dans une des chambres.

-L’avez-vous vue ?!

 Je reconnais la vois de l’homme aperçut un peu plus tôt dans la rue.

-Non, je vous le répète, personne n’est entré ici depuis hier à midi, dit Alwen.

-Qui était votre dernier client ?

-Un vieux monsieur qui vient presque toutes les semaines, répond Mme Arsaut.

 À l’entente de ces paroles, j’ai un énorme doute sur la personne qu’ils cherchent. Je positionne mon œil devant le trou de la serrure et j’aperçois Maria dans un coin de la pièce, l’air terrorisé.

 Je ne vais pas fuir. Si ces gens font partie des Ténèbres, c’est une chance inouïe pour en apprendre plus sur eux.

 Je me dégage de devant la porte, ouvre mon sac et en sort un petit bracelet orné de perles noires avant de le jeter sur le sol un peu plus loin. Dans le couloir dans lequel je suis, il y a plusieurs pièces autour de moi. J’entre dans une et me place derrière la porte après l’avoir soigneusement refermée. D’ici, j’ai une vue sur tout le corridor ainsi que sur le petit bracelet. Je peux encore entendre quelques bribes de la conversation dans la pièce à côté.

-Nous allons faire une fouille détaillée de cette auberge, je suis certain que vous mentez, elle est forcément rentrée ici, affirme méchamment l’homme des Ténèbres.

-Si vous le souhaitez, mais je vous garantis que vous ne trouverez rien, insiste Mme. Arsaut.

 Je vois le couple ennemi sortir de la pièce, l’homme devant. Il aperçoit de suite le bijou et se penche pour le ramasser avec une paire de gants.

-Tiens Kara, dit-il en le tendant à la femme, fait l’analyse des empreintes. Nous verrons bien qui a raison.

 Le visage de la vieille femme devient soudain apeuré. Je n’avais pas pensé à ça. Pourquoi tiennent-ils à mentir ?

-« Empreintes non identifiées ». Il ne s’agit donc pas d’un habitant quelconque, acquiesce la jeune femme.

-Alors ? Osez-vous encore nous affirmer qu’il s’agit de quelqu’un d’autre ?

-Absolument, il peut très bien s’agir de mes empreintes ou de celles… d’autres habitants non déclarés, contre Alwen avec un sourire malicieux.

-Comment…

-Je suis Alwen Am’din, coupe-t-il.

 Soudain, j’entends des cris de stupeurs et des pas précipités.

-Mais où est-il passé ?! crie l’ennemi en rage. C’est impossible, il ne peut pas avoir disparu ! Je viens de le voir sauter par la fenêtre, je n’ai pas perdu la tête, il était bien là, n’est-ce pas ?

-Il était ici même cinq seconde plus tôt, ajoute Kara.

 La conversation continue, mais je ne suis plus vraiment concentrée. Le nom, Am’din, sonne étrangement à mes oreilles. J’ai comme l’impression de l’avoir déjà entendu quelque part, mais impossible de me souvenir où et quand.

 Je reviens à la réalité au moment où des éclats de voix résonnent juste devant la porte de la pièce dans laquelle je suis. Paniquée, je regarde partout autour de moi. C’est une minuscule chambre exigüe avec pour seul éclairage, la lumière extérieure provenant d’une petite fenêtre. Je me dirige presqu’en courant vers celle-ci, l’ouvre à la va-vite et examine la palissade afin de trouver des prises où mettre mes pieds. J’enjambe doucement le rebord et positionne mes bottines sur la rambarde juste en dessous. La porte de la chambre s’ouvre dans un grand fracas, et je me baisse avant que quiconque ait pu me voir.

-Cherche dans tous les recoins, sous le lit, derrière la porte, dans le panier… dit l’homme à l’adresse de Kara.

-Oui, merci, je sais me débrouiller !

 Je suis dans une très mauvaise position, mes genoux pliés manquent de flancher, mes doigts s’accrochent avec hargne à une petite prise sur le mur et je cherche tant bien que mal une échappatoire.

 J’entends encore des pas qui s’approchent, puis qui s’éloignent, et qui s’approchent encore. Soudain, je sens que quelqu’un (sûrement la femme chargée de me trouver) est juste au-dessus de moi, penché à la fenêtre. Pitié qu’elle ne regarde pas en bas. Mais je sais qu’il y a très peu de chance qu’elle ne me voit pas, je ne fais pas la taille d’une fourmi.

 Je lève tout doucement la tête. Le plus discrètement possible. Un immense sourire s’élargit sur le visage au-dessus de moi.

-Elle est là.

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