Le fleuve royal

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1) Au premier plan, sur la gauche de la photographie en noir et blanc, les eaux, quoique légèrement soulevées par endroits, sont plutôt calmes. De la droite arrive un flot d'eaux écumantes.
Au milieu, sur la droite, au cœur des flots, un bouquet d'arbres aux branches nues. A leurs pieds, des troncs couchés dont certains sont entrelacés.
Sur la gauche, à l'arrière-plan, un tas de branchage dépasse à peine de l'écume. A l'horizon, une haie se détache à peine du brouillard.


2) L'humidité de l'air, montant de la Loire et descendant du ciel. Le vacarme des eaux écumantes se brisant sur les troncs horizontaux et verticaux entravant leur chemin. La force du courant, et l'irrésistibilité de sa volonté d'avancer.
La sensation puissante de l'impuissance de l'humain face à la nature.
Le respect pour ce fleuve, bien plus éternel que notre courte existence. La conscience légèrement inquiétante que si on s'aventure dans le courant, le moindre faux pas nous serait fatal.
Et donc la prudence de rester sur la berge.


3) Depuis des millénaires, je n'ai cessé de cavaler. Infatigable, j'ai creusé mon lit dans les roches des montagnes et des plateaux, cascadant ensuite pour rejoindre les vallées verdoyantes de mon irrigation. Et là, brusquement, là où les hommes eux-mêmes ont renoncé malgré toutes leurs machines, ces arbres impertinents prétendent m'arrêter ? Mais que font-ils là pour commencer ? Ils ne m'ont demandé aucune permission avant de pousser là, plutôt que de rester sur mes berges avec leurs semblables ! Je m'en vais les déraciner, ces gêneurs !
J'appelle à la rescousse l'eau déjà partie un peu plus loin. Répondant à ma demande, elle forme un courant la ramenant vers la presque île, à fleurs de surface, où les troncs se sont dressés.
Mais malgré son aide, malgré la vigueur que me donne l'humidité de la saison, je n'y arrive pas. Non qu'ils soient trop lourds pour moi, ce ne seraient pas les premiers troncs charriés par mon courant. Mais ceux que j'ai apportés jusque là se sont entrecroisés, protégeant les vivants de leur enchevêtrement. Et j'ai beau insister, m'acharner, rien n'y fait.
Alors, de lutte lasse, je finis par m'infiltrer entre les bois. Peut-être finirai-je par les avoir à l'usure... Mais je suis surtout impatiente de continuer on chemin, avide de découvrir d'autres paysages et de voir les rencontres à venir.

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