J'étais poète
J'étais poète. Je sondais les sphères d'un univers de vents et de sels, soufflants et sifflants sur les cieux d'un monde discordant, d'une principauté de silences et de cacophonies suintantes.
Je bêchais des mots revêches en de longs sillons d'expressions pimbêches parquant, nichant même, éméché, dans les jardins d'Eden de ma religion, de mon évêché, de mon péché intime. Je n'étais riche que d'elle, la poésie était ma lubie, mon apôtre. Mes vers prosaïques et mes proses trônant en mon esprit apostrophé, s'affichaient tel un bric-à-brac de briques à bricoler en abri.
J'étais poète. Je joignais la parcimonie à l'emphase, nullement apathique. J'appâtais l'apparat des muses d'apothéoses d'apothicaire, prêchant en mon apostolat l'apocalypse des sens.
Je guettais la musique insidieuse en cent essais hésitants, bûchant d'arrache-pied sur les mille et une embûches du chemin. Brûlant les mêmes brassées d'amour en un brasier ranimé, je bredouillais mes bibelots en égrènement de notes brossées. Je mis en friche d'épaisses masses d'affriolantes feuilles, affûtant le fil de leurs bords d'affreuses et noires effusions d'encre. Un soir, tout cessa.
J'étais poète.
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