XI

Une minute de lecture

Mohamed et Farie retournèrent à pied jusqu’au fourgon. Silencieux, leurs mains s’effleuraient parfois sans jamais se saisir. La nuit restait calme sans un souffle de vent. Quelques interpellations des pompiers, restés sur place pour surveiller les reprises du feu, venaient rompre la quiétude ambiante.

Quand ils prirent place dans le fourgon, Bakar n’enclencha pas le démarreur et Farie posa sa main sur son genou. Ce geste donna du courage à Mohamed pour briser le silence.

— Tu m’as demandé pardon tout à l’heure et je t’ai demandé pourquoi. J’avais cru comprendre, par ton attitude, que c’était plutôt à moi de te demander pardon, non ?

Farie se tourna vers lui et malgré l’obscurité, l’éclat de ses grands yeux mouillés de larmes, se devinait.

— Pourquoi ? pour un dernier tango avec Francesca pendant que je dansais le Mapoka ? Ce n’est pas pour cela que j’ai rompu avec toi. C’est parce que je t’ai vraiment trompé moi. J’ai replongé, Mohamed…

Elle ravala sa salive et se redressa peut-être pour se donner du courage.

— À la Réunion, outre les très beaux danseurs dont j’ai pu apprécier les qualités au lit comme toi avec Francesca, il y avait des soirées bien arrosées parfois trop et c’est dans l’une d’elles que je n’ai pas su refuser un rail puis deux. À mon retour j’ai préféré t’éviter, ma jalousie avait bon dos. Je vivais cette rechute comme une trahison envers toi après tout ce que tu avais fait pour me sortir de là. J’ai repris une longue cure avec un addictologue.

Voilà ! et je vais mieux et je t’aime. Fit-elle d’un ton de petite fille qui attend un baiser et qui sait qu’elle l’aura.

Le fourgon de Bakar resta sur place dans sa cachette loin sur une forestière près des sources de l’Hérault.

Par moment, dans le chant du ruisseau et d’une cascade non loin, ils leur semblaient entendre les accords d’une musique des années 80 que leurs aînés dansent encore.


Dans leur corps à corps,

Ils ont joué sur les mêmes accords,

Cœur à cœur,

Quelque chose qui ressemble au bonheur.

Il m’entraîne au bout de la nuit,

Le démon de minuit…

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