Je la sens alors je pense à toi. Je le vis de l’intérieur, alors je crie en réponse au silence qu'elle m'oppose... C’est une amie utile mais souvent nuisible. Elle m’entraîne sur des sentiers escarpés, où l’atmosphère est glauque et malsaine. Elle me guide, me protège, mais elle me trompe. En réalité, la honte et le dégoût sont au bout du chemin. Elle n’est pas ma complice et pourtant se fait amante, câline, dévorante… souffrance. On s’habitue à sa présence.

Elle peut être déstabilisante mais elle prend toute la place quand elle s’installe. Elle diffuse dans le corps l’adrénaline nécessaire à l’action, sait comment se rendre profitable. Mais elle ment. Mauvaise conseillère. On a beau se dire de ne pas l’écouter… l’expérience instruit… et pourtant ! On se reproche encore et encore d’y céder trop facilement, d’écouter le chant des sirènes et les promesses qu’elle susurre savamment. Elle est impressionnante et même résiliente.

Il suffit de peu pour qu’elle s’impose rapidement, et que soudain, on n’entende plus qu’elle. Elle a beaucoup d’intimes. Certains la conserve, la protège, l’entretienne, la nourrisse, espérant que son aide soit salutaire, d’autres écoutent ses conseils qu’ils estiment frappés de bon sens, ses ordres bienveillants. Et tous, tous, un jour déchantent.

Elle a un don pour faire vibrer le corps, pour s’imposer dans la tête à chaque situation difficile. Elle m’enserre avec passion et tyrannie au point de me contraindre à lui obéir. Sa puissance va jusqu’à faire dresser les poils sur la peau, courir un frisson dans le dos et un filet de sueur sur les tempes devenues moites. Oui, elle est très forte ! Mais elle n’apporte rien. Ce n’est pas mon amie. Je la fuis. J’en ai peur, de la peur.