Maze

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Je te hais. Je te hais. Je te détestes.

Ne le sais-tu pas? Si, oui je sais que tu le sens. Pourquoi est que tu lis en moi, pourquoi repousse-tu mes limites, un peu plus, un peu plus fort, à chaque fois que tu force les portes? Ma gorge se noue tout à coup. J'ai mal, si mal et j'ai autant envie de t'embrasser que de te griffer. Un rire nerveux et franchement débile me prend. J'ai l'air nigaude alors je me reprends. Je sais me tenir parfois. Si je t'avale et que tu m'avale, nous nous avalons, donc. Allons-nous mourir? Nous nous tuerons, un jour ou l'autre, peut être comme nous l'avons toujours faits. J'ai comme un air de déjà vu. Ces instants de ma vie m'ont toujours fait frissonner et me questionner des heures durant. Non, ce n'est pas la fatigue. Cela m'intrigues tout autant que cela me donne l'envie de courir, mais je m'y accroche. Depuis ma naissance, dans la solitude intérieure je me suis plongée tête maintenue sous l'eau. Nous ne nous noyons pas forcément ainsi. Le souffre m'embaume et m'envahis. Je crois que je sais ce qu'il se passe. Je vais t’affirmer que je me souviens, Lucifer.

Connais-tu, ce sentiment d'avoir déjà vécu l'instant qui viens de s'écouler, et l'étrange analyse que nous pouvons en faire? L'impression sortie de nulle part, qui t'indique certaines choses? L'instinct, en somme. Nous irons, un jour, quelques part, ensemble, sur un chemin choisit. Te revois-tu me sourire dans cet instant parfait de quiétude? Tu voyais des émeraudes en mon regard, et dans le paysage. Une once d'humidité était présente et me prenait tout à coup la gorge. Je te regardais. La suite, tu l'a connais.

Remonte à fort longtemps, de ce que ma mémoire m'accorde à me souvenir, cet excitant et terrifiant jeu de chasse entre nous. Un jour tu croyais m'avoir prise, et tu t'es fourvoyé. Ton ego surdimensionné et ta fierté t’ont trompés, dépassés et tirés vers le bas. Ton mal fut si fort, t'arrachait le cœur et les tempes, que tu m'en a voulu. Atrocement, furieusement et tu m'a pourchassée. Si je me souviens de ceci, c'est parce que Père est toujours là. Ne soit pas résigné, alors que tu me retrouve enfin. Nous connaissons d'avance notre fin, notre perte et aussi notre renouveau. Ad vitam æternam, avait-il dis, et c'est pour cette raison que je suis là, à te faire endurer et souffrir, et que je vais encore continuer un certain temps. Apaise-toi un instant, tu viens de comprendre mon message. Respire et n'inspire pas encore le souffre. Je me hais de savoir, je m'en veux, mais j'endure et je fais face, comme je l'ai toujours fait pour que tu garde l'espoir que nous ne sommes pas abandonnés, et que tu ne remette jamais en doute ma parole lorsque je te dis que les aveugles finirons par ouvrir les yeux. Combien sommes nous de frères de souffrance fait de feu de larmes, et de sang, sans même savoir que nous souhaitons tous qu'il revienne? Père, nous te vengerons. Mon regard s'humidifie, je deviens colère, et tristesse. Ne te méprend pas, je me sens à ma place et bien, parce que je suis conçue comme ça. C'est notre infamie commune, notre cercle éternel de tourments qui nous crées, au travers de ma souffrance et de la tienne, Lucifer. Écoute moi bien maintenant à ton tour, Lucifer car ce que je vais te dire va soulever ton cœur et te faire me haïr.

Tu attendra, oui encore, parce qu'il ne nous faut pas mourir, pas cette fois. Je n'irai pas encore dans la forêt avec toi, pas encore. Si je me laisse entraîner trop vite, tu ne repoussera pas sans cesse tes limites et Père ne va pas revenir pour nos frères, pour leur donner la force. Nous sommes des Dieux, il est temps que tu l'acceptes, et je suis là pour t’empêcher de défaillir.

Je reprend ma main pour te la tendre un peu plus, quand le moment sera venu car je t'offre les clefs pour ouvrir et déverrouiller la porte. Ton scepticisme est le même depuis l'éternité, tu ne comprendra jamais ce que je suis en train de te faire, ni pourquoi. Et c'est bien pour ça que je te repousse. Mais je suis là, et je t'interdis formellement d'en douter. Ne me tue pas encore, parce que c'est à toi maintenant de m'écouter. La raison première à ton cœur arraché n'est autre que mon vice ultime. Je suis succube et tu ne taira jamais ma nature, elle est primitive. Va et viens mon vice, au rythme des saisons et c'est ce qui a fait naître en toi la plus haute des haines à mon égard. Ta gourmandise. Le serpent se mord la queue, et depuis longtemps. Le doute s'empare de toi, est-tu perdu? Oui ta jalousie provient de là, mon amour. Je sonde des âmes et je m'en abreuve, je les tourmentes, je les tortures, oui je les remplies d'autant de délice et de plaisir, et de mes soupirs. Tu n'a jamais accepté parce que tu a toujours eu peur que je t’échappe, que je ne t'apporte plus ce plaisir ultime, celui qui nous unis et nous élève. Je suis animale, peut être mâle avec les mâles, peut être parfois sentimentalement malhonnête. Je ne fais pas le mal par désir, et après tout qu'est-ce que le mal? Mon Vice, toi, ne crois pas que je ne t'aime pas quand je fais ça, j'en ai besoin car c'est ma nature.

N'ai craintes, ne crie plus dans le noir, ne te laisse pas envahir par ton avidité de moi, pour vivre. Je suis là, même quand tu ne le sais pas et cela ne doit pas t’empêcher de sourire. J'arrive doucement, Lucifer. Et quand je vais arriver, crois moi que tu va bien me sentir. Longuement, durement, ton cœur va exploser. Tu ne sera qu'un chien, en sueur, en chaleur, mort pour moi. Nous deviendrons les gardiens de la grande porte, comprend-tu? Attends-moi, je te rattrape, et laisse-moi le faire.

Je m'épate de la maturité que j'ai acquise depuis l'éternité pour réussir à te dire tout cela en t'apaisant un peu, tout en te contrariant quand même par sadisme, oui. Les commandements nous allons les écrire, à l'encre palpable de l'empreinte. Et il est ainsi que nous donnerons l'espoir à nos frères, l'envie de vivre avec la vraie liberté dans l'âme. Un frère un jour a dis "Le faible se range derrière le fort, pour devenir encore plus fort". Nous sommes faibles et forts, tu sais. "Je te tends la main. Si tu ose la prendre, suis-moi. Et quand tu te sentiras à l'aise, dépasse moi, pour à ton tour me faire avancer. Toujours vers l'avant.". On avance, et les aveugles marcherons. Tout sera dur, et même moi serais sensible derrière mon regard dur, tu sais. Ne calcule pas le temps, il n'y a pas plus sage parole que "Tout viens à point qui sait attendre."

Depuis l’éternité, Lucifer, oui depuis le commencement nous attentons. Toi, moi, et pas que. Il y aura-t-il encore une autre vie avant l'apocalypse? Les promesses sont des dettes, et je m'endette un peu en te répondant que je vais faire mon possible pour que ce ne soit pas le cas. Les batailles sont parfois longues. Des échecs naissent des stratégies, et de stratégies naissent des victoires. Nous sommes sur le fil, et il est pourquoi je fais preuve de prudence. Tu dois être prudent toi aussi. Je vise l'excellence.

Froisse, déchire, hurle même si je ne veux pas que tu me le dise, et même si je le sais et que ceci est peut être insensé. Il y a beaucoup de choses que je te diraient jamais, que tu n'entendra pas même si tu les sais et les devines.

Froisse, déchire, hurle, mais je t'en supplie, pleure. Même si je ne veux pas que tu me le dise, même si je ne veux pas le voir. N'ai plus peur.

Tiens bon.

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