XXXVII

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Un jour les mots sont arrivés.

Des lignes en tous sens, pêle-mêle spontané de pensées et d’images qui venaient se presser à son cœur. Le besoin était revenu à la nuit tombée, un débordement qui l’avait déroutée. Mme F. avait été la première à savoir que les mots l’avaient ramenée à la vie.

Séverine était rassurée. Avec l'encre qui coule, elle a l'impression de se retrouver. Le docteur Di Milano avait eu raison, les médicaments n'avaient pas touché à son écriture. Avec les antidépresseurs, les idées s'accrochaient moins. Elle dort mieux et fait enfin des nuits complètes, sans se réveiller en pensant à la nourriture. Sourire devant un film. Apprécier une occasion festive. Lentement, elle reprend plaisir aux plus petites choses.


Séverine observe. Elle écoute. Elle écrit. Ils ignoraient qu’un jour ils apparaîtraient dans un livre.


— Je peux utiliser la cuisine ? avait-elle demandé un matin.

La petite pièce est calme, personne d’autre ne l’utilise aujourd’hui. La veille, elle avait acheté les ingrédients avec Coralie.

Farine, pavot, sucre, miel, tout y est.

Nouant le tablier autour de sa taille, elle respire.


Elle pousse la porte et entre. Pose ses pieds nus sur le sol bleu, s’assied.

Au creux de ses mains, le mákos bejgli est encore chaud, odorant.

— C'est mon gâteau préféré. C'est la première fois que je le refais depuis longtemps.

Annette a l’air étonné. Elle relève les manches de sa chemise en jean, entrelace ses doigts et ne cache pas son sourire.


L’automne colore les jours d’une lumière rousse. Ses pas sont plus souples. Les bracelets qui ornent son bras gauche la suivent en talismans. Elle pense à Viviane à chaque fois qu’elle fait un détour, un hommage silencieux. Son corps reprend force, elle ne ressent pas encore la vie qui entre en elle.


Le salut par l’écriture. Encore et toujours.

Elle peut le dire, maintenant, l’écriture l’a sauvée.

Dans le parc Baudelaire, elle profite de la fraîcheur et du calme des matinées de septembre. Le docteur Di Milano l’encourage, Bastien et Coralie l’accompagnent sur un chemin de roses et d’espoir.

Elle sut ce qu’il fallait faire. Au fil des jours une certitude se fait plus forte, prégnante. Il fallait consigner l’hôpital, chaque instant par écrit, pour ne rien perdre, pour ne rien oublier, pour toujours se souvenir.


Elle continue. Elle n’est pas encore rétablie mais elle sent quelque chose en elle, qu’elle peut y arriver.

Elle met toute sa confiance en eux, elle sait qu’il faudra du temps. Ces instants l’ont changée.


Ils sauvent des vies.

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