Chapitre 59E: janvier - mai 1811

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Ce mois de janvier 1811 fut plutôt tranquille. Nous vivions sans trop de soucis. Même si les travaux des immeubles derrière chez nous avançant, les désagréments tels que la poussière et le bruit, les voix portantes des ouvriers devenaient de plus en plus importants. Lorsque nous en parlâmes à Léon-Paul, il revendiqua son droit de propriété et la somme importante récupérée dont nous avions besoin.

En attendant, il n'était pas présent la journée et nous seules subissions les conséquences de cette erreur. De toute façon, même Léon-Paul était impuissant, le contrat de vente ayant été signé quelques mois auparavant.

Frédéric suivait toujours ses leçons et chantait toujours à la maîtrise de l'église Saint-Maclou. Encore jeune malgré tout, il aurait neuf ans dans quatre mois. Les matins d'hiver, je l'accompagnais, et il rentrait seul le soir, fier comme un coq.

Un soir, il rentra en pleurnichant. A l'étage, je m'occupais à décortiquer un modèle de robe avec Jeanne, pendant que Marie était restée en bas. Elle me héla et, ne connaissant pas la cause de son appel, je descendis aussi vite que je le pouvais. Essoufflée, je m'interrogeais.

  • Que se passe t-il?
  • Le petit pleure.

Son sac à la main, debout au milieu du salon, Frédéric sanglotait.

  • J'ai mal grand-mère... Il hoqueta.... j'ai très mal...

Je m'approchais de lui d'un pas sévère.

  • Vous aurait-on encore sanctionné? Répondez !

Il resta muet, rouge de larmes.

  • Si vous ne dites rien Frédéric, ce sera considéré comme un oui. Alors comme vous le savez, je le dirai à votre père qui fera ce qu'il faudra. Je vous laisse encore une minute pour choisir.
  • Ce n'est pas de ma faute... C'est Armand qui entraîne toujours les autres !
  • Et vous souhaitez intégrer une école militaire? Et bien il vous reste du travail, moi je vous dis.

Le soir venu, notamment parcequ'il rentra exténué et manqua même le souper, nous oubliâmes d'en parler à Léon-Paul. Une fleur que nous ne ferions pas tous les jours à Frédéric, qui se dissipait.

Un matin de mars, Marie reçu le faire-part de décès de sa soeur Catherine, dans sa quarante-septième année, comme toujours sans indication de cause. Elle resta immobile, le papier dans les mains, puis se leva, monta à l'étage, et nous n'en entendîmes plus parler. Etonnée, j'allais à sa rencontre, dans sa chambre.

  • Ne souhaiteriez-vous pas aller à Saint-Germain, pour trouver réconfort auprès de votre frère et vos soeurs?
  • Non. Je n'en ai pas envie. Je prierai pour elle.
  • Bon, c'est comme vous voudrez.

Toujours en mars, Léon-Paul attrapa des poux qui contaminèrent toute la famille. Nous nous en débarrassâmes à coups de lavages de cheveux à l'eau bouillante et de vinaigre blanc.

Le vingt et un avril, Frédéric souffla sa neuvième bougie, avec son grand sourire édenté, ses yeux bleus envoûtants scrutant avec gourmandise la tarte aux fruits.

Marie s'intéressa pour la première fois aux envies de son fils.

  • Que souhaiteriez-vous pour vos dix ans, l'an prochain?

Il répondit sans hésiter.

  • Que papa m'autorise à aller au Prythanée.

Léon-Paul, les mains dans les poches, soupira.

  • Si seulement Marie me donnait un autre garçon. Les choses seraient plus simples.

Frédéric, la bouche pleine, rétorqua.

  • Un petit frère? Non merci, j'ai pas envie de le perdre comme Pierrette.

Léon-Paul ne laissa pas passer.

  • Dans votre chambre Frédéric.

Sans contester, le jeune garçon se leva de table et monta dans sa chambre. Avec Léon-Paul, il ne valait mieux pas chercher à comprendre les raisons d'une sanction.

Le temps restait très pluvieux en ce début de printemps. Nous sortions le moins possible, pour éviter de prendre froid, surtout que mon fils ne possédait pas une tolérance accrue concernant l'allumage des cheminées en ces périodes précédants l'hiver. Certains soirs, enfoui au chaud sous ses couvertures, je racontais mes jeunes années à Frédéric, petits bonheurs comme grands malheurs, sans jamais entrer dans les détails. Il ne possédait cependant pas ma curiosité.

Notre vie heureuse, nous la devions à mon fils, qui travaillait dur pour payer notre nourriture, le crédit de la maison, et les divers impôts. C'est notamment pour cela que nous devions le respecter, en tant que père de famille et autorité suprême.

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