Chapitre 8

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- Tiens, tiens, tiens. Regardez qui voilà, susurra une voix démoniaque en ouvrant la porte de la cabine.

Fanny frémit en découvrant les visages malicieux de Mathilde Randome, Sophie Calice et Charlotte Dante.

- Quelque chose ne va pas, Calimero ? demanda Mathilde en se rapprochant dangereusement de la jeune fille. Tu veux un gros câlin ?

Pâle comme la mort, Fanny sentait son petit cœur battre la chamade. Peinant à se relever, elle recula jusqu'à ne plus toucher autre chose que le mur. Ses yeux, rendus fous, parcouraient la cage dans l'espoir de trouver une sortie de secours.

- Arrêtez... gémit-elle avant de fondre en larmes.

Se jetant des coups d'œil amusés, les chasseuses ricanèrent devant le misérable gibier.

Mathilde, avec ses longues boucles chocolat et son sourire en coin, s'appuya nonchalamment contre la porte. Légèrement ennuyée, elle observait ses ongles de diva pendant que Fanny pleurait à l'agonie.

- Écoute, l'affreuse, reprit-elle de sa voix veloutée, tu nous exaspères à brailler sans arrêt. Sérieusement, tu ne voudrais pas faire un joli sourire pour une fois ?

Fanny n'agissant pas selon ses désirs, l'agresseuse se jeta sur elle. Ses doigts, longs et fins, tiraient sur les joues de la pauvre lycéenne pour former un sourire des plus épouvantables.

- Tu vois que tu peux le faire !

Fanny hurlait à la mort, mais Mathilde attrapa le rouleau de papier toilette et emplit sa large bouche de feuilles, jusqu'à ne plus entendre autre chose que des bruits étouffés. Plaquant sa propre main sur ses lèvres, elle plongea son regard gris sombre dans les prunelles brunes de sa victime.

- Je te conseille de te calmer tout de suite, murmura-t-elle, l'air menaçant.

Derrière elle, Sophie et Charlotte regardaient la porte des toilettes dans l'espoir de ne pas être dérangées. Mathilde, presque hilare, était secouée d'une envie malsaine de s'amuser, peu importe comment.

- Je vois que t'as un peu de pus sur le nez. Tu voudrais pas te débarbouiller ?

Sans en dire davantage, l'agresseuse attrapa quelques mèches sur le crâne de Fanny, et plongea la tête de l'adolescente dans la cuvette. Maintenant sa tête sous l'eau, elle riait follement devant ses congénères, alors que les mains de la victime glissaient contre la lunette.

- Fanny boit son pipi ! Fanny boit son pipi !

Le corps de Fanny s'agitait désespérément pendant que son souffle la quittait. Les secondes défilant, ses membres cessèrent de bouger, les uns après les autres. Très éloignée de toutes ces connaissances qui forment la biologie, Mathilde y vit le simple signe d'une distraction réussie, et lâcha la tête de l'adolescente, contrariée par son immobilisme.

Se détournant de la jeune fille, les assaillantes quittèrent la scène de crime, satisfaites.

Madame Rita-Lans travaillait sur un projet de reportage en Afrique lorsqu'elle reçut un coup de téléphone urgent de l'établissement Marie Curie. Énervée, elle demanda ce que Fanny avait bien pu faire "encore" pour la déranger ainsi. Son visage se déridant peu à peu, tandis que le portable lui échappait des mains, les collègues de Madame Rita-Lans ignoraient bien ce qui pouvait pousser leur supérieur à un tel silence. Blanche comme un linge, la mère de Fanny arrêta précipitamment la conversation et, sans mot dire, quitta la boîte à grands pas. Quand les journalistes du Métropole osèrent un œil par les fenêtres, la voiture de Madame Rita-Lans démarrait sur les chapeaux de roue, et gagnait la départementale rapidement.

À neuf heures, ce vendredi là, Monsieur Lans dormait profondément. En superviseur de trafic routier, il avait travaillé toute la nuit, et rattrapait maintenant le sommeil qui lui manquait. Quand son portable sonna une première fois, il ouvrit légèrement les yeux, et le laissa sonner avant de retomber dans un état de somnolence. Quand il l'entendit une seconde fois, il ronchonna, mais refusa toujours de quitter son lit. Ce fut au troisième coup de fil que le paternel se leva pour répondre au téléphone, non sans agacement. Les yeux mi-clos, il murmura un "Allo" en baillant, puis se ressaisit en entendant la voix de son épouse. Fronçant les sourcils, le père de famille fut secoué par la nouvelle qui lui était transmise, et se changea rapidement pour rejoindre l'hôpital.

Pia Rita-Lans était en cours d'espagnol à cette même heure. Studieuse, elle prenait des notes minutieuses sur ce que sa professeur dictait. Saisissant les regards amourachés de ses camarades, Pia les rejetait tous. Elle pensait trop à Gatien Illys pour accepter les avances des autres garçons. Et alors qu'elle conjuguait le verbe amar devant les yeux émerveillés de l'institutrice et des autres élèves, quelqu'un frappa doucement à la porte. "¡ Adelante !" s'exclama la professeur alors que le directeur adjoint apparaissait déjà. Murmurant quelques mots à l'enseignante, qui ne put réprimer un cri, l'homme demanda à Pia de l'accompagner hors de la pièce. Surprise, la jeune fille se leva et rejoignit le supérieur, tandis que l'instructrice prenait place à son bureau, livide.

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