Le gâteau au chocolat

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Encore un dimanche tout pourri d’automne. Il pleut. Il y a du vent. On tourne un peu en rond pour occuper la journée.

Après une bonne heure à se chamailler, rire, sauter sur leur lit pour faire passer le temps, Léo, Amy et moi descendons à la cuisine.

– Maman ?! Est-ce qu’on peut jouer à la tablette ?

– À la tablette ? Non ! Pas d’écran. Vous avez déjà regardé un film ce matin.

– Mais Maman ?!

– Pas besoin d’insister, Léo. J’ai dit non.

– Tu fais quoi, toi ? Interroge Amy en enlaçant Maman par la taille.

– Je m’apprêtais à faire un gâteau au chocolat. Ça vous dit ?

– Ohhh ! Je peux t’aider ? Je pourrais casser les œufs, moi. Je sais faire.

– Oui, moi aussi, moi aussi, je veux t’aider.

Je vois le visage de Maman qui s’assombrit un peu.

– Euhh… je sais pas ! vous n’avez pas envie de retourner jouer dans vos chambres, plutôt ?

– Non, on veut pas. On s’ennuie ! lance Léo du tac au tac.

– Allez, Maman, dis oui ! Dis oui ! Supplie Amy.

Maman prend une grande inspiration en fermant les yeux, puis dans un souffle :

– OK, allez vous laver les mains ! Amy, pose Doudou sur la table en passant.

– Je peux le mettre là ? Pour qu’il nous regarde !

Maman hoche la tête et Amy m’installe aux premières loges, sur une chaise faisant face au plan de travail de la cuisine.

De retour les mains propres, Maman indique leur mission à chaque enfant.

– Alors toi, Léo, tu commences par casser en morceaux toute la tablette de chocolat et tu mets tout dans la casserole. On va le faire fondre avec les cent cinquante grammes de beurre que j’ai déjà préparés.

– Ouais… Cool ! Je peux manger un morceau ?

Il a ce sourire provocateur qu’on lui connait si bien. En guise de réponse, Maman lui jette un regard noir tout en secouant la tête de droite à gauche.

Amy s’impatiente :

– Et moi je fais quoi ?

– Toi… ?

– Aïe, c’est dur ! J’arrive pas à le casser.

– Léo, fait un effort. T’es grand ? T’es fort ? Ce n’est pas un carré de chocolat qui va gagner, quand même ?

– Non, quand même ! s’amuse-t-il en portant ses doigts chocolatés à la bouche.

Erreur ! Maman réagit immédiatement en lui expliquant que c’est interdit de se lécher les doigts quand on cuisine. Question d’hygiène, j’ai cru comprendre… Puis elle reprend le fil :

– Bon Amy, est-ce que tu sais beurrer un moule ?

– Non, j’ai jamais fait.

Elle sort un plat à gâteau et y met un petit morceau de beurre, puis explique à Amy comment faire. La petite est ravie : étaler cette matière grasse avec les doigts, c’est drôlement amusant. Mais soudain, une mèche de cheveux s’échappe de sa queue de cheval approximative, venant lui chatouiller le bout du nez. Ni une ni deux, les doigts plein de beurre, Amy commence à repousser cette mèche gênante derrière son oreille. Beuurkk ! J’en connais une qui aura droit à un bon shampooing ce soir…. Et je vous passe la description de l’attitude irritée de Maman. La scène est drôle, vue d’ici.

Mais poursuivons la recette. Maman demande à Léo de remuer doucement le contenu de la casserole jusqu’à ce que tout soit fondu. Puis elle s’adresse à ma propriétaire :

– Amy, tu voulais casser les œufs, je crois ?

– Oui, je sais faire. J’ai appris à l’école.

Maman lui donne trois œufs et un saladier. Bien sûr, Amy s’applique. Bien sûr, les œufs sont cassés. Bien sûr, Maman part – non sans un certain manque de patience – à la pêche aux petites écailles…

Le repêchage terminé, Maman verse cent cinquante grammes de sucre qu’elle fouette vivement avec les œufs, refusant à Amy de la laisser faire. Parce que c’est un peu trop dur soi-disant. Mais moi, je crois plutôt qu’elle cherche à finir le gâteau plus rapidement.

– Maman, le chocolat est fondu. Je fais quoi maintenant ?

– Veux-tu mettre la farine dans le saladier ?

– Ouais d’accord !

Maman pose le saladier sur la balance.

– J’en mets combien ?

– Cinquante grammes, s’il te plaît.

Léo plonge une cuillère dans le pot de farine, il la ressort ultra bombée, il s’approche doucement du saladier. Mais sa main tremble… Patatras ! Le contenu de la cuillère se retrouve pour moitié dans le saladier. Le reste est sur le plan de travail. Il y en a partout. Je crois que c’en est trop pour Maman. Elle semble très agacée par cette expérience de pâtisserie qui vire au cauchemar.

Après avoir fait l’appoint en farine, rajouter le mélange choco-beurre fondu et une petite pincée de sel, la recette est enfin finie. Maman glisse le moule dans le four qui a eu largement le temps de chauffer à deux cents degrés.

– Il sera cuit quand le gâteau, Maman ?

– Dans vingt minutes environ, ma chérie. Ça nous laisse le temps de ranger tout ce bazar.

– Je peux lécher le plat ?

Maman accepte. Après tout, elle aussi a léché les plats quand elle était petite. Les trois se délectent en riant. Maman se détend enfin. Finalement, le plus important, c’est ce moment passé ensemble.

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