Chapitre 13 - Que la Quête commence ! (partie 2)

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La première journée de chevauchée se mua en torture pour Kaldor. Son cheval, bien que placide, manqua de le désarçonner quand Valdir lui demanda de lui donner un coup de talons pour le faire trotter. Le jeune homme ne devait s'en prendre qu'à lui-même, il n'y était pas allé de main morte. En bref, il avait l'entre-jambe en compote.

— Crénom d’un cheval ! Ça fait mal, s'était-il plaint.

— Par les dieux ! Quand Valdir te disait de donner un coup de talons, il ne disait pas de frapper le plus fort possible. Tu pourras toujours te reconvertir en castrat. Je suis sûr qu'avec un peu de pratique, tu chanterais bien, railla Adrim.

— Tu n'es pas au bout de tes peines, mon garçon. Demain, tu auras plein de courbatures, le prévint Valdir.

À ce moment-là, Kaldor aurait payé cher le droit de rentrer chez-lui, au calme, et de continuer son apprentissage chez l'apothicaire.

— Allons, mon garçon. Te voilà en train de vivre l'aventure ! Beaucoup de jeunes de ton âge voudraient prendre ta place, souligna Valdir.

— Eh bien, en ce moment, je la leur cèderais bien volontiers. Comme la nièce du patriarche, elle n'a pas cessé de me casser les oreilles sur son envie de partir à l'aventure et de découvrir le monde.

— La nièce de Faldin te parle... Intéressant, remarqua-t-il avec un air énigmatique.

— Vous sous-entendez quoi là ? Que parce que je suis un « péquenot », aucune fille un tant soit peu aisée ne peut s'intéresser à moi ? demanda Kaldor quelque peu vexé.

— Que non point, se récria-t-il. Je trouve ça étonnant de la part d'une jeune femme hautaine.

Vous devriez bien vous entendre niveau caractère, pensa le jeune homme.

En fin d’après-midi, le convoi stoppa près d’un petit étang, d’une vingtaine de mètres de long et d’une dizaine de large, bordé d’un petit bois. Les soldats du convoi se mirent à établir le camp pour la nuit, monter les tentes, allumer le feu, s’occuper des chevaux et préparer la cuisine.

Kaldor, une fois son cheval dessellé, n’avait pas de tâche attitrée. Il contempla le soleil qui se couchait et allait bientôt disparaître derrière les petites collines à l’horizon, nimbant les nuages de couleurs chatoyantes avant la noirceur de la nuit. Du coin de l’œil, il aperçut le capitaine Binlian en grande discussion avec Valdir. Tous deux lui jetaient un regard de temps à autre. Qu’allait encore lui réserver l’Eldyrien ?

Binlian s’approcha de lui et, après un bref moment sans mot dire, brisa le silence.

— C’est magnifique, n’est-ce pas ? Tu vois, l’aventure a du bon aussi. Tu comtempleras de splendides paysages, dit-il en souriant.

— Je sais… Seulement, c’est que j’aurai préféré avoir l’envie de partir à l’aventure de mon propre chef et non d’y être obligé. Ça rend tout de suite la chose un peu amère.

— Oh, tu es d’humeur à voir le verre à moitié vide ce soir. Eh bien, je vais te changer les idées. Valdir vient de me faire remarquer que l’aventure deviendra plus dangereuse une fois que nous quitterons la sécurité du convoi. Donc, je vais t’enseigner à te défendre avec des armes. Dans un premier temps, nous allons utiliser l’arc.

Kaldor s’autorisa un petit sourire. Binlian allait être agréablement surpris.

— Je suis content que l’idée te fasse sourire. Vois-tu, l’arc c’est comme la magie, si je puis faire une comparaison. Tu ne peux pas te servir d’un arc dans un corps à corps et bien, la magie c’est pareil. Excepté si tu es très doué, mais Valdir t’expliquera ça mieux que moi.

Après être passé prendre son arc et son carquois, il l’entraîna un peu à l’écart du camp. Il ne leur restait que peu de temps avant la nuit noire, mais suffisamment pour que Binlian puisse évaluer le niveau de son nouvel élève. Ils arrivèrent devant un grand arbre, dont une des branches basses comportait un nœud bien visible.

Le capitaine se positionna à une dizaine de mètres. Il encocha une flèche, banda la corde de son arc, visa et tira. Celle-ci fit un léger arc de cercle et alla se ficher dans le nœud de la branche. Il en fit de même avec deux autres flèches.

— Voilà, à toi de faire pareil. Je suppose que tu as déjà un peu tiré à l’arc dans ton village.

Kaldor acquiesça et vint se mettre à la place du capitaine. Il se concentra en fermant les yeux un instant, puis les ouvrit pour viser. L’arc dans la main gauche, la main droite au niveau de son visage tirant la corde. Il lâcha cette dernière et la flèche alla se ficher en plein dans le nœud de la branche. Il ficha les deux autres à quelques pouces de la première.

Il se tourna vers Binlian avec un grand sourire. Le capitaine en resta bouche-bée. Il côtoyait assez d’archers pour savoir que Kaldor était plus que bon dans ce domaine. Il donna une tape dans le dos du jeune homme et alla récupérer les flèches. Il eut du mal à les sortir de la branche. La dernière était si bien enfoncée, qu’il dut tirer de toutes ses forces pour la dégager. Il tomba à la renverse et la secousse fit tomber une branche morte un peu plus loin.

— Aïe ! cria Adrim en levant derrière un buisson. Vous ne pouvez pas faire attention !

— Que fais-tu là ? lui demande Binlian.

— À ton avis, de la cueillette… répondit-il courroucé.

Sur ces mots il sortit de derrière le buisson le pantalon baissé.

— Euh, c’est bon nous avons compris. Peux-tu te rhabiller, s’il te plaît ?

Kaldor n’avait pas attendu la fin de la conversation pour s’en retourner quelque peu gêné au camp. Binlian le rattrapa et s’excusa pour la conduite de son frère. Il tint à lui dire que s’il pensait ne pas avoir de talent particulier, il se trompait. En effet, il avait bien là un bon talent d’archer. Ce compliment mit du baume au cœur du jeune homme.

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