Chapitre 12 - Belle rencontre (partie 1)

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Le lendemain après-midi, Kaldor décida de se rendre au jardin botanique du Temple. Valdir lui avait vanté sa beauté pendant plusieurs minutes, après lui avoir indiqué la route à suivre. Chemin que le jeune homme aurait pu trouver seul uniquement guidé par son odorat. Face à cette profusion de plaisantes senteurs, il eut la même réaction que lors de sa première visite chez l’apothicaire. Il s’appuya contre un mur, le temps de s’habituer, car sa tête lui tournait.

Cette fin de printemps était la bonne période pour se balader dans le jardin. Il devait y avoir des millions de fleurs de toutes les couleurs. Selon Valdir, ici poussaient toutes les espèces végétales de la Camaörie. Çà et là étaient disposés des bancs de grès rose. Une foule de gens parcourait ce parc pour se promener, discuter tranquillement ou encore s’évader.

Très vite, Kaldor se sentit mal à l’aise dans cette foule et se réfugia dans un coin où peu de personnes passaient. Les plantes des montagnes se trouvaient là, plus petites et discrètes. Elles n’attiraient que peu de monde. Il s’assit sur un banc et une fleur plutôt bizarre capta son regard. Elle ressemblait à une étoile blanche, recouverte de poils laineux et au centre jaune. Il gratta la terre sur l’étiquette, mais le nom était effacé.

— Il s’agit d’un edelweiss, appelé aussi « étoile d’argent » ou « étoile des glaciers ». Elle pousse généralement dans les montagnes Eldyriennes. Enfin, c’est ce qu’on dit puisque personne ne peut y aller pour vérifier. Elle ne doit fleurir qu’en été, mais ici il fait chaud plus tôt, lui expliqua une jeune femme.

Il ne l’avait pas entendue approcher. Elle était de taille moyenne et portait une robe à crinoline beige. Ses cheveux noirs étaient tressés et coiffés en chignon. Il en resta bouche bée devant sa beauté.

— Eh bien ! Pour les poissons, c’est dans le grand étang au centre du jardin. Tu y trouveras des carpes, le taquina-t-elle avec un sourire plein de fossettes.

— Oh ! Désolé…, s’excusa-t-il en fermant la bouche. Vous m’avez surpris, je ne vous ai pas entendue arriver. Je vous prie de pardonner ma question, mais qui êtes-vous ? Ne nous sommes-nous pas déjà rencontrés.

Elle le regarda intensément de ses yeux bleus, puis d’un air froissé, elle fronça son nez légèrement busqué.

— Tu ne te souviens vraiment pas de moi ? Tu as dû en voir des filles depuis ! remarqua-t-elle d’une voix un peu plus aiguë. La fête du printemps à Fol, tu te rappelles ? Quant à qui je suis, je te dois bien ça. Je ne te l’avais pas dit. Je me nomme Élaëna. Je suis la nièce du patriarche Faldin, ajouta-t-elle, toute fière.

Une bonne surprise pour le jeune homme. Avec les mésaventures et sa quête prochaine, il en avait oublié la belle jeune femme. Il ne pensait plus jamais la revoir.

— Ça alors ! s’exclama Kaldor. Je croyais que vous veniez d’une famille noble de Muzia… Je veux dire que… Mille excuses pour mon comportement et mon oubli, ma Dame.

— Excuses acceptées. J’aime ta compagnie, tu n’es pas comme tous ses nobliaux menteurs au ton mielleux qui souhaitent obtenir mes bonnes grâces. Que viens-tu faire ici ?

Sans entrer dans tous les détails, comme la mort de son père qu’il ne voulait pas aborder, il répondit à sa question.

— Valdir est arrivé dans mon village pour me ramener ici…

— L’instructeur en magie ? le coupa-t-elle. Pour quoi faire ? Il ne sort quasiment jamais du Temple.

— Comment le connaissez-vous ? Et comment savez-vous ce qu’il fait ? demanda Kaldor surpris. Je croyais que c’était une information plutôt secrète.

— Eh oh ! Tu m’écoutes ? le houspilla-t-elle, en lui pinçant le bras. Je viens de te dire que je suis la nièce du patriarche. Donc oui, je sais qu’il enseigne la magie runique. Et d’ailleurs, pourquoi s’intéresserait-il à un garçon simple comme toi ?

Kaldor se massa le bras et se demanda comment il devait prendre cela.

— Il pense que j’ai de bonnes aptitudes pour la magie et nous allons bientôt partir en mission pour le patriarche, fanfaronna-t-il. Désolé, je ne peux pas en dire plus.

— Waouh ! C’est une chance unique ! J’aimerais bien aller à la découverte du monde. Ma plus grande exploration se limite à la ville de Merfol.

— Cela viendra peut-être…

Au loin, Valdir cria le nom de son apprenti ce qui coupa court à la conversation. Elle le salua avant que l’instructeur en magie n’arrive et déposa un baiser sur la joue du jeune homme. Kaldor afficha un sourire béat.


L’Eldyrien apparut au détour d’un virage et s’approcha avec un air réjoui. Le jeune homme lui prêta à peine attention, le regard rivé sur la silhouette gracile de la belle brune qui s’éloignait au loin. Élaëna, quel joli nom.

— Ça va, Kaldor ? Pourquoi fais-tu cette tête d’ahuri ? lui demanda Valdir.

— Hein ? Quoi ?

— Laisse tomber. Viens avec moi, Binlian souhaite nous présenter nos nouveaux compagnons de voyage.

Il suivit en silence son mentor jusqu’à la caserne du capitaine. Kaldor découvrit pour la première fois ce type de bâtiment militaire. Il s’agissait d’une vaste construction rectangulaire, avec au centre une grande cour découpée en plusieurs espaces d’entraînement. Il y avait une seule double porte et les fenêtres du rez-de-chaussée et du premier étage étaient protégées par des barreaux.

Ils arrivèrent enfin dans le bureau de Binlian. Il n’y avait pas de décoration et le mobilier était sobre lui aussi. Le capitaine ne disposait que d’une table de travail, de trois chaises et de deux étagères. Deux personnes étaient déjà présentes dans la pièce, assises en face de lui. Il s’agissait de deux hommes d’une trentaine d’années et tous deux bruns. Kaldor constata que l’un avait une moustache, tandis que l’autre arborait un bouc.

— Ah ! Vous voilà enfin !

— Désolé pour le retard, Binlian. Je cherchais Kaldor partout, il se trouvait dans le jardin botanique et contemplait béatement les fleurs.

— Un magnifique espace vert, il est vrai… Voici les deux soldats d’élite qui nous accompagneront.

— Ah… Oui. Findol et Zèlyu. Je suis content de vous revoir, vos espiègleries me manquent, je dois bien avouer. Aucun de mes nouveaux élèves ne vous arrive à la cheville.

— Professeur Valdir, ça doit bien faire dix ans…, commença Findol, le moustachu.

— … que nous ne vous avons pas vu, acheva Zèlyu.

Kaldor haussa un sourcil devant cette particularité. Valdir expliqua que lors d’un exercice runique qui tourna mal, les deux amis se trouvèrent en partie liés mentalement. Binlian proposa d’aller manger un morceau ensemble. Le jeune homme remarqua que les deux nouveaux soldats n’étaient pas très bavards, quand ils ne terminaient pas la phrase de l’autre. Il apprit qu’ils étaient en patrouille le long de la frontière avec l’empire Tyrn lorsqu’ils s’étaient fait attaquer et où Findol avait reçu un coup d’épée sur l’arcade sourcilière. Le repas s’éternisa et le jeune homme fut noyé dans les souvenirs de ces soldats de l’Ordre du Temple.

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