Chapitre 11 - Kaelliom (partie 1)

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Deux hommes couraient le plus vite possible dans la forêt. Leyt, l’ami de Kaldor, et son père tentaient d’échapper à la terrible horreur qui avait frappé leur village. Il leur fallait atteindre la ville de Merfol avant que la chose ne les rattrape. Un hurlement de loup résonna dans les bois, trop près d’eux à leur goût. Ils n’en pouvaient plus, leurs jambes tremblaient sous l’effort et leurs poumons étaient en feu. Ils devaient pourtant continuer coûte que coûte.

Soudain, le père de Leyt cria, la créature venait d’atterrir sur son dos.

— Papa ! s’exclama Leyt désespéré.

Il encocha une de ses dernières flèches et tira. L’impact de celle-ci dans l’épaule de la bête la fit reculer de quelques pas. Elle gronda de colère et l’ôta avec sa gueule. Son père dégaina sa dague.

— Courre ! lui ordonna-t-il. L’autre n’est pas loin, ces choses ne doivent pas quitter la forêt, vivantes. VA ! Et préviens-les !

Il se retourna, les larmes aux yeux, et murmura un adieu à son fils. Il resserra sa prise sur son arme et se jeta sur le gigantesque loup avec un cri de défi. Celui-ci se mua bien vite en hurlement de douleur, puis en gargouillis quand le sang gicla de sa gorge.

Leyt resta un instant pétrifié par l’horreur de la scène. Son père ne criait plus à présent. Le spectre arrivait au loin. Le jeune homme, les yeux embués par le chagrin, dut ravaler un haut-le-cœur, et prit à nouveau ses jambes à son cou. Il se sentait perdu, désespéré. Pourquoi tant de haine et de malheur avaient frappé leur paisible village ? Pourquoi le Divin Kaelliom n’était-il pas intervenu ? L’abandon qu’il ressentait n’était qu’amertume.

Égaré dans ses pensées, il percuta un arbre. Sa tête se mit à tourner, mais un grondement sourd le fit se relever et courir. Il devait continuer et aller plus vite ! Alors qu’il sautait par-dessus un fossé, il fut projeté dans les airs et atterrit quelques pas plus loin, sur un tas de sable. Il voulut se relever, mais une terrible griffure lui barrait le dos. L’énorme loup le regardait de toute sa stature et approchait sa gueule avec lenteur.

— Humain, tu es ma proie. Tu seras meilleur que l’autre, car bien vivant lorsque je te dévorerai le cœur.

Cette chose savait parler ?! s'étonna Leyt empli d’effroi.

— PAS QUESTION ! hurla-t-il.

Il prit une grosse poignée de sable et la projeta dans les yeux de la bête. Elle gronda et recula. Leyt, couteau de chasse en main, se leva et frappa le loup dans les yeux. La créature rugit de douleur. Le jeune homme se mit à courir, la souffrance le dardait de coups de poignard, mais il tint bon. Arrivé devant Merfol, il s’écroula, terrassé par la fatigue et les blessures.


Quand il s'éveilla, il ne savait pas où il était et pourquoi il se trouvait allongé dans un lit qui n’était pas le sien. Ses yeux s’agrandirent et les larmes se déversèrent. Il se rappelait, le spectre, les loups et son village dévasté. Il voulut se redresser, mais une terrible douleur lui cingla le dos, il ne put retenir un gémissement. Une femme s’avança et le regarda d’un air inquiet. Elle ouvrit la porte et passa la tête à l’extérieur de la pièce.

— Père, il est réveillé ! s’écria-t-elle.

Quelques instants plus tard, il entendit des pas approcher et un homme chauve de forte carrure entra.

— Bonjour. Tu étais bien amoché quand je t’ai trouvé. Comment t’appelles-tu ?

— Je… Je me prénomme Leyt.

— Eh bien, Leyt, qui a bien pu te mettre dans cet état ?

— Il faut que je voie le bourgmestre Merfol, c’est très important ! l’implorât-il.

— Du calme petit. On peut dire que tu as de la chance. Je suis le bourgmestre. Ce sont des brigands qui t’ont fait ça ? insista-t-il.

— Non pire que cela ! Ce sont des créatures de cauchemar. Elles ont détruit mon village, Boisfeuillus…, parvint-il à dire avant de céder à une crise de larmes.

En temps normal, le bourgmestre l’aurait pris pour un fou. Néanmoins, il avait vu de ses propres yeux un énorme loup aux yeux crevés errer aux alentours de la ville. Même avec un tel handicap, il avait tué dix hommes avant de mourir. Le village en question n’existait plus, tous ses habitants étaient morts, plus ou moins dévorés.

— Nous avons éliminé la bête qui te pourchassait, mon garçon. Sois sans crainte à présent.

— Non, il en reste deux. Un autre loup et un spectre mangeur d’âmes, annonça Leyt entre deux sanglots.

— Nous ferons tout ce que nous pourrons pour se débarrasser de ces créatures. Le mieux serait de mettre les soldats de l’Ordre sur le coup. Repose-toi, maintenant tu es en sécurité, le rassura le bourgmestre.

Leyt gémit une fois de plus. Oh, comme il aurait voulu que Kaldor soit là. Il aurait peut-être pu sauver le village avec sa magie. Pourquoi les avait-il abandonnés ? Comment avait-il pu renier une amitié de longue date et partir avec des inconnus ? Le sommeil finit par l’emporter sur ses questions.

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