Souvenir d'échec et d'humiliation

4 minutes de lecture

[Souvenir de la jeunesse de Kaldor, pouvant être intégré dans le chapitre 1. Qu'en pensez-vous ?]

Kaldor et Leyt s'étaient positionnés dans un recoin de la place et observaient les allées et venues de chacun. Son ami brisa ce silence observateur.

- Trouves-tu une jolie donzelle à ton goût ? lui demanda-t-il avec un clin d'œil.

- Non et je n'ai pas trop envie d'aller en voir une au milieu d'un si vaste public. En plus elles sont toutes en bande. Comment veux-tu que cela ne nous freine pas ?

- C'est pas faux et je comprends ta réticence depuis ta mésaventure... Si j'avais été présent ce jour-là, je t'en aurais dissuadé.

- Merci de me la rappeler au passage. Je m'en serai bien passé, grommela Kaldor.

Il donna un coup de coude à Leyt.

-Tu n'as rien à te reprocher, ton père était malade, il fallait bien que tu l'aides. Si j'avais un peu plus réfléchi... Ah c'est tout moi ça.

Il ne put empêcher ce souvenir de remonter des tréfonds de sa mémoire. Cela s'était passé deux ans auparavant, un jour de printemps, un lendemain de pluie. Il trainait alors avec les garçons du village, toujours dans l'espoir d'être bien intégré et reconnu comme membre de leur bande, malgré sa différence physique. Il se disait qu'il devait persévérer, garder espoir et qu'ils se lasseraient de leurs taquineries envers lui.

Ce jour-là, il avait pris sur lui pour aller demander conseil à Pol, le chef de la bande. Tout le monde savait qu'il s'y connaissait et savait s'y prendre avec les filles. Cela faisait quelques mois que Kaldor avait des vues sur l'une des jeunes femmes du village, Lyas. Oh ! Qu'elle était belle avec son sourire et ses beaux yeux bleus, un rayon de soleil.

- Pol, Comment fais-tu pour arriver à sortir avec une fille ?

- Bah rien de plus simple Kal. Tu vas la voir et tu lui dis que tu l'apprécies beaucoup, la trouves jolie et que tu aimerais sortir avec elle. Moi ça marche à tous les coups, lui assura-t-il d'un air fier. Aller ! Va la voir !

Il le poussa en avant vers Lyas, l'élue de son cœur. Elle discutait avec deux de ses amies. Kaldor marcha dans leur direction d'un pas hésitant.

Dans son souvenir, il ne se rappelait plus de ce qu'il avait dit pour l'aborder mais il était sûr d'avoir bégayé et baragouiné quelque chose qui ressemblait au conseil de Pol. Néanmoins, il se souvenait parfaitement des regards étonnés que les trois filles lui avaient lancés. Il s'en était suivi trois éclats de rire tel un coup de poing en plein visage.

- Je suis désolée, Kaldor. Je ne t'aime pas même si tu es quelqu'un de sympathique. Et puis tu imagines ce que l'on dirait si je sortais avec toi ? Un garçon qui a les cheveux d'un vieux ?

Les trois jeunes femmes se mirent à rire, coup de masse sur la tête, laissant le jeune homme hébété. Puis, un rire masculin, entrecoupé d'inspirations bruyantes, se fit entendre et qu'il ne connaissait que trop bien... Celui de Pol, qui s'était approché silencieusement dans le dos du jeune homme.

- Et puis, c'est de Pol que je suis amoureuse..., avoua-t-elle.

Elle fut coupée dans sa phrase par son aimé, qui l'empoigna par la taille et l'embrassa devant un Kaldor déconfit. Pour le jeune homme, ce fut comme un coup de poignard en plein cœur. Il sentit des larmes d'une infinie tristesse s'immiscer en lui et ses jambes lui parurent toutes molles. Pol lui lança un regard victorieux et son vicieux sourire s'élargissait à mesure que les larmes embuaient les yeux de Kaldor.

Il prit alors sur lui car il devait à tout prix ne pas offrir une victoire de plus à ce sale type en s'enfuyant devant lui. Il serra les dents et les poings comme pour repousser les larmes et rassembler le peu de courage qu'il avait. Il répondit à son bourreau par un regard empli de défi. Ce qui ne lui plut pas du tout.

- Je vais vite te faire passer l'envie de me refaire un tel regard, l'argenté !

Il se rua sur Kaldor, qui surpris par cette réaction, ne put éviter d'être renversé dans la boue. Il ne put rien faire d'autre que de protéger sa tête, juste avant de recevoir une salve de coups de pieds.

- Cela t'apprendra à rester à la place qui est la tienne, minable ! Jamais je ne t'accorderais mon amitié. Tu as cru quoi ? Personne, ne t'apprécie ici...

- Oh la ferme Pol ! Moi, je l'apprécie, affirma Leyt. Aller Kal, viens laissons cet imbécile fulminer tout seul, j'ai besoin de quelques herbes pour mon père malade.

- Comment ose..., commença le bourreau avec colère.

Leyt s'approcha de lui et lui assena un coup de poing rapide dans l'abdomen. Son ami l'aida à se relever, puis le soutint jusqu'à la maison de Kaldor.

Depuis ce jour, il faisait son possible pour éviter son tortionnaire. Leyt lui avait toujours dit que sa bonté le perdrait, mais il n'était pas aussi courageux que lui face à l'adversité.

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