Chapitre 15 - Sombres nouvelles (partie 1)

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Le reste du voyage jusqu’à la première grande étape, la ville de Balt, se déroula sans aucun problème. Excepté le fait qu’Élaëna ne daigna adresser la parole à personne dans le convoi. Sa mésaventure avec le piège du cuisinier l’avait grandement mise en colère. Quiconque lui parlait, voire même la regardait se voyait foudroyé du regard.

Pendant que les soldats montaient le campement hors de la ville, Valdir annonça qu’il devait se rendre en ville. Kaldor sauta sur l’occasion pour le suivre, ainsi que Binlian, Adrim et Élaëna. Balt était une grande ville marchande, située au point de jonction de deux routes commerciales. L’une venait de l’Ouest et la ville de Merfol, route que Kaldor avait en partie empruntée pour se rendre à Temple-ville. L’autre arrivait de l’Est et la ville de Rant, au-delà de la frontière elle se poursuivait jusqu’au royaume du Sudar et l’empire de Lyrgo.

Valdir les entraînait à travers un dédale de rues. Kaldor remarqua que chacune d’elle contenait au minimum trois à quatre boutiques. Pour les rues les plus fréquentées, le nombre pouvait monter jusqu’à une soixantaine, parfois plus qu’à Temple-ville. Binlian rompit le silence qui régnait dans le petit groupe.

— Dites Valdir, où nous conduisez-vous ?

— Au relais de poste. Il faut bien que j’adresse un message au patriarche afin qu’il ne s’inquiète pas de la disparition de sa nièce.

En terminant sa phrase, il jeta un regard noir à ladite nièce qui abandonna aussitôt son air mécontent et rentra la tête dans ses épaules.

— C’est bien ce qu’il me semblait. Cependant, nous allons dans la mauvaise direction, il a été déplacé l’année dernière deux rues plus loin d’ici. À présent, il est plus près du temple et de l’hôtel de ville.

— Hem… Tant que l’on est en ville, cela ne vous dit pas de prendre une chambre dans une auberge et un bon bain aussi, proposa Élaëna. J’en ai marre de dormir dans le chariot et de sentir cette constante odeur de sueur et de métal.

— Non pour la chambre, nous avons de quoi dormir au sein du convoi et en plus nous sommes nourris. Néanmoins, si vous vous payez votre chambre et que vous revenez à l’heure du départ demain, pourquoi pas. Concernant le bain, je suis d’accord avec vous. Il y a des bains publics, nous nous y rendrons après.

Le groupe passa sur la Grand-Place, devant l’hôtel de ville et son beffroi en bois noir et arrivèrent enfin à destination.

La bâtisse n’avait rien de particulier, à part le crépi orangé défraîchi. À l’intérieur, la pièce était coupée en deux par un grand comptoir de bois. Valdir demanda du papier et de quoi écrire.

Alors qu’il mettait la touche finale à sa lettre, un coursier entra en trombe dans le relais postal, faisant sursauter Élaëna. Le visage de l’homme s’illumina quand il aperçut Valdir.

— Ah ! Je vous trouve enfin maître Valdir ! dit-il quelque peu essoufflé. Le patriarche m’a chargé de remettre un message à un jeune homme nommé Kaldor. Le major commandant le convoi m’a assuré qu’il était avec vous.

Valdir n’eut pas le temps d’ouvrir la bouche car Kaldor s’avança au devant du coursier.

— C’est moi. Quel est ce message ? demanda-t-il d’une voix mal assurée.

Il redoutait ce que l’homme allait lui transmettre. Qu’était-il arrivé pour que le patriarche Faldin envoie un messager en urgence ? Il redoutait de l’entendre dire que sa mère n’allait pas bien. Elle pouvait ne pas avoir supporté son départ et être tombée malade. Pendant un très court instant, qui parut durer une éternité, plusieurs scénarii défilèrent dans sa tête.

Le coursier ne dit rien de plus, il ouvrit sa besace et lui tendit une lettre cachetée. Quand enfin le jeune homme put lire, il eut l’impression d’être frappé par la foudre. Il ne voulait pas croire à ce qui était écrit. Tout juste entendit-il Valdir parler au messager.

— Je sais que vous êtes fatigué, mon brave, mais pourriez-vous transmettre cette lettre au Patriarche ?

— Pas de soucis, maître Valdir. Il me suffit juste de changer de monture…

Kaldor tomba à genoux, coupant court à la conversation. La lettre glissa lentement de ses mains. Il se sentit tomber dans un gouffre, celui de la culpabilité. Dans son cœur s’était ouvert un grand abîme austère, d’où sortait un grand fleuve de larmes amères. Après la mort de son père, qui n’avait pas suffi à cet ennemi mystérieux, il venait d’apprendre que tout son village avait été réduit en cendres.

Valdir s’approcha lentement et prit la lettre. Il la lut, la plia et la rangea sous sa cape. Élaëna voulut demander de quoi il en retournait, étonnée de voir le jeune homme dans cet état, mais Valdir la fit taire d’un regard sévère. Il demanda à Binlian de faire sortir la jeune femme et Adrim. Il s’agenouilla devant Kaldor et lui prit les épaules dans un geste de réconfort. Le jeune homme osa enfin parler, ne cessant de répéter : « Tout est de ma faute, je suis responsable ». Alors, il pleura toutes les larmes de son corps.

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