L'équipe imprimerie, en revanche, correspondait mieux à mes goûts. Notre formateur était un imprimeur de la ville qui nous enseigna les rudiments de l'imprimerie, les différentes sortes de papier, leurs tailles et leurs grammages. Notre matériel, bien que rudimentaire, était celui dans lequel le collège avait le plus investi. Il s'agissait d'une presse typographique à platine munie d'une grande roue que nous actionnions à la main pour imprimer carte de visite après carte de visite, page après page.

Nous dûmes nous familiariser avec le langage des imprimeurs : Bon à graver, Bon à tirer, Caractère, Casse, Césure, Coquille, Hirondelle, Italienne, Lettrine, Massicot, Police, Taille-douce, Vélin, Vergé et bien d'autres encore.

Après nous être familiarisés avec le matériel en imprimant de grandes quantités de cartes de visite, nous nous sommes lancés dans l'édition d'un livre écrit par six élèves de philo. Cela nous a pris beaucoup de temps ! Chaque ligne fut créée caractère après caractère. Chaque paragraphe, ligne après ligne. Il arrivait que les caractères tombent et s'éparpillent sur le sol. Il fallait reclasser chaque caractère dans sa petite case de rangement et recommencer. Le travail avançait lentement et nous fûmes autorisés à faire des heures supplémentaires certains soirs et même le dimanche. Les blocs étaient ficelés, posés sur le marbre et après les premiers tirages nous constations les coquilles à corriger. Un gros travail. D'autant que nous ne comprenions pas ce qu'avaient écrit les plus grosses têtes pensantes de nos classes de philo. Les premiers exemplaires furent numérotés. Je ne pouvais faire autrement, après avoir transpiré pour l'imprimer, que de payer pour en posséder un exemplaire numéroté.

FIN (provisoire) des carnets d'un penco chez les jésuites