Du fait de ces handicaps, c'était avec beaucoup de mal que nous composions à grands renforts de compositions notre bagage intellectuel, et que nous le chargions sur une diligence qu'il nous fallait mener jusqu'au pays de la liberté.

Je veux parler des contrôles périodiques de nos fraîches connaissances dont les résultats étaient consignés dans un bulletin de notes mensuel appelé "Diligence" en langage jésuite. Ces contrôles étaient donc sanctionnés par des "notes de diligence", lourdes de conséquences pour nos perspectives d'évasion qui se limitaient, ainsi que je l'ai dit, à une seule sortie par mois, dans sa famille ou chez un correspondant en ville.

Je me souviens que nous étions d'assez courageux cow-boys, mais chaque voyage était périlleux et bon nombre de nos valeureux compagnons tombaient sous les flèches d'étranges sioux en soutanes noires embusqués tout au long du chemin.

Ces indiens de la discipline disposaient en effet d'une arme redoutable capable de trancher d'un coup les jarrets de vos cent pur sangs de réussites scolaires. Votre assiduité à la tâche, cultivée à l'engrais de votre exceptionnelle intelligence pouvait être anéantie par le seul trait empoisonné d'une note de discipline, symbolisée par une lettre.