2 - Shawn

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Foutue journée ! Entre les répétitions en studio, les photos pour la couverture de notre prochain album et cette conne de Wendy, je suis servi ! Il n'est que dix-sept heures et je n'ai qu'une hâte rentrer à l'appart et retrouver ma petite femme.

Assis dans le jet privé de mon père, je l'imagine déjà à m'attendre dans son joli peignoir rose, assis sur le canapé, ses sublimes jambes croisées, un bouquin à la main. Comme tous les soirs, l'odeur du repas viendra allécher mes papilles, néanmoins je préfère me repaître de son corps avant de garnir mon estomac. Au moment où je ferme les yeux, je visionne son joli petit cul venir claquer contre mon bassin. Ma queue réagit aussitôt, mais il ne faut pas longtemps pour que je me calme direct en entendant le colis que j'ai embarqué avec moi. Sa voix de crécelle me fait sortir de mes gonds.

— Ça va, mon amour ? me questionne Wendy.

Sa main glisse vers mon membre, qui déjà excité par mon imagination, se gonfle à nouveau de désir.

— Tu me rappelles ce que tu fous là ? grogné-je en retirant sa main direct.

Je me demande surtout ce qui m'a pris d'accepter qu'elle fasse le vol avec moi.

— Je te l'ai déjà dit, Shawn. Mon père m'a demandé de le rejoindre à New-York, il a une affaire à me confier.

En l'entendant dire ça, je me marre comme un con. J'espère que c'est une plaisanterie. S'il lui confie la gestion de la moindre affaire, il court à sa perte. Cette fille a le cerveau d'un moineau, son intelligence frise le ras des pâquerettes. Je me demande bien ce que j'ai été m'enticher d'elle. Bon, ouais, ok, à l'époque je n'étais pas vraiment moi-même.

À me défoncer tous les jours, j'aurais pu vraiment mal finir. Heureusement que ma route a croisé celle de Jen, elle m'a sauvé.

Quand je l'ai rencontré dans ce bar où elle passait la soirée avec quelques-unes de ses amies, j'ai eu envie de changer, d'arrêter mes conneries pour lui plaire. J'ai passé un mois en désintox avant de la contacter. Puis tout s'est très vite enchaîné entre nous. Le soir où nous nous sommes revus, nous avons fini dans sa petite chambre d'étudiante. Je n'avais jamais connu une telle nuit, cette fille incroyable, douce, intelligente et belle à s'en damner m'a conquis en un battement de cils. Elle a remplacé mes doses de came quotidienne. Je suis accro à elle, comme je l'étais à toutes ces substances qui me détruisaient à petit feu.

— Qu'est-ce t'as à sourire comme un benêt ? me demande ma compagne de voyage, en observant mes réactions.

— Je pensais juste à un truc.

— Quel truc ?

Ses doigts se frottent à ma barbe naissante, pour tenter de m'attendrir. Rien que ce contact me répugne.

— J'ai pas envie d'en causer, alors fous-moi la paix ! me rebiffé-je en bougeant la tête pour qu'elle ôte sa main de ma gueule.

— Bien comme tu voudras !

Vexée, elle me tourne le dos en croisant les bras. Si elle pense que ça va m'amadouer, elle se goure carrément. Elle n'est pas Jen et je n'irais pas la chercher. Cette fille, je m'en fous, s'il n'y avait pas les gars, ça ferait longtemps que je l'aurais dégagé de ma vie. Mais cette petite maligne m'a foutu le couteau sous la gorge en menaçant de dévoiler le passé de Jay si je ne reste pas avec elle. Si jamais ça vient à s'ébruiter, on peut dire adieu au groupe et à notre carrière. Qui voudrait d'un meurtrier comme idole. Ouais, certes, il a été innocenté, légitime défense, mais les fans n'iront pas fouillé dans les dossiers de la justice et le temps qu'un journaliste y fourre son nez, on aura coulé depuis belles lurettes. Mais quel taré je suis d'avoir été lui raconter tout ça ! À ma décharge, j'étais encore une fois bourré, même si ce n'est en rien excusable.

— J'ai l'impression que tu me caches quelque chose, Shawn !

Je tourne la tête vers elle, abasourdi.

— Du genre ?

— J'en sais rien. Tu es de plus en plus bizarre. Tu fais tout pour éviter que je te touche. Est-ce que...tu vois quelqu'un d'autre ?

J'attrape la perche qu'elle me tend pour tester le terrain. Si Dieu existe, comme me le répète sans cesse ma mère depuis que je suis môme, il pourrait entendre mes prières.

— Si je te réponds oui, tu réagis comment ?

— C'est vraiment le cas ? Parce que si t'as quelqu'un d'autre, j'te jure que je dénonce Jay à la presse. Je ne donne pas cher ensuite de votre réputation.

Salope !

— T'inquiète, j'ai juste la tête ailleurs en ce moment, ça va me passer.

— Alors, fais-moi l'amour, me susurre-t-elle en posant une jambe de chaque côté des miennes. Ça fait trop longtemps que tu ne m'as pas touchée.

Ouais et j'ai bien envie que ça continue d'être le cas.

Je peux faire semblant de sortir avec elle, l'embrasser à la limite et encore hors de question de fourrer ma langue dans sa bouche, mais la baiser impossible. Je ne peux pas faire ça à Jen, je l'aime trop pour la blesser de la sorte.

— J'ai eu une sale journée aujourd'hui, j'ai franchement pas la tête à ça.

— Pourtant, tu bandais tout à l'heure.

Putain, mais quelle conne !

Je jette un coup d'œil à ma montre, pour voir combien de temps mon calvaire va durer. Encore une heure de vol ! Putain de bordel de merde, je vais crever en plein air !

Je la repousse sans ménagement, afin de bien lui faire passer mon message. Avachie sur la banquette, elle me fusille du regard.

Je hausse les épaules

— Je t'ai dit que j'avais passé une sale journée, c'est clair, non ?

Je m'installe dans un fauteuil et ferme les yeux. Quand je les rouvre, le pilote nous annonce l'amorce de l'atterrissage. J'attache ma ceinture en jetant un coup d'œil à ma compagne. Elle ne semble pas avoir décoléré. Tant mieux.

Dès que l'avion est au sol, elle attrape ses affaires, qu'elle me fourre dans les bras. Elle me prend pour son boy ou quoi ?

— Démerde-toi avec tes affaires ! grogné-je en lui collant le sac contre sa poitrine. Je ne suis pas ton clebs !

Elle boude, mais hisse quand même son sac sur son épaule, avant de quitter la cabine la première. Je traine encore un peu, histoire de mettre assez de distance entre nous. Malheureusement, c'est sans compter sur sa ténacité. Madame m'attend à quelques pas de la sortie, son smartphone dans la main. Quand elle finit de pianoter dessus, elle se tourne vers moi, un large sourire sur les lèvres. Je sens venir le mauvais coup d'ici. Son attitude pue à des kilomètres à la ronde.

— On passe la nuit ensemble ?

Dans tes rêves !

— Pas ce soir. Je t'ai dit, je suis vraiment crevé. T'es vraiment lourde à la longue !

Moi qui croyais qu'elle bouderait une nouvelle fois, je me plante carrément. Au lieu de me faire la tronche, elle sourit de plus belle, dévoilant ses fausses dents. Cette fois, j'en suis certain, elle a préparé un coup qui ne va pas me plaire du tout.

— Tant pis, tu ne sais pas ce que tu rates, me lance-t-elle en venant coller son corps contre le mien.

Par contre, je sais ce qui m'attend sous mon toit et je suis pressé d'aller la retrouver. Un instant, je me mets à rêver de Jen, de ses magnifiques courbes et de ses beaux yeux aussi bleus que l'océan, dans lesquels j'adore me noyer. Plongé dans mon songe éveillé, je me laisse avoir comme un bleu par Wendy, qui profite de mon inattention pour coller ses lèvres sur les miennes. Des flashs zèbrent aussitôt le ciel. Putain, de paparazzi ! La réaction de Wendy ne me laisse aucun doute, c'est elle qui les a contactés, histoire de me forcer à la suivre. Je viens de me faire berner et en beauté en plus.

— J'en ai marre, Wendy, de tes conneries !

— Vraiment ? Tu sais que je n'ai qu'un geste à faire pour que l'un d'eux viennent écouter ma belle histoire. Alors, à toi de savoir, si tu veux que ton meilleur pote soit placé sous les projecteurs.

Hors de moi, je m'éloigne de quelques pas et glisse mes doigts dans les cheveux. Je vais vraiment finir par me la faire cette fille, mais pas dans le sens où elle l'entend !

Le regard aussi noir que le néant, je me retourne vers elle.

— Qu'est-ce que tu veux ?

— Tu sais très bien ce que je veux. Toi.

Ai-je le choix ? Putain ! Cette fille me tient par les couilles et je ne sais vraiment pas quoi faire. Je suis coincé dans une situation des plus merdiques.

D'un côté, à force de me faire mitrailler avec elle, Jen va finir par l'apprendre. Jusqu'à présent, j'ai eu du bol qu'elle ne lise pas ce genre de torchon, mais il suffit d'une fois. Si elle tombe dessus, nous deux se sera mort. Rien que d'y penser, mon cœur fait une chute de dix étages et se retrouve éclater en mille morceaux au sol. Je ne peux pas perdre la seule fille dont je suis vraiment tomber amoureux.

De l'autre, il y a Jay. Je ne peux pas exposer mon meilleur pote au monde médiatique ainsi. Il s'en veut déjà bien assez pour ce qu'il s'est passé, même si ça remonte à plus de cinq ans. Il ne faisait que se défendre, bordel ! Si les journalistes foutent leur nez dans cette histoire, il ne s'en relèvera pas. Et lui non plus, je ne peux pas le perdre, il est comme mon frère. On se connait depuis le collège.

Choisir entre les deux est un sacré dilemme. J'en suis tout bonnement incapable.

J'inspire un grand coup, avant de lui fournir ma réponse.

— Demain soir, on se fait un resto tous les deux et...

— Je ne veux pas d'un resto, bébé !

À l'entente de ce surnom, je grimace. Elle sait que j'ai horreur qu'elle m'appelle ainsi.

— Je te veux toi, poursuit-elle en venant se coller une nouvelle fois à moi.

Elle tente de m'allumer en laissant glisser ses doigts sensuellement le long de mon torse. Leur course s'achève sur ma queue, qu'elle caresse sans pudeur. Je hausse la tête et avale ma salive avec difficulté. Il ne faut pas que je bande, hors de question de lui fournir cette satisfaction. Je pense à Jen pour maitriser ma trique. Si elle venait à l'apprendre, elle me jetterait comme un vulgaire déchet. Je me répète ces mots en boucle, tel un mantra.

J'ébauche un pas en arrière, mais Wendy me retient par le bras. Elle colle à nouveau sa bouche à la mienne et tente de forcer un passage à sa langue entre mes dents.

Avant même que j'ai pu la repousser, les flashs illuminent à nouveau le ciel. Ces cons n'en ratent pas une pour alimenter leur foutu torchon.

— Alors ? me demande-t-elle, en papillonnant des cils.

— Et si je refuse ?

Elle agite son doigt sous mon nez, pour bien me faire comprendre qu'elle n'acceptera pas un non de ma part.

Mes dents jouent avec mon piercing planté sur ma lèvre, nerveux.

— Ok, toi et moi on passe une nuit ensemble, mais demain.

Je plante un regard déterminé dans le sien, pour lui faire comprendre à mon tour que je ne changerai pas d'avis sur la date. Ce soir, c'est niet de chez niet.

Si elle accepte, j'aurais vingt-quatre heures, pour me trouver une excuse aussi minable soit-elle. Au pire, je n'aurais qu'à il lui dire que j'ai une gueule de bois ou la crève et que je ne peux vraiment pas la voir.

— Donne-moi ton adresse, je te rejoindrai chez toi vers dix-neuf heures.

Je serre les poings. Hors de question qu'elle se pointe sous mon toit !

— Je préfère te retrouver à ton hôtel.

— Aurais-tu quelque chose à me cacher, Shawn Black ?

Cette meuf a la cervelle d'un moineau, mais est aussi futée qu'un renard.

— Je ne vois pas de quoi tu parles, réponds-je avec nonchalance.

— Dans ce cas, file-moi ton adresse. On sera bien plus tranquille.

— Tu m'emmerdes grave, Wendy ! J'me casse !

Et sans lui laisser le temps de répliquer, je me barre en direction du hall de l'aéroport.

— Bébé, attends ! m'appelle-t-elle.

Je continue d'avancer comme si de rien était. Je m'en fous ! Si Jay vient à être exposé, on trouvera une solution comme à chaque fois. Au pire le groupe se plantera et on fera autre chose, comme beaucoup d'autres qui ont tenté de percer dans ce monde sans obtenir de résultats.

J'envoie un message à mon pote, pour l'informer de la situation. Au final de toute cette histoire, c'est lui qui va trinquer, mais là je ne peux vraiment plus. Jouer au parfait petit-ami devient invivable.

— Shawn, je te jure que si tu ne m'attends pas, je les appelle.

La réponse de mon pote arrive au même instant.

Jay : T'inquiète pas pour moi, mon pote. Fais ce que tu as à faire. Cette conne mérite d'être remise à sa place.

Fort de cette réponse, je me retourne vers elle et lui lance un regard dédaigneux.

— Vas-y, fais toi plaisir ! Balance-leur ta merde, j'en ai rien à foutre ! Toi et moi, c'est terminé. Et tu veux savoir pourquoi je ne te touche plus ?

Des larmes brillent déjà dans ses yeux avant même que je lui donne le coup de grâce.

— Je suis avec quelqu'un d'autre et ça fait neuf mois que ça dure. Elle est tout le contraire de toi, belle, drôle, intelligente. À côté d'elle, tu ne vaux rien ! Et j'ai mieux encore pour toi, je l'aime comme un dingue. Alors, fais-moi plaisir, oublie-moi !

— Salop ! J'te jure que ton pote va en chier !

Je hausse les épaules, avant de la laisser en plan sur la piste d'atterrissage.

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