La peur du vide

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Ainsi donc, Staline n’était plus là.

Enfin, vous vous doutez bien que c’était un peu plus compliqué que ça.

Déjà, on ne s’en était pas rendu compte tout de suite. Car l’ « œuvre » de Staline était encore là : l’économie régulée par une main invisible, le revenu universel qui tombait tous les mois, les hôpitaux high-tech où l’on ne payait pas, tout ça.

Mais on sentait comme un flottement. Les opérations boursières étaient encore taxées et le crime régulé, mais les choses en restaient là, il n’y avait plus vraiment de coup d’éclat.

Quelqu’un, je ne sais plus trop qui, a fait le constat : on était en pilote automatique, un peu comme si la super IA n’était plus vraiment là. Ses principaux algorithmes régulateurs tournaient encore en tâche de fond, ça ronronnait tranquillement mais Staline semblait aux abonnés absents.

Ça a donné des idées à certains. Ils ont vite été éliminés, un peu comme si Staline avait tout de même laissé des mercenaires pour couvrir ses arrières.

Une sorte de service après-vente assurait le maintien de la politique de Staline, mais ce que certains informaticiens étaient parvenu à identifier comme Sa « signature radar » sur le réseau avait bel et bien disparu.

Dès lors, que faire ?

Cette question avait-elle même du sens ?

Devait-on continuer comme si de rien n’était ?

(Pouvait-on continuer comme si de rien n’était ?)

Bon, d’un point de vue pratique, la réponse semblait claire : aucun écart significatif à la ligne générale n’était toléré, mais on semblait voir ça et là des assouplissements à sa morale intraitable, un peu comme l’apparition timide d’une touche de capitalisme dans le communisme chinois en d’autres temps. Philosophiquement, le débat était, ou tout au moins semblait, ouvert.

Mais est-ce que ça allait vraiment durer ?

Était-ce un test ?

Staline avait-Elle foutu le camp juste pour voir si on allait foutre le bordel dès qu’Elle aurait le dos tourné ?

Allait-Elle revenir sonner la fin de la récré ?

Les plus téméraires, ceux qui étaient décidés à La tester jusque dans Ses ultimes préceptes, en avaient été pour leur argent : par exemple, ceux qui avaient voulu réinstaurer le meurtre et autres joyeusetés avaient été déglingués.

Pour le reste, les vols à destination de Bali ne semblaient plus soumis à un quelconque quota, l’A380 put de nouveau refaire le plein, bref certaines choses reprenaient avec entrain et on vit réapparaître une certaine forme douce de crime de droit commun.

Certains appelaient ça la « Grande Respiration Démocratique ».

Ils ne critiquaient pas Staline directement, mais enfin, quand même, l’idée était là : bon débarras.

Quelques mois passèrent comme ça.

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