Oui, les objets ont une âme

2 minutes de lecture

7 heures 45

Les premiers élèves ne vont pas tarder à arriver. Je me dépêche de faire disparaître les deux couvertures dans le cagibi à côté de l’école, il sert de fourre-tout. Je ne veux pas qu’il y ait la moindre trace du passage des personnages de Victor Hugo pour la simple raison que mes camarades me traiteraient de fou ou bien de grand rêveur, pour eux c’est du pareil au même. Alors que je craque une allumette pour démarrer le feu dans le poêle, la porte d’entrée s’ouvre. C’est Touguy qui arrive le premier. Il me salue rapidement et va faire ce qui lui a demandé Charles Carrier.

Sur le tableau, à l’aide d’une craie, il écrit :

Rédaction :

Dites ce que vous pensez de la phrase de Lamartine :

‘Objets inanimés avez-vous donc une âme ?’

Donnez des exemples pour préciser votre pensée.

« Vous avez de la chance, en Fin d’Etudes, d’avoir un sujet pareil ! »

« Tu penses, répond Touguy un brin contrarié. Tu y crois, toi, à ces histoires de fous, que les objets ont une âme ? Comme si, tout à coup, Gavroche en personne pouvait descendre de la gravure là-bas, à côté du tableau, et venir jouer aux billes avec nous dans la cour ! »

« Oui, les objets ont une âme, je réplique, d’ailleurs pas plus tard que la nuit dernière j’ai dormi avec Gavroche et ses deux petits protégés ! »

Je ne sais pourquoi mais, soudain, j’ai osé l’impossible. Peut-être par simple provocation.

« Bien sûr rétorque Touguy avec de l’ironie dans la voix. C’est même ce bon Victor Hugo qui vous a bercés, je pense ? »

« Comment as-tu deviné ? dis-je. »

Les premiers enfants arrivent dans la cour. Monsieur Carrier entre dans la salle de classe, nous salue. « Å la bonne heure, il fait bon. Merci Touguy d’avoir écrit le sujet de la rédaction. Je compte sur vous, les grands de Fin d’Etudes, pour faire vivre les objets et vos textes aussi par la même occasion ! Ça changera de l’ordinaire ! »

Au travers des vitres le soleil pose sur le parquet ses premières flaques de clarté. Le brouillard se dissipe peu à peu. Le feu crépite dans le gros Godin gris. Les plumes Sergent-Major des grands dessinent leurs premières arabesques sur les pages blanches. « Objets inanimés … ». Sans doute, depuis les feuilles anciennes du ‘Souché’, Gavroche nous observe-t-il en silence. C’est si mystérieux les choses, c’est si troublant ! Ne trouvez-vous pas ?

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire jean-paul vialard ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0