Mercredi 17 février 2010

2 minutes de lecture

Camille,

Désolée pour la dernière lettre extraordinairement courte. Et pour le gaspillage de papier aussi. Je n'avais tout simplement pas envie d'en dire plus. Il n'y avait que ça que je désirais écrire. C'est vrai ! Tu n'as pas envie de revenir ?

Mon habitude à te raconter mes journées est un peu lassante à force. De toute façon, celle d’hier n'avait rien de particulier. Louis est venu me parler. Encore une fois. Pas à propos de samedi, non, à propos de toi. Bien qu'il y ait eu sujet à discuter à propos de samedi. Puisqu'un nouveau couple s'est formé. Ça concerne Solène. Elle s'est trouvé un nouveau copain. Tu ne devineras jamais qui c'est ! C'est véritablement le scoop du moment.

Roulement de tambour…

Elle sort avec Gustav. Oui, oui, notre Gus national sort avec cette petite garce brune qui nous cassait les pieds et qui entre nous est toujours aussi superficielle. Elle ne s'arrange d'ailleurs pas avec le temps. Si tu la voyais... Perso, je trouve qu'ils vont, mais alors pas du tout, ensemble. Cela dit, c'est mon avis, chacun le sien. Tu en penses quoi, toi ?

Donc, je disais que Louis était venu me parler aujourd’hui.

« Désolé du manque de tact dont j'ai fait preuve l'autre jour, mais tu ne devrais pas t'enfermer sur toi-même ainsi. Ça fait mal, je n'en doute pas une seconde. N'oublie pas que tu n'es pas la seule. Les autres aussi dans la classe ont connu Camille. Peut-être pas moi, mais je peux te comprendre. »

Il m'a dit qu'il me comprenait. Vraiment ? Il le peut ? Quand je disais qu'il était venu me parler, c'est bien juste lui qui l'a fait car moi, je ne lui ai rien répondu. Il est parti, laissant agir ses mots. Je pense comprendre qu'il aimerait que j'en parle. Mais n'a-t-il pas encore compris que c'est la dernière chose dont j'ai envie ?

De ne pas en parler, de ne pas apposer de mots, permets, j'en suis sûre, de s'en protéger. Ou au moins de l'oublier et comme c'est impossible, de faire semblant, de fermer les yeux, de ne pas lui donner le pouvoir. Je suis déjà anéantie, n'est-ce pas suffisant ? Et puis, tu es toujours là, n'est-ce pas ? Puisque je t'écris...

C'est ce que je me répète et si je venais à lâcher ce stylo, je crois que j'en mourrais.

Bises, Joana

P.S : Je ne t'oublie pas.

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