Samedi 6 février 2010

2 minutes de lecture

Ma petite Camille,

Te rappelles-tu notre première rencontre ? Non ? Certainement. Moi non plus. Je n'ai pas une aussi bonne mémoire. Dommage. En ce moment, je crois que j'aimerais n'être plus en mesure d'oublier... Nous étions trop petites pour nous en souvenir. Notre vraie rencontre, ne s'est toutefois pas passée à la maternelle de notre école, ça s'est plus ou moins passé lorsqu'on avait sept ans. J'entends par « vraie rencontre », le point de départ de notre amitié. À l'époque, nous fréquentions le même établissement scolaire sans vraiment nous connaître. Nous n'étions pas dans la même classe. Ça, tu t'en souviens ? Notre rencontre s'est faite au cours de danse classique où nos mamans nous avaient toutes deux inscrites. Je ne connaissais personne, j'étais seule. Je pense que toi aussi. Sinon comment expliquer que tu aies cherché ma compagnie ? Toi, petite fille dans ton tutu rose, les cheveux blonds crollés que tu lisserais plus grande, les grands yeux bleus perdus à contempler le vide. Tu as toujours été d'une nature distraite, on te l'a souvent fait remarquer, pourtant, tu avais cette étrange capacité à retenir tout ce qu'on te disait en donnant l'impression de ne pas écouter le moindre mot. Avec le temps, tu as un peu changé. Me rappeler ce moment, c'est vraiment quelque chose. Alors, je me permets de nous le faire savourer à toutes les deux. Lis !

«-Tu es toute seule ?

-Oui, je ne connais personne mais...

-Tu sais si la madame, elle est gentille ?

-Non, je ne sais pas.

-Tes cheveux changent de couleur ?

-Non. C'est à cause de la lumière, ils ...

-Tu crois aux fées ?

-Non, elles n'existent pas.

-C'est ton premier cours de danse ?

-Stop.

-Quoi stop ?

-Arrête de me poser des questions. Tu n'écoutes même pas les réponses.

-C'est faux

-Ah bon ?

-Tu es toute seule parce que tu ne connais personne et tu ne sais pas si la madame elle est gentille. Tes cheveux ne changent pas de couleurs, on a l'impression à cause de la lumière. Tu ne crois pas aux fées, tu penses qu'elles n'existent pas. Tu vois, j'écoute et je retiens. Si tu m'avais dit ton prénom, je m'en rappellerais aussi.

-Je m'appelle Joana.

-Et moi Camille.

-Tu veux être mon amie ?

-Pour quoi faire ?

-Je ne sais pas.

-C'est quoi l'amitié ?

-Aucune idée. Et si on la cherchait ensemble ?

-Tu crois qu'elle se cache avec les fées ? »

C'est la conversation que nous avons dû tenir dans cette salle de danse. Bon, j'avoue, j'ai certainement un peu modifié, mais c'était il y a longtemps quand même. Et on a découvert l'amitié. Je crois même qu'on a tissé entre nous l'une des plus belles. C'est l'impression que j'ai. Après tout, un bon ami est compliqué à trouver, difficile à perdre et impossible à oublier. Et je crois bien que tu réponds à tous ces critères.

Bises, Joana

P.S : Les souvenirs sont ma force, ce sont les restes d'un bonheur passé. Je ne t'oublie pas.

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