Le chêne et le pinson

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Le chêne et le pinson

 

Un grand chêne régnait, étendant son feuillage

Par dessus la forêt, en maître incontesté ;

Les animaux venaient sous lui chercher ombrage,

Fraîcheur d’un instant, ou mieux, sécurité.

 

Parmi tant de visites, il en distinguait une

Qui inspirait soudain ses battements de cœur.

C’était un gai pinson, compagnon de fortune,

Qui, posé sur la branche, chantait avec bonheur.

 

Rien dans sa vie de chêne ne fut plus important

Que l’instant où l’oiseau, rendant l’arbre magique,

Sifflait pour la futaie un air doux et charmant,

Et remplissait le ciel de sa belle musique.

 

Or il advint un jour, espérant jusqu’au soir,

Que le pinson ne vint, abandonnant l’abri.

Le chêne guetta le ciel, hurla son désespoir,

Mais autrement qu'en songe jamais plus ne le vit.

 

La peine fut si grande, le désespoir si lourd,

Qu’il implora le ciel, la pluie et ses orages,

De venir pour son aide mettre fin à ses jours,

Ne pouvant plus souffrir cette absence davantage.

 

Jupiter compatit, il déchira l’azur,

D’un gros nuage noir la forêt recouvrit.

Le chêne déploya, prise au vent, sa ramure,

Il en fit tant et tant qu’un éclair l’abattit.

 

Le géant tomba net dans un bruit de tonnerre,

Et sa mort attira sitôt un bûcheron.

Qui sortit de son sac de grands outils de fer

Pour tailler le beau chêne en bûches et tronçons.

 

Il en fit des jouets qu’on donna aux enfants,

Une table et deux chaises, trois marches d’escaliers,

De ses fibres on fila des feuilles de papier

Où coururent aisément des poèmes ardents.

 

Dans le froid de l’hiver il fut sitôt prisé

Pour chauffer le logis, comme bois de foyer.

Si bien que sur le sol restèrent éparpillés

Des tas de feuilles mortes, quelques branches cassées.

 

Un jeune homme passa et prit un bout de bois,

Le tailla au couteau avec délicatesse,

Façonna un perchoir, qu’il posa tout adroit

Dans la cage où l’oiseau lui chantait sa tristesse.

 

Ainsi donc pour finir notre chêne amoureux

Reçut tant de caresses du pinson prisonnier,

Qu’il coula désormais, dit-on, des jours heureux

Balançant tendrement dans les bras de l’aimé.


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